Le grand débat. Initiation à la stratégie
atomique
Le Monde
14 novembre 1963
La diplomatie internationale a toujours été
plus ou moins fondée sur des rapports de force et des notions de
vulnérabilité. Mais pour la première fois dans l’histoire du monde
le double phénomène de la puissance de destruction des armes
nucléaires et de la fin de l’invulnérabilité conférée par la
distance renouvelle complètement les données classiques de la
stratégie. Les hommes politiques et les stratèges américains ont
été, et pour cause, les premiers à s’en préoccuper, et il existe
outre-Atlantique une nombreuse littérature sur le sujet.
En France le problème qui a donné lieu à bien
des controverses parfois hasardeuses, commence à être étudié
rationnellement. M. Raymond Aron, professeur à la Sorbonne, déjà
auteur de «Paix et Guerre entre les nations» (Calmann-Lévy), en a
fait, sur la demande du comité de perfectionnement des études de
l’Institut d’études politiques, la substance d’un cours et va
prochainement publier chez Calmann-Lévy, sous le titre: «Initiation
à la stratégie atomique», un ouvrage destiné à fournir «à tous ceux
qui veulent penser notre époque une information élémentaire, mais
indispensable», et dont il dit lui-même qu’il apportera, «il le
craint, ou plutôt il l’espère, plus de motifs de doute que de
certitude».
En fait, il s’agit d’analyses extrêmement
serrées sur la formation de la théorie stratégique, sa logique et
ses paradoxes, sur la doctrine McNamara, la notion de dissuasion,
la valeur de la force de frappe française, le sort de l’alliance
atlantique, etc.
Dans cette si riche matière, d’où l’on ne
saurait tirer un court extrait sans trahir l’étude scrupuleuse de
l’auteur, nous avons été conduits à choisir plutôt une «perspective
politique», dans laquelle M. Raymond Aron jette en conclusion un
regard vers l’avenir. – A.C.
Résumons les résultats de cette esquisse
prospective. La course qualitative aux armements se poursuivra en
dépit de la suspension, peut-être transitoire, des expériences
atomiques dans l'atmosphère, parce que la technique des armes, des
vecteurs, des silos tend d'elle-même à progresser et ne pourrait
être maintenue en un état donné que par une résolution commune des
duellistes, avec un système efficace de vérification pour garantir
le respect de l'accord conclu. En l'absence quasi certaine de cet
accord, la course continuera, mais pas nécessairement à l'allure la
plus rapide possible. L'Union soviétique et les États-Unis estiment
que cette course est terriblement coûteuse. M. McNamara, non sans
être violemment critiqué, a poussé plus loin que ses prédécesseurs
le choix entre les divers systèmes d'armes et, misant sur les
fusées Polaris et Minuteman, pour les années 1965- 1970 et au-delà,
il a successivement abandonné le projet Skybolt, fusées air-sol à
longue portée, l'avion à moteur atomique et même le RS -70 qui
aurait succédé, à la fin de la décennie, aux B-52 et B-58 encore
aujourd'hui en service et qui devraient être mis en réserve ou
jetés à la ferraille d'ici la fin de la présente décennie.
L'actuelle administration se rapproche de la doctrine, adoptée
depuis plusieurs années par la fraction la plus pacifiste
d'inspiration des analystes, à savoir que des mesures unilatérales
de limitation des armements, mesures auxquelles l'Union soviétique
répondra spontanément par des mesures semblables, expriment
l'intérêt commun des duopolistes.
Dès lors, en dépit de la substitution des
engins aux bombardiers, en dépit d'engins plus lourds, d'engins
plus nombreux et plus précis, en dépit de chasseurs ou de
chasseurs-bombardiers plus rapides et à décollage vertical,
l'acquisition, par l'un ou par l'autre, d'une supériorité décisive
le jour de l'épreuve des volontés est improbable. Elle supposerait
soit une erreur grave dans le choix du système d'armes, d'un côté
ou de l'autre, soit la mise au point, d'un côté ou de l'autre,
d'une parade aux engins, ou d'une arme offensive à ce point
puissante qu'elle paralyserait d'un coup la capacité de
représailles. Bien que, d'après les techniciens, aucune de ces
hypothèses ne soit radicalement exclue, la probabilité est grande
que l'avantage que l'un ou l'autre s'assurerait à un moment donné
ne serait pas suffisant ou ne serait pas suffisamment certain pour
l'inciter à prendre le risque de la guerre totale (d'autant plus
que le jour où l'un aurait retrouvé une capacité substantielle de
contre-force en première frappe, il devrait craindre la frappe par
anticipation de son rival).
Échec et poker(1)
Si les Deux étaient seuls au monde, ils
tireraient de cette stabilité au niveau supérieur l'une ou l'autre
des conséquences suivantes: ou bien, comme les Américains, la
nécessité de réduire leur infériorité au niveau des armes
classiques; ou bien, comme les dirigeants de l'Union soviétique
semblent le faire, la nécessité de prévenir tout choc direct entre
troupes soviétiques et troupes américaines. En d'autres termes,
dans l’hypothèse d'une stabilité croissante entre les forces de
dissuasion russe et américaine, la dissymétrie entre la doctrine
américaine du jeu d'échecs et la doctrine soviétique du jeu de
poker va-t-elle subsister ou les Deux tendront-ils à adopter une
seule et même doctrine, celle des experts américains ou celle des
experts soviétiques? Ou une combinaison des deux avec détente
politique?
L'hypothèse qui est, sur le plan de
l'analyse abstraite, la plus plausible serait l'adoption par les
dirigeants soviétiques de la manière de penser américaine.
L'ascension aux extrêmes est de plus en plus improbable,
puisqu'elle est catastrophique pour tous; donc la marge des
opérations infra-atomiques s’élargit. Russes et Américains, jouant
les uns et les autres aux échecs, prendraient des risques accrus
d'hostilités locales et, du même coup, visant à réduire les risques
de la grande guerre, ils finiraient, le jour où ils auraient le
sentiment de comprendre parfaitement leur commune règle de
conduite, par les accroître.
Incontestable et paradoxal…
J'avais demandé à un des conseillers de M.
McNamara si, à son avis, les dirigeants soviétiques semblaient
souscrire à la doctrine stratégique américaine. Après m'avoir
renvoyé au livre de V. D. Sokolovsky,
Soviet Military Strategy
, dont la lecture suggère sans doute une réponse négative, il
ajouta: «Il y a peu d'indications que les Russes aient songé à
jouer le jeu à notre façon. Mais s'ils y ont songé, il se peut
qu'ils le dissimulent, pour des raisons évidentes. Et s’ils n'y ont
pas songé du tout, ils le feront probablement. Il y a manifestement
des circonstances dans lesquelles il serait de leur intérêt de le
faire.» De cette réponse, un élément est incontestable, l'autre à
la fois incontestable et paradoxal.Les stratèges russes proclament que la
guerre entre les deux blocs, le jour où elle se déclencherait,
serait totale et qu’eux-mêmes attaqueraient et les forces
militaires et les ressources économiques et humaines de l'ennemi,
en Europe et aux États-Unis. Rien ne prouve pourtant qu'ils
agiraient, à l'heure de vérité, comme ils affirment à l'avance
qu'ils le feront. L’idée de la limitation, refusée en doctrine,
s'imposera peut-être à eux au moment de la décision fatale. En ce
sens, les stratèges américains n'ont pas tort de réserver cette
chance, même s'ils la jugent faible.
La proposition que j'appelle à la fois
incontestable et paradoxale est que les Soviétiques, s'ils
envisagent de jouer à la manière des Américains, ont des raisons
évidentes de dissimuler ces intentions éventuelles. Si ces raisons
sont évidentes pour l'Union soviétique, pourquoi les États-Unis ne
font-ils pas de même? Pourquoi révèlent-ils leur jeu, alors que les
Soviétiques le camouflent? Une première réponse est que les
États-Unis sont incapables de ne pas parler et n'arrivent à créer
une sorte de mystère qu’à force de dire tout et le reste. La
deuxième est que le parti, diplomatiquement sur la défensive,
accroît l’efficacité de la dissuasion en affirmant la pluralité des
répliques disponibles. La troisième réponse, peut-être plus
profonde, est que la doctrine de l'un produit dialectiquement la
doctrine opposée de l'autre. Les Russes déclarent ne pas prendre au
sérieux les spéculations des professeurs et repousser tous les
échelons intermédiaires entre l'explosion des premières armes
atomiques tactiques et l’emploi massif de toutes les armes
atomiques et thermonucléaires disponibles. Abstraitement, les
Américains ont évidemment raison et il est proprement absurde de
maintenir l'alternative du tout ou rien lorsque le tout signifie la
mort atomique de dizaines de millions d'hommes. Cependant, si
l'alternative est considérée au Kremlin comme un moyen de terrifier
les dirigeants américains, ils n'y renoncent pas en paroles, quoi
qu’ils pensent au fond d'eux-mêmes.
Il reste que leur situation géographique,
la manœuvre sur les lignes intérieures, la supériorité locale en de
multiples points de la ligne de démarcation avantageraient les
Russes au jeu américain du jour où leur force de dissuasion serait
invulnérable. Les stratèges des États-Unis reprendraient-ils la
doctrine russe si les stratèges de Moscou adoptaient la doctrine de
Washington? Ils n'iraient pas aussi loin; mais ils seraient obligés
de mettre l'accent sur le danger de l'escalade du jour où leurs
rivaux mettraient l’accent sur la possibilité de ne pas monter
jusqu'en haut de l'échelle de la violence. En d'autres termes, les
Russes auraient des raisons tout aussi évidentes de publier que de
dissimuler leur ralliement au jeu d'échecs. Mais ce ralliement
obligerait les Américains non à se rallier à la doctrine qui est
actuellement celle de leurs ennemis, mais à déplacer l'accent à
l'intérieur de leur propre doctrine, à souligner le risque
d'ascension et non plus la chance de l'éviter.
Cette dialectique illustre la nature
essentielle du jeu, à savoir la double nécessité pour chacun de
laisser son rival dans l'incertitude sur la manière dont serait
jouée la partie et de préparer à l'avance la communication avec lui
à l'heure de vérité. La conversion des stratèges soviétiques à la
doctrine subtile ajouterait plutôt au péril, mais les joueurs,
étant donnée l'énormité des conséquences, si improbable que soit
une mauvaise chance, tiendront compte dans leurs calculs non pas
seulement des décisions qui seraient rationnelles aux yeux d'un
stratège idéal, non pas seulement de celles qui seraient
rationnelles en fonction de la doctrine officiellement adoptée,
mais aussi de celles que la précipitation, le manque de sang-froid,
la folie peuvent dicter aux hommes d'État. Dans la perspective de
temps que nous envisageons, dix ou vingt ans, la conjoncture entre
les duellistes, en excluant les révolutions techniques dans les
systèmes d'armes, résultera d’une dialectique complexe entre
duellistes dont aucun ne peut prévoir parfaitement à l'avance la
conduite de l’autre, mais se réserve jusqu'au dernier moment la
possibilité de l'influencer
afin
d’empêcher le pire. La détente, officiellement proclamée, ajoutera
peut-être un élément supplémentaire de pacification. Le jeu ne sera
pas entièrement éliminé, il sera comme suspendu. D'un commun
accord, on évitera les parties trop risquées.La diplomatie-stratégie française
Ce jeu que les États-Unis et l’Union
soviétique mènent avec une confiance croissante dans leur capacité
de le maîtriser sera-t-il troublé par l’accession de nouveaux
joueurs? La probabilité est que la Chine, en Asie, d'ici dix ou
quinze ans, soit devenue une puissance atomique, incapable de
frapper le territoire des États-Unis, mais capable de paralyser à
demi la force américaine par les menaces qu’elle ferait peser sur
les États asiatiques liés à l’Occident. En cette hypothèse, la
guerre entre les Deux Grands d’aujourd'hui serait encore plus
improbable qu’aujourd’hui, l'Union soviétique se détachant de la
Chine au fur et à mesure que celle-ci se donnerait les moyens d’une
stratégie indépendante.
En Occident, le programme atomique français
a une triple fonction ou se justifie par trois arguments: ne pas
laisser aux deux États insulaires le monopole de la technique
atomique, prendre une assurance contre l'imprévisibilité de
l’avenir et la politique américaine à long terme, acquérir le
prestige de la participation au club atomique et du même coup une
chance d'influer sur la stratégie américaine. La coopération, même
payée par l'intégration, du type britannique, n'empêche
l'accomplissement d'aucune de ces fonctions. Ce qu'elle exclut,
c'est l'affirmation d'une diplomatie-stratégie complètement
indépendante. Le général de Gaulle, je ne l’ignore pas, tient avant
tout à cette affirmation. Mais, sur ce point, je crains que sa
philosophie ne lui inspire la nostalgie de l'«indépendance de
papa».
À échéance de quinze ans, aucune force
nationale de dissuasion n’aura, en fait de sécurité, une valeur
équivalente à celle de la présence des troupes américaines sur le
sol européen, à la solennité de l'engagement américain qui résulte
de cette présence. Si demain ou après-demain le rapprochement entre
les Deux Grands, le conflit entre Moscou et Pékin, éliminent
progressivement l'éventualité d'une guerre entre l'
imperium
soviétique et l’O.T.A.N., une révision du pacte de l'Atlantique,
une autonomie croissante de l’Europe, petite ou élargie,
deviendront possibles. Ce jour-là la force française sera à la
disposition du gouvernement français, même si elle a été entre
temps sous commandement O.T.A.N.; de même que la force anglaise
demeure à la disposition du gouvernement de Sa Majesté si la
conjoncture vient à changer.L'idée d'une force de dissuasion
indépendante au service d'une diplomatie nationale se nourrit
d'illusions. La politique de la France en Afrique ou en Amérique
latine est pleinement indépendante de la volonté américaine, avec
ou sans force de dissuasion. De même, sur le plan économique, la
diplomatie française a d'autant plus d'influence que le Marché
commun est plus cohérent. En ce sens, les conceptions militaires du
général de Gaulle, auxquelles aucun de nos partenaires des Six ne
souscrit, lui enlèvent des cartes plutôt qu'elles ne lui en
donnent. Quant à l'autonomie stratégique, au sens traditionnel du
terme, c'est-à-dire la capacité de décider souverainement de la
paix et de la guerre, elle n'est à échéance de quinze ans ni
accessible ni souhaitable. Plus la France semblerait capable de
l'initiative fatale et se détacherait de l'Alliance, moins les
Américains accepteraient de s'engager, Or, encore une fois, au
cours des années 70, la sécurité française sera maximisée par
l'adjonction à l'engagement américain d'une force française qui,
tout à la fois, ne provoque pas le retrait des troupes
d'outre-Atlantique et réserve l'avenir.
Fin des alliances traditionnelles
Quant à ceux qui imaginent la substitution
à l'Alliance atlantique d'une alliance de type traditionnel, chaque
État libre d'user des armes atomiques à son gré et comptant sur le
soutien automatique de ses alliés, ceux-là n'ont rien compris à
l'univers diplomatique créé par l'explosif nucléaire. Ce ne sont
pas les alliances qui sont condamnées par les armes
thermonucléaires, mais les alliances de type traditionnel. Les
Grands sont capables de protéger les Petits, mais ils n'y
consentent évidemment pas si ces derniers prétendent au droit de
déclencher l'Apocalypse. Les alliances évolueront vers des
communautés ou elles se dissoudront: elles ne reviendront pas aux
pratiques pré-atomiques.
Les nationalistes ne comprenaient pas, il y
a quinze ans, que le plan Marshall conduisait à l'indépendance
économique et non à l'asservissement de la France et de l'Europe.
Les mêmes nationalistes se refusent à comprendre aujourd'hui qu'il
en va de même en matière nucléaire. L'indépendance militaire, à
supposer qu'elle soit demain un objectif, suppose une phase de
coopération avec les États-Unis, durant laquelle nos hommes
politiques apprendront à maîtriser le jeu étrange des menaces qui
ne doivent jamais être mises à exécution. Ils découvriront les
avantages d'une stratégie unifiée, aussi longtemps que les forces
nationales sont à la fois trop faibles et trop vulnérables pour
permettre un autre jeu que le poker démentiel de représailles
massives.
Le but, c'est bien l’Europe tout entière
pacifiée par la conscience de sa culture commune et par
l’épuisement des querelles idéologiques. Mais une Europe
occidentale pas assez armée pour balancer la puissance soviétique,
trop pour conserver intégralement la protection américaine, ne
conduit ni à la paix par l'équilibre ni à la paix par la
réconciliation. Les hommes de Moscou s’entendront plus
difficilement avec une Europe dans laquelle la République fédérale
aurait une voix prépondérante, qu’avec les États-Unis.
L’unification des deux Europes exige d’abord la détente entre les
blocs, non le relâchement des liens entre les deux morceaux de
l’Alliance atlantique.
Entre l’intégration et la solitude
Ambition nationale, l’expression ne manque
pas de noblesse. Encore faut-il proposer à la France un objectif
digne d'elle. Le libre choix entre la paix et la guerre, essence de
la souveraineté au sens traditionnel du terme, n'a plus le même
sens depuis que le choix de la guerre signifierait ou pourrait
signifier l’anéantissement du peuple lui-même. L’indépendance
militaire demeure peut-être un bien, mais non un bien suprême.
Moralement aussi bien que matériellement, l'intégration à une
alliance est préférable à la solitude, du moment qu'elle contribue
à augmenter les chances de la paix. La menace de recourir à la
guerre demeure indispensable dans la jungle diplomatique, mais
l'intérêt commun de tous les joueurs, ennemis et solidaires, est de
ne pas mettre leur menace à exécution. Il importe donc que l'effort
consenti par un État pour ne pas dépendre d'un protecteur ne
compromette ni sa propre sécurité, ni la solidité de l'alliance à
laquelle il appartient, ni la sécurité de l'humanité entière.
Sur la meilleure méthode de concilier le
désir d'autonomie des uns avec l'exigence d'intégration des autres,
il y aura toujours des controverses. Mais les solutions, toujours
imparfaites et toujours provisoires, n'ont chance d'être élaborées
qu'à la condition de se soustraire au double piège du passéisme et
du futurisme. Les alliances de type traditionnel entre États dotés
d'armes atomiques sont mortes. L'État qui détient les armes
suprêmes ne s'engage pas en faveur de celui qui revendique une
totale liberté d'action. Quant à la sécurité que les États petits
ou moyens s’assureraient par la seule possession de forces
nationales de dissuasion, elle se situe au-delà du présent horizon
de l'histoire.
Mettre la capacité de choisir entre la paix
et la guerre au-dessus de la sécurité, peut-être une telle
préférence était-elle, hier, une marque de grandeur. À l’âge
thermonucléaire, je doute que tel soit le but qu'il convienne de
fixer à l'ambition nationale de la France.
(1)
Les intertitres sont de la rédaction.