Quel avenir pour l'enseignement supérieur?
Le Figaro
29 janvier 1974
Les réformes dont M. Fontanet a exposé les
lignes directrices intéressent à la fois l'enseignement du second
degré et l'enseignement supérieur, la formation des maîtres et
l'orientation des jeunes, le contenu des programmes et la
répartition des matières. Elles ne constituent pourtant pas - fort
heureusement - un plan d'un seul tenant que le Parlement ou
l'opinion devrait accepter ou rejeter en bloc. Elles appellent une
discussion détaillée à laquelle les familles devraient participer
aussi bien que les enseignants et leurs organisations
professionnelles.
Nous avons jugé utile d'amorcer le débat en
réunissant quatre personnalités qui, chacune, envisagent les
problèmes posés par les projets du ministre d'un certain point de
vue. M. Vedel a été doyen de l'ancienne faculté de droit de Paris
durant plusieurs années. M. Jacques Delors assuma des
responsabilités dans l'organisation de la formation permanente; M.
Bidegain réfléchit en chef d'entreprise à l'adaptation, nécessaire
et difficile, des institutions scolaires et universitaires aux
exigences des métiers; Alain Touraine a pris position maintes fois
sur les fonctions et le destin des universités; il a publié un
livre important sur les universités aux États-Unis.
Ce premier dialogue ne réunit pas tous les
interlocuteurs qui, en fait, devront intervenir au cours des
prochains mois; il ne prétend pas davantage traiter de toutes les
réformes envisagées. Nous avons laissé de côté tout ce qui
concernait le premier cycle de l'enseignement du second degré - les
classes de la sixième à la troisième - en particulier l'effort pour
rapprocher les uns des autres C.E.S. et lycées, pour unifier le
corps enseignant. Non que nous mésestimions la portée de ces
objectifs, mais il nous fallait choisir. Les réformes du premier
cycle se heurteront probablement à d'autres résistances que les
réformes que nous avons retenues comme thème et qui constituent un
ensemble.
Orientation après la classe de seconde,
meilleur équilibre entre les diverses sections, réduites en nombre,
du baccalauréat, modification de celui-ci, conditions d'entrée en
faculté, choix des futurs enseignants à bac + 2, centres de
formation des maîtres, toutes ces réformes se rattachent
étroitement les unes aux autres, elles touchent au point le plus
délicat: le passage de l'enseignement du second degré à
l'enseignement supérieur et, du même coup, le passage de l'élève ou
de l'étudiant à la vie active. Deux interrogations dominent, me
semble-t-il, le dialogue: que prévoir pour les bacheliers qui
n'entreront pas en faculté? Que prévoir pour les étudiants en
lettres et en sciences qui n'entreront pas dans les centres de
formation des maîtres?
De la réponse donnée à ces deux
interrogations dépendra, en une large mesure, l'accueil qui sera
réservé, par l'opinion et par les intéressés, aux projets de M.
Joseph Fontanet.