Le jugement de soi
Comme la peur, le jugement de soi est presque une expérience humaine universelle, tout du moins dans les pays occidentaux. Il se focalise soit sur votre méditation – vous vous débrouillez mal ou vous ne savez pas vous concentrer – soit sur vous-même – vous n’êtes pas à la hauteur, vous ne méritez pas d’être aimé, vous n’êtes pas assez bon. L’esprit-juge se déguise même parfois en observateur objectif ou en coach spirituel qui ne cesse de comparer vos progrès à un idéal intériorisé. « Si vous étiez comme le Bouddha, vous seriez totalement calme et paisible, » vous souffle-t-il par exemple, ou encore « si vous étiez un bon chrétien (un bon musulman ou un bon juif), vous n’éprouveriez ni peur ni colère ». Malheureusement, comme le disait l’un de mes professeurs, « la comparaison tue » – ce qui veut dire qu’elle décourage la vitalité et l’expression propres à vous, qui ne peuvent se comparer à quoi que ce soit d’autre.
En nommant ou en notant vos jugements de vous, vous pourrez arriver à une certaine distance par rapport à eux et non plus les prendre pour parole d’évangile comme beaucoup de nous le font. À quoi ressemble la voix du jugement ? Quelles histoires impose-t-elle comme vraies ? Vous rappelle-t-elle quelqu’un – par exemple, un parent ou un patron ? Essayez-vous de repousser des pans de votre expérience, les jugeant quelque part indésirables ? Observez l’expression de votre jugement au niveau corporel. Lorsqu’il vous entraîne, vous réagissez peut-être par une contraction ou une tension physique.
Une
fois que vous avez appris à connaître vos jugements, commencez par
les accueillir comme de vieux amis, en méditation, mais aussi dans
votre vie quotidienne – sans avaler leur
histoire.