Les faux voyages vers la méditation
Maintenant que vous avez acquis une vue d’ensemble du voyage méditatif, nous allons passer en revue les chemins qui ressemblent à la méditation mais qui conduisent dans une direction bien différente. Il est évident qu’exécutée en toute conscience ou avec concentration, n’importe quelle activité peut devenir méditation. On peut ainsi laver la vaisselle, conduire ou parler au téléphone avec méditation. (Pour apprendre comment faire, reportez-vous au chapitre 7). Mais attention à la confusion, certaines activités finissent dans l’imagination populaire par devenir elles-mêmes des pratiques méditatives, de nombreuses personnes allant jusqu’à donner le nom de méditation à des activités comme lire le journal ou regarder leur feuilleton télévisé préféré. Bon, ai-je le droit de les contredire ?
Voici quelques-uns des ersatz de la méditation qui ont certainement leur place dans la liste des quêtes de loisirs mais qui ne procurent pas les bénéfices de la méditation.
La pensée : En Occident, le terme de « méditation » fait souvent référence à une réflexion longue et approfondie sur un thème ou sujet donné. Ne dit-on pas « je vais méditer sur le problème » ? Même si la quête ou la contemplation d’un ordre supérieur joue un rôle dans certaines techniques méditatives, elle est très loin du processus souvent torturé et conflictuel qui se passe généralement pour la pensée. Autre point important : penser fatigue et consomme de l’énergie, tandis que la méditation repose et revigore.
La rêverie : La rêverie et l’imagination procurent des bénéfices et des plaisirs en elles-mêmes, permettant de temps en temps de vous aider à trouver des solutions ou tout du moins d’offrir un moment d’évasion dans une situation difficile ou ennuyeuse. Mais au lieu d’une impression d’espace ou d’un contact plus étroit avec votre être, comme l’aurait fait la méditation, la rêverie ne conduit bien souvent qu’à vous empêtrer davantage dans vos problèmes.
L’espacement : Il arrive que l’espacement entraîne une trouée temporaire dans le flot ininterrompu des pensées et sensations qui inondent votre conscience, une sorte d’espace vide à l’intérieur duquel rien ne semble se produire à l’exception du fait d’être. Les vrais espacements se rencontrent au cœur de la méditation. Ils peuvent être cultivés et élargis à dessein. Malheureusement, la plupart des espacements ne sont qu’une forme particulière de rêveries !
La répétition d’affirmations : Cette pratique courante du New Age – version contemporaine de ce que l’on appelait autrefois la pensée positive – vise à fournir une antidote à vos convictions négatives en les remplaçant par des certitudes positives. Mais la négativité est en général si profondément enracinée que les affirmations ne font qu’en effleurer la surface, ne pénétrant pas les profondeurs, là où réside le noyau des convictions.
L’auto-hypnose : En décontractant progressivement votre corps et imaginant un lieu sûr et protégé, vous parvenez à un état ouvert et influençable dit de transe légère dans lequel vous pouvez préparer les situations à venir, revivre des événements passés pour leur donner un aboutissement plus favorable et reprogrammer votre cerveau à l’aide d’affirmations. Si l’auto-hypnose diverge de la pleine conscience – la principale approche enseignée dans ce livre qui met l’accent sur l’attention continue portée au moment présent – elle est très proche des techniques de guérison ou d’amélioration des performances, développées au chapitre 13.
La prière : La prière ordinaire ou requérante, c’est-à-dire celle qui en appelle à l’aide ou à la bonté divine, peut être pratiquée de façon méditative mais reste très différente de la méditation telle que je l’ai décrite. La prière contemplative ou oraison, en revanche, – qui est une aspiration de l’âme à l’union avec Dieu – est en réalité une forme de contemplation intense dont le centre d’attention est Dieu.
Le sommeil : Même s’il est très revigorant, le sommeil n’est pas une méditation – à moins d’être un spécialiste yôgi ! Des études ont montré que les ondes cérébrales générées pendant le sommeil étaient très différentes de celles produites pendant la méditation. Certes, il arrive souvent aux méditants de s’endormir. Mais comme le disait un de mes professeurs, qu’ils fassent de beaux rêves !
