Méditer sur la peur et l’anxiété
Nombreux sont ceux qui hésitent à admettre leur peur, y compris à eux-mêmes. Quelque part, la reconnaître reviendrait à lui laisser les rênes de leur vie. En clair, au fond d’eux-mêmes, ils ont peur de leur peur ! Les hommes, notamment, sont prêts à se donner énormément de mal pour occulter leur peur ou leur anxiété derrière une façade d’assurance, de colère ou de rationalité. À l’autre extrême, certaines personnes donnent l’impression d’avoir véritablement peur de tout.
Si
vous êtes humain – c’est-à-dire ni bionique ni
extraterrestre – la peur ou l’anxiété feront partie, du
moins de temps à autre, de votre vie. En plus de la montée
d’adrénaline qui se produit lorsque votre survie physique semble
être en jeu, le sentiment de peur survient inévitablement face à
l’inconnu ou l’incertitude – qui font de plus en plus
partie de notre vie. La crainte peut aussi provenir de la
conviction d’être une entité séparée, isolée et entourée de forces
incontrôlables. Plus les murs qui vous séparent des autres
s’effondrent grâce à la pratique de la méditation, plus la peur et
l’anxiété régressent. (Pour en savoir plus sur la séparation et
l’isolement, voyez le chapitre 5.)
Comme vous l’avez fait pour la colère, vous
pouvez explorer et entrer en amitié avec votre peur par la
méditation. Il ne s’agit en fait que d’une émotion comme une autre,
faite de sensations physiques, de pensées et de convictions. Soyez
particulièrement bon et doux avec vous-même lorsque vous travaillez
sur votre peur.
Commencez par vous poser les mêmes questions que
pour la colère : où et comment la ressentez-vous
physiquement ? Où se situent vos points de tension et de
contraction ? Votre respiration s’en trouve-t-elle
modifiée ? Comment réagit votre cœur ? Notez ensuite les
pensées et les images qui l’accompagnent. Ce sentiment naît souvent
d’une anticipation du futur et du postulat que vous ne serez jamais
à la hauteur. Lorsque vous regardez ce que sont réellement ces
prévisions catastrophiques et que vous retournez au moment
présent – c’est-à-dire aux sensations corporelles et à
votre respiration – peut-être que la peur se sera
déplacée avant de se dissiper. Lorsqu’elle revient, contentez-vous
de l’appeler par son nom – « peur, peur,
peur » – comme une vieille amie.
Rien ne vous interdit, si vous en avez envie, d’amplifier légèrement les sensations et de vous mettre à trembler ou à frémir un peu. Imaginez par exemple la peur vous submerger et vous faire subir les pires maux (tout en sachant, bien évidemment, que vous vous en sortirez vainqueur). Cette approche est particulièrement efficace si, comme beaucoup de personnes, vous craignez votre peur. L’affronter directement sans essayer de vous en débarrasser ou d’y échapper exige un courage extraordinaire ; ces pratiques permettent aussi de vous amener au moment présent et d’ouvrir votre cœur à votre propre vulnérabilité.