Lorsque tout s’effondre
Accepter la vérité spirituelle que nous venons d’énoncer va peut être vous demander un peu de temps car elle va à l’encontre de tout ce qu’on vous a enseigné jusqu’ici. L’intérêt de la vie n’est-il pas de sortir et « just do it » (fais-le) comme l’exhorte une publicité célèbre ? Oui, c’est vrai, vous devez suivre vos rêves et vivre votre vérité ; c’est une part essentielle du problème.
Comment réagissez-vous lorsque la vie vous boude ou vous gifle de plein fouet, comme cela arrive parfois ? (Pensez aux skieurs qui s’entraînent pendant des années pour voir leurs espoirs anéantis par le mauvais temps ou une vulgaire plaque de verglas !) Vers quoi ou qui vous tournez-vous pour trouver secours et réconfort lorsqu’elle vous porte aux nues pour vous priver ensuite de tout ce qu’elle vous a donné, y compris la confiance et l’estime de soi si durement gagnées ? Comment gérez-vous la douleur et la confusion ? À quelles ressources intérieures faites-vous appel pour vous guider sur ce terrain inconnu et terrifiant ? Étudions maintenant l’histoire qui suit.
Un
jour, une femme vint voir le Bouddha (le grand maître spirituel qui
vécut il y a environ 2 500 ans en Inde), portant dans les bras
son enfant mort. Terrassée par le chagrin, elle avait erré ainsi,
suppliant les médecins et ceux qu’elle rencontrait de lui redonner
la vie. En dernier recours, elle demanda au Bouddha s’il pouvait
l’aider. « Oui » lui répondit-il « mais vous devez
d’abord m’apporter des graines de moutarde d’une maison où il n’y a
jamais eu de mort. »
Remplie d’espoir, la femme frappa à toutes les portes mais personne ne fut en mesure de l’aider. Toutes les maisons avaient connu leur lot de deuils. Arrivée au bout du village, elle avait pourtant pris conscience que la maladie et la mort étaient inévitables. Après avoir enterré son fils, elle retourna voir le Bouddha pour recevoir un enseignement spirituel. « Une seule loi dans l’univers est immuable » lui expliqua-t-il, « toutes les choses changent et sont provisoires ». À l’écoute de ces paroles, la femme devint disciple du Bouddha et arriva, dit-on, à l’illumination.
La vie n’offre pas que la maladie et la mort ; elle procure aussi d’extraordinaires moments d’amour, de beauté, d’émerveillement, et de plaisir. Mais comme la femme de l’histoire, en Occident, nous avons tendance à occulter la partie sombre de la vie. Nous reléguons nos personnes âgées ou en fin de vie dans des maisons de repos ou des hospices, nous sommes devenus indifférents aux sans-domicile, cantonnons les minorités appauvries dans des cités-ghettos, enfermons les handicapés dans des hôpitaux ou des asiles et tapissons nos panneaux d’affichage et nos couvertures de magasines de sourires radieux, incarnations de la jeunesse et de la prospérité.
Mais en vérité, la vie est une riche et curieuse interaction entre l’ombre et la lumière, le succès et l’échec, la jeunesse et la vieillesse, le plaisir et la douleur et, bien entendu, la vie et la mort. Les événements changent tout le temps, semblant se désagréger à un moment donné pour se recomposer au suivant. Comme le décrit le maître zen Shunryu Suzuki, en permanence toute chose « est bouleversée dans un contexte d’équilibre parfait ».
Le
secret de la sérénité ne se situe pas au niveau des événements
eux-mêmes mais de la réponse que vous y apportez. Comme le disent
les bouddhistes, souffrir est vouloir ce que l’on a pas et ne pas
vouloir ce que l’on a et le bonheur est exactement l’inverse :
savoir apprécier ce que l’on a sans désirer à tout prix ce que l’on
a pas. Cela ne veut pas dire que vous devez abandonner vos valeurs,
vos rêves et vos aspirations – seulement que vous devez
arriver à trouver un équilibre avec la faculté d’accepter les
choses telles qu’elles sont.
La méditation vous donne l’occasion de cultiver cette faculté en vous apprenant à réserver votre jugement et à vous ouvrir à chaque nouvelle expérience sans tenter de la modifier ou de vous en débarrasser. Par la suite, lorsque les choses vont mal, vous pouvez vous servir de cette qualité pour calmer le jeu et retrouver la paix. (Pour savoir comment accepter les choses telles qu’elles sont, reportez-vous au chapitre 4.)