Travailler la concentration
Pour réussir à peu près tout, vous devez focaliser votre conscience. Les personnes les plus productives ou créatives dans tous les domaines – athlètes, acteurs, hommes d’affaires, scientifiques, chercheurs, écrivains – partagent tous la faculté de faire barrage à toute distraction et de s’immerger totalement dans leur tâche. Comment ne pas imaginer que sans une concentration totale, les Français seraient parvenus à marquer trois buts en finale de la coupe du Monde de football !
Certaines personnes ont une faculté de concentration quasiment innée mais pour la plupart d’entre nous, elle doit être travaillée. Les bouddhistes comparent volontiers l’esprit à un singe qui parle sans cesse, sautant de branche en branche, comme d’un sujet à un autre. Avez-vous remarqué que la plupart du temps, vous n’aviez qu’un contrôle partiel des caprices et indécisions de votre conscience qui peuvent s’espacer un temps pour devenir obsessionnels peu après. La méditation permet d’apaiser la conscience dissipée en la rendant unidirectionnelle plutôt que distraite et dispersée.
Dans un grand nombre de traditions spirituelles, la concentration est enseignée comme la pratique fondamentale de la méditation. Il est demandé aux étudiants de se concentrer sur un mantra, un symbole ou une visualisation pour pouvoir atteindre ce que l’on appelle l’état d’absorption ou samâdhi.
Dans l’état de samâdhi, le sentiment d’être un « Moi » séparé disparaît pour ne laisser place qu’à l’objet de l’attention. La pratique de la concentration peut, poussée jusqu’à son objectif ultime, aboutir à l’union avec l’objet de la méditation. Si vous êtes passionné par le sport, l’objet en question peut être votre raquette de tennis ou votre club de golf, si vous êtes davantage porté sur la voie mystique, il peut être Dieu, l’être ou l’Absolu.
Même si vous ne connaissez pas encore les pratiques méditatives, vous avez certainement déjà connu des moments d’absorption totale, où s’efface la notion de séparation : contempler un coucher du soleil, écouter de la musique, créer une œuvre d’art ou simplement plonger son regard dans les yeux de l’être aimé. Lorsque vous êtes totalement impliqué dans une activité, quelle qu’elle soit, que le temps s’arrête et que la conscience baisse les armes, vous entrez dans un état que le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi appelle le « flux ». Csikszentmihalyi prétend que les activités qui encouragent le « flux » incarnent ce que la plupart d’entre nous définissent comme le plaisir. Le flux peut s’avérer extraordinairement revigorant, vivifiant et très significatif. Il ne peut être que le résultat d’une concentration sans faille.