Travailler sur l’esprit lorsque l’on débute
La notion de « travail sur l’esprit » peut vous sembler pour l’instant totalement incompréhensible. Si les nuages obscurcissent entièrement votre esprit, vous ne voyez pas le moindre coin de ciel bleu derrière cet épais brouillard.
Ce n’est pas grave, vous n’avez pas besoin, du moins au début, de faire attention à votre esprit ; continuez de suivre votre souffle et dès que vos pensées vous entraînent loin, ce qui vous arrivera constamment, revenez au point initial en douceur. L’intérêt n’est pas d’arrêter votre esprit – tâche de toute façon impossible à réaliser – mais de maintenir votre concentration quoi que fasse votre esprit.
Après plusieurs semaines ou mois de pratique régulière, vous remarquerez que votre esprit se calme plus rapidement pendant vos méditations et que les pensées perturbatrices diminuent. La qualité de votre esprit sera néanmoins variable d’un jour à l’autre, ou d’une méditation à l’autre.
L’idée maîtresse n’est pas de faire travailler votre esprit différemment mais de renforcer et stabiliser lentement mais sûrement votre concentration. Par la suite, vous réaliserez qu’il n’a plus sur vous la même emprise qu’il avait au départ et que vous pouvez maintenant jouir de moments de paix profonde et de tranquillité. Faites-moi confiance, ce moment viendra – même pour vous !
Bouddha aimait à comparer la méditation à l’accordement d’un luth. Trop serrées, les cordes cassent et il est impossible de jouer. Pas assez, vous n’obtenez pas les bonnes notes. Vous devez vous aussi écouter attentivement votre instrument – votre corps et votre esprit – pendant la méditation pour en régler l’accordement. Si vous vous sentez un peu tendu, commencez par une relaxation profonde ; si vous êtes endormi ou avez l’esprit confus, asseyez-vous droit, soyez attentif et mettez l’accent sur votre concentration.
En ramenant inlassablement votre esprit vagabond, vous apprenez à reconnaître les histoires et thèmes récurrents qui troublent votre attention. Il peut s’agir d’inquiétudes liées à votre travail, de conflits familiaux, de fantasmes sexuels, de chansons populaires. Après un certain temps de pratique, vous acquerrez une meilleure compréhension du fonctionnement de votre esprit – et de la façon dont il vous stresse et fait souffrir. Et comme les tubes dont on raffole au début et qui finissent – rapidement – par lasser, vos vieilles histoires perdront leur emprise sur vous, vous laissant plus serein et plus paisible. (Pour en savoir plus sur le travail avec les histoires et thèmes récurrents, voyez le chapitre 10.)
