Gérer la douleur
Si vous restez assis dans la même position, vous ressentirez inévitablement une douleur ou une gêne, au bout d’un certain temps, et ce, malgré tous les exercices d’étirements que vous pourrez faire. Un point dans le dos, une petite douleur dans le genou, des fourmillements dans les pieds, l’épaule qui lance – la liste des bobos est non exhaustive. Plus vous resterez assis longtemps et plus la douleur deviendra forte – tout comme l’envie de bouger ou de gigoter pour la soulager.
La solution ne consiste ni à changer immédiatement de position, ni à prendre sur vous pour ignorer la gêne mais au contraire à élargir votre conscience pour y inclure votre douleur tout en continuant à suivre votre respiration ou tout autre objet de méditation. Si la douleur est trop forte, explorez-la directement en y accordant la même attention concentrée et compatissante que pour votre souffle.
Observez aussi la réaction de votre esprit face au mal. Invente-t-il une histoire du genre « Je ne suis pas assis correctement ; il doit y avoir quelque chose qui ne va pas avec mon dos ; faudrait pas que je me ruine les genoux » ? Le jugement porté par votre esprit intensifie-t-il la douleur et augmente-t-il votre inquiétude ?
En accueillant dans votre conscience à la fois la douleur et la réaction de votre esprit, vous vous détendez par rapport à cette même souffrance – et vous noterez qu’elle diminue en intensité. La douleur physique et émotionnelle étant inévitable, la méditation assise est un formidable laboratoire pour expérimenter de nouvelles façons d’appréhender la souffrance et la gêne dans la vie quotidienne – afin de les dépasser.
Un dernier mot, vous pouvez aussi bouger (en conscience) lorsque la douleur ou la gêne devient trop intense. Jouez (à votre avantage) simplement entre l’ouverture et la résistance. N’oubliez pas que certaines douleurs méritent une attention immédiate, notamment les douleurs lancinantes, celles qui débutent dès que vous êtes assis et les douleurs aiguës (plutôt que sourdes) au niveau des genoux. Il est préférable pour ces quelques cas d’opter pour une autre position assise.
Si toutes ces « notions spirituelles » vous semblent trop ésotériques voire carrément farfelues, sachez qu’être assis le dos droit a aussi des avantages plus pratiques. En alignant la colonne vertébrale et ouvrant les canaux qui traversent le centre du corps, cette position favorise une circulation sans entrave de l’énergie qui facilite à son tour une vigilance à tous les niveaux – physique, mental et spirituel. Il est en outre beaucoup plus facile de rester pendant longtemps assis sans bouger lorsque les vertèbres sont entassées les unes sur les autres comme une pile de briques. Sinon, après un moment, la gravité a cette fâcheuse habitude d’attirer le corps vers le sol – provoquant les douleurs et souffrances que rencontre tout organisme défiant les forces de la nature. La meilleure façon de s’asseoir sur le long terme est donc la position droite grâce à laquelle vous êtes en harmonie avec la nature.
Il est toujours possible, me direz-vous, de s’appuyer contre un mur. C’est ce que vous croyez, mais le corps a toujours tendance à se voûter lorsqu’il se penche, même imperceptiblement, d’un côté ou d’un autre. L’objectif de la méditation est de vous appuyer sur votre expérience directe et non de dépendre d’un support extérieur pour vous « seconder ». Être assis comme une montagne ou un arbre revient à faire la déclaration suivante « je suis profondément enraciné dans la terre mais ouvert aux puissances supérieures du cosmos – indépendamment et pourtant inextricablement liées à tout ce qui vit. »