120.
On a essayé de dormir un peu. Ce qui, dans notre cas, n’était pas du luxe ! Je me suis assoupie. C’est-à-dire que je ne dormais pas, ça, c’était sûr. Mais je n’étais pas franchement ce qu’on peut appeler – réveillée non plus.
J’avais comme qui dirait été aspirée dans une autre dimension. Là, je sentais mon corps, enfin… à peu près… Je savais où j’étais… mais je ne pouvais ni bouger, ni parler. J’avais l’impression d’être dans un film. J’en étais l’héroïne et je pouvais le voir se dérouler tout autour de moi. Je descendais un tunnel sombre. À moins que ce ne soit le tunnel qui glissait de chaque côté de moi, tandis que je ne bougeais pas. Il y avait des métros dans les deux sens, qui me passaient à côté.
Je réfléchissais en même temps. Un tunnel de métro. Oui, et alors ?
Ensuite, j’ai vu une station, celle de la Trente-et- Unième Rue. Le bâtiment de l’Institut était sur cette rue-là. Dans mon rêve de métro à demi éveillé j’ai aperçu, vaguement dissimulée dans la pénombre, une grille rouillée et crasseuse. Je me suis regardée soulever la grille sous laquelle une eau croupie, brime glougloutait. Pouah ! C’était les égouts qui passaient sous la ville.
Youhouuuuuuuuuuu.
Le pied de l’arc-en-ciel…
Bien joué, Max, a fait ma Voix.
J’ai ouvert grand les yeux. Fang m’observait avec inquiétude.
— Quoi encore ?
— Je sais ce qu’il faut qu’on fasse, lui ai-je annoncé. Réveille les autres.