28.
— Bon, a fait Iggy. Alors, on fait super attention, OK ? Gazzy, t’as compris ? On fait vraiment gaffe.
— C’est bon. J’ai, a lancé le Gasman en donnant une petite tape sur le sac d’explosifs qu’ils avaient baptisé BB, la Big Bombe.
— Clous ?
Le Gasman a secoué le pot.
— J’ai.
— Pétrole ?
— Oui, c’est bon, c’est bon. (Le Gasman a hoché la tête.) On est de vrais petits génies. Ces crétins d’Erasers ne vont pas comprendre ce qui leur arrive. Ce serait trop si on pouvait creuser un trou.
— Tu parles ! Et on mettrait des pieux empoisonnés au fond ! a acquiescé Iggy. Mais ce qu’on a fera l’affaire.
Maintenant il faut y aller. On va voler sans se faire repérer et vérifier l’état des routes. Et si les Erasers ont un campement quelque part aussi.
— OK. Alors on pourra mettre des clous sur les routes et préparer la nappe de pétrole, a réfléchi Gazzy tout haut, en souriant. Il faut juste faire attention de ne pas se faire prendre.
— C’est clair. Ce serait pas cool, a reconnu Iggy, sérieux. Bon. Ça y est, il fait nuit ?
Presque. Tiens, voilà des vêtements sombres, a fait le Gasman en mettant une chemise et un pantalon dans les mains d’Iggy. J’en ai aussi. Prêt pour le grand saut ?
Il espérait qu’Iggy ne sente pas la peur dans sa voix. C’était un super plan. Et il fallait qu’ils fassent quelque chose. Mais s’ils échouaient, ce serait catastrophique. Et probablement fatal par la même occasion.
— Ouais. Je prends BB au cas où…
Iggy s’est changé avant de glisser leur bombe artisanale dans son sac à dos qu’il a passé sur son épaule.
— T’inquiète, a-t-il fait comme s’il pouvait lire l’expression du Gasman malgré ses yeux fermés. Elle ne peut pas se déclencher avant que j’aie enclenché la minuterie. C’est comme une bombe avec un cran de sûreté.
Le Gasman s’est efforcé de sourire. Il a ouvert la fenêtre de l’entrée en grand et il est allé se jucher sur le rebord. Il transpirait des mains et sentait ses boyaux se tordre. Mais il n’avait pas le choix. Il faisait ça pour Angel. Pour montrer de quoi il était capable à ceux qui touchaient à un cheveu de sa famille.
Il a dégluti un grand coup avant de s’élancer dans l’air de la nuit. Quelle sensation géniale ! Pouvoir déployer ses ailes et voler. En sentant le souffle du soir sur son visage, le Gasman a repris courage. Il avait soudain le sentiment d’être fort, tout-puissant et même… dangereux. Tout le contraire d’un petit mutant de huit ans.