18.

Malgré le soleil qui déjà se levait, j’ai éprouvé un soulagement en volant au-dessus de la cime des arbres.

Mais quand même ! Comment avais-je pu être aussi stupide ? Il fallait vraiment être conne pour s’endormir au beau milieu d’une opération de sauvetage ! Pauvre Angel qui attendait qu’on vienne la sauver… Mon cœur s’est serré à cette pensée.

La peur au ventre en songeant à tout ce qui avait pu se passer pendant qu’on dormait, j’ai viré direction sud-ouest, dix-douze degrés. C’est l’angoisse et la peur qui me faisaient avancer. De temps à autre, je devais également profiter de bons courants d’air, maintenir mes ailes à un angle correct et me relâcher pour me laisser porter un peu.

— On était bien obligés de se reposer, m’a rappelé Fang, une fois à mes côtés.

Je lui ai lancé un regard de reproche.

— Pendant dix heures ?

— On en a encore pour quatre heures environ aujourd’hui, peut-être même plus, a-t-il rétorqué. On ne pouvait pas y aller en une fois. Et puis on est partis tard. De toute façon, il va encore falloir qu’on s’arrête avant d’arriver pour recharger les batteries et se ravitailler.

Il n’y a rien de plus énervant que d’avoir quelqu’un qui vous dit d’être rationnel et raisonnable quand tout ce que vous voulez, c’est continuer à pester en paix !

Fang avait raison, évidemment. Pffffffffffff ! C’était clair qu’il allait falloir s’arrêter une autre fois. On n’était même pas arrivés à la frontière de la Californie. Loin de là.

— On va prendre l’École d’assaut ou quoi ? a interrogé Fang, une heure plus tard.

— Ouais, Max, moi aussi, je me demandais… C’est quoi au juste ton plan ? en a remis une couche Nudge comme elle me rattrapait. C’est vrai, on n’est que trois et eux, ils sont super nombreux. En plus, les Erasers sont armés. Est-ce qu’on pourrait forcer la porte avec mi camion ou un truc dans le style ? Ou carrément foncer à l’intérieur de l’École en camion ? Ou alors, on pourrait attendre que la nuit tombe, nous faufiler à l’intérieur et faire sortir Angel sans que personne remarque rien.

Cette idée folle lui remontait visiblement le moral. Moi, je ne pipais pas. Je n’avais pas le cœur de lui dire qu’on avait à peu près autant de chances d’y parvenir que de faire un aller-retour Terre-Lune. Mais, dans le pire des cas, j’avais un plan C. S’il marchait, tout le monde pourrait s’échapper. Sauf moi. Mais ça ne faisait rien.