84.
La douleur dans mon cerveau m’a réveillée au beau milieu de la nuit.
Je faisais un rêve dans lequel je flânais, légère, dans un champ de fleurs jaunes comme dans une pub ridicule pour shampooing et quand je me suis brusquement redressée en position assise, la tête dans les mains, j’ai eu l’impression que c’était la fin. La Mort avait fini par venir me chercher et elle ne tolérerait aucune excuse de ma part pour ne pas la suivre.
Je ne respirais pas. Je sifflais par à-coups. La douleur, qui me faisait gémir, semblait déchirer quelque chose dans ma tête, tels des éclats de verre. Pitié, faites que ce soit rapide, j’implorais Dieu. Faites que ça s’arrête. Par pitié. Pitié.
— Max ?
Juste à côté de moi, la voix grave de Fang s’infiltrait par mon oreille pour se mêler à la musique de mon agonie. Mais j’étais incapable de répondre. J’avais le visage noyé de larmes. Si je m’étais trouvée sur une falaise à ce moment-là, rien n’aurait pu m’empêcher de me jeter dans le vide, les ailes repliées.
Dans ma tête, des flashs continuaient à défiler, images sans queue ni tête qui me rendaient malade et auquelles se mêlaient des mots et des sons qui agressaient tous mes sens. Une voix, en particulier, baragouinait quelque chose. C’était peut-être la mienne après tout.
Fang a mis sa main sur mon épaule mais elle semblait incroyablement lointaine, comme si un écran séparait le monde réel du cauchemar de mes sens. J’avais les dents tellement serrées que ça me faisait mal. Puis j’ai senti le goût du sang dans ma bouche. Je m’étais mordu la lèvre.
Combien de temps encore avant d’apercevoir la lumière à l’extrémité du tunnel dont tous ceux qui avaient atteint les frontières de la mort parlaient, et les gens qui m’attendraient, de l’autre côté, un sourire sur les lèvres et les mains tendues vers moi ? Quoi ? Les enfants avec des ailes ne vont pas au paradis ?
Tout à coup, une voix furieuse a réussi à percer mon mur de douleur : Qui c’est qui déconne avec mon Mac ?