111.
La géographie new-yorkaise s’étalait sous nos yeux. De l’autre côté de l’East River, on apercevait Long Island, une île bien plus grande que celle de Manhattan. Alors qu’on survolait ses côtes, le soleil s’est couché. On distinguait à peine les crêtes blanches des vagues au moment où elles se brisaient sur le rivage.
Au bout d’une heure et demie, on a aperçu une longue plage plongée dans la quasi-pénombre, à quelques lumières près, qui signifiaient que l’endroit était habité mais pas surpeuplé. Fang m’a fait un signe d’approbation et on a commencé notre descente, grisés par la vitesse à mesure qu’on perdait de l’altitude. On n’avait rien à envier aux montagnes russes.
— OK, ça m’a l’air bon, a déclaré Fang pendant qu’il reluquait la plage juste après notre atterrissage en douceur sur le sable fin.
La plage était sauvage et dénuée de parkings adjacents. Le mieux, c’était qu’elle était fermée aux deux extrémités par de gros blocs de roche. Ainsi, on était encore plus en sécurité. Enfin, d’autres rochers, énormes, affleuraient à la surface du sable à une trentaine de mètres environ et nous conféraient une protection naturelle.
— Aaaah, c’est bon d’être chez soi, ai-je lâché sur un ton pince-sans-rire en enlevant mon nouveau sac à dos.
J’ai fouillé à l’intérieur pour trouver quelque chose à manger et j’ai fait passer ce qu’on avait, avant de m’effondrer sur un morceau de bois flottant épais. Vingt minutes plus tard, nous nous couchions en boule sur le sable, à l’abri des rochers, après avoir fait notre signe de ralliement.
Je n’ai pas pu m’empêcher de faire une petite grimace lorsque la Voix s’est glissée dans ma tête. C’est l’heure de prendre une leçon, a-t-elle dit.
L’instant suivant, j’ai sombré dans un profond sommeil exactement comme si une vague m’avait emportée avec elle. Au loin, je percevais toujours des bribes de phrases confuses en langues étrangères auxquelles je ne comprenais rien. Finalement, j’ai entendu la Voix dire : Tout ça ne concerne que toi, Max. Il faut que tu saches.