68.
Un torrent de larmes ruisselait sur mes joues. J’avais les mains plaquées sur le crâne comme pour empêcher la douleur de le faire exploser. La seule pensée à demi cohérente qui me venait se résumait à : Laissez-moi mourir, que cette foutue douleur stoppe… Stop… STOP ! ! !
Ensuite, Fang m’a attrapée de ses bras noueux et durs et j’ai senti que je remontais. Mes ailes étaient écrasées entre nous deux mais rien n’avait plus d’importance, mis à part le fait que mon cerveau avait cédé sa place à une nova de douleur atroce. Il me restait juste assez de présence d’esprit pour me sentir honteuse en entendant mes pitoyables gémissements.
C’était le moment rêvé pour mourir.
Je ne sais pas combien de temps, au juste, Fang m’a portée comme ça. Lentement, très lentement, la douleur s’est dissipée. J’arrivais presque à entrouvrir les yeux maintenant. Et je pouvais déglutir. Avec précaution, j’ai lâché ma tête en faisant une grimace. Je m’attendais à moitié à ce que des morceaux de cervelle restent dans mes mains.
J’ai levé la tête pour tenter de regarder Fang entre mes paupières à demi fermées. Il ne me quittait pas des yeux, volait et me portait. Tout ça en même temps.
— Wahou, tu pèses une tonne ! T’as mangé des pierres ou quoi ?
— Pourquoi ? Il t’en manque dans le cerveau ? dis-je d’une voix enrouée.
Je voyais sa bouche et dessus la petite grimace bizarre censée ressembler à un sourire. C’est alors que j’ai compris à quel point il avait eu la trouille.
— Max, ça va ?
Un masque de peur recouvrait le visage de Nudge et la rajeunissait.
— Han, han, ai-je réussi à dire.
Juste une petite attaque cérébrale de rien du tout.
— Essaie de trouver un endroit où l’on puisse se poser, ai-je fait à Fang. Je t’en supplie.