11.
— Quoi ? ? ? a lâché le Gasman.
Iggy est devenu encore plus pâle que d’habitude, si tant est que ce soit possible.
— C’est là qu’ils ont emmené Angel, j’ai fait. Et c’est là qu’il va falloir aller la récupérer.
— Ouais ! s’est écriée Nudge, dont le cerveau venait de s’emballer. Ouais ! Il faut aller chercher Angel. On ne peut pas la laisser là-bas, avec eux. Ce sont des monstres. Ils vont lui faire du mal et la mettre dans une cage. Ils vont la faire pleurer. Mais on est cinq. Alors on va aller la chercher et ompf…
J’avais la main sur sa bouche. Elle a écarté mes doigts.
— Euh… au fait, c’est loin la Californie ?
— Mille kilomètres environ, a annoncé Fang. Sept heures de vol à tout casser, sans compter les arrêts.
— Est-ce qu’au moins, on peut en parler ? a demandé Iggy sans bouger la tête. C’est vrai, ils sont bien trop nombreux par rapport à nous.
— Non, c’est tout vu.
Je balayais déjà la carte du regard et je réfléchissais à notre itinéraire, aux arrêts et aux plans de secours.
— Est-ce qu’on peut voter alors ? Parce qu’ils étaient armés. Et puis ils sont partis en hélicoptère.
La voix d’Iggy était tendue.
— Iggy. On n’est pas en démocratie, lui ai-je lancé, à la fois consciente de sa peur mais incapable d’y faire quoi que ce soit. On est en Maxocratie. Tu sais bien qu’il faut qu’on parte à la recherche d’Angel. Tu ne crois quand même pas qu’on va les laisser faire ! ? Tous les six, on se serre les coudes, quoi qu’il arrive. Tant que je serai en vie, aucun d’entre nous ne retournera vivre dans une cage.
J’ai pris une grande inspiration.
— Mais c’est Nudge, Fang et moi qui allons chercher Angel. Le Gasman et toi, vous restez ici. J’ai besoin de vous pour garder la maison, au cas où Angel arrive à s’échapper et qu’elle revienne.
Un ange est passé.
— Te fous pas de nous ! a craché Iggy en se tournant vers moi. C’est pas pour ça que tu veux qu’on reste ici. Pourquoi tu ne craches pas le morceau ?
J’avais des nœuds dans l’estomac. Mais je n’avais vraiment pas le temps pour ça. Non ! Angel n’avait pas le temps pour ça.
— Bon, d’accord, ai-je dit d’une voix apaisante. J’avoue, je n’ai pas envie que tu viennes. Tu es aveugle, et, si tu n’as aucun problème ici pour te déplacer parce que tu as tes marques, là-bas, ce sera une autre histoire.
Je ne peux pas me permettre de m’inquiéter de toi au beau milieu d’une rafale de coups de feu.
Le visage d’Iggy s’est déformé sous l’effet de la colère. Il a ouvert la bouche mais le Gasman lui a coupé la parole.
— Et moi alors ? Je m’en fiche qu’ils aient des revolvers, un hélicoptère et des Erasers. C’est ma sœur !
— C’est exact. Et s’ils tiennent tellement à la récupérer, ça se pourrait que ce soit pareil pour toi, lui ai-je fait remarquer. En plus, tu voles bien, mais tu n’as que huit ans et on va voler de longues heures.
— Jeb ne nous aurait jamais demandé de rester. Jamais de la vie !
Iggy était très en colère.
J’ai pincé les lèvres. Je faisais de mon mieux.
— Peut-être pas, ai-je admis. Mais on ne le saura jamais parce que Jeb est mort. Allez ! On se bouge maintenant.