La tentation de la Droite populaire
Au début, on les a moqués. Ils étaient des zombies, ils étaient ridicules, le degré zéro de la pensée. C’est une habitude, en France, de considérer que l’intelligence est forcément de gauche. La droite ne peut être que la plus bête du monde. Sauf si elle a honte d’elle-même. Mais si elle affiche la couleur, elle aggrave son cas. Et puis, elle a inquiété. Traitée de populiste, puisque fasciste a été usé jusqu’à la corde. Les centristes se sont émus de son influence ; Rama Yade a arboré son minois inquiet sur toutes les chaînes de télévision.
Les médias ont évoqué avec des trémolos dans la voix la droitisation de l’UMP, comme si le sort de la République était en jeu. En vérité, la Droite populaire tente – elle en est encore loin – de revenir à la synthèse politique qu’avait réalisée le RPR dans les années 80 : un mélange d’autorité et de libéralisme, de patriotisme et d’ouverture sur le monde. Synthèse qui a explosé, en décembre 1986, dans les manifestations contre la loi Devaquet sur l’université et la mort de Malik Oussékine. Depuis lors, l’UMP a été forgée par les chiraquiens sur leur soumission aux consignes de la bien-pensance médiatique et aux positions des centristes.
Paradoxalement, la Droite populaire est l’une des rares réussites du parti unique de la droite. S’y mêlent anciens du RPR et du Parti républicain, qui se retrouvent selon des affinités idéologiques et non plus sur les affiliations des anciens partis. La Droite populaire, en s’ouvrant aux citoyens, aimerait devenir l’aile conservatrice – au sens anglo-saxon du terme – d’un grand parti républicain à l’américaine. Pour la présidentielle de 2017, au cas où l’UMP organiserait des primaires, elle aurait son candidat qui affronterait celui des centristes et des libéraux. Alors, le peuple de droite trancherait.
Mais la Droite populaire peut aussi annoncer la destruction de l’UMP. Si elle prend trop d’ampleur, trop d’influence ; si son ouverture aux citoyens marche trop bien ; si les centristes, définitivement défaits, refusent de la côtoyer au sein d’un même parti, alors, l’UMP serait morte.
Ce scénario serait favorisé par la défaite de Sarkozy en 2012, et surtout si la gauche, profitant de sa domination nouvelle au Sénat, introduisait la proportionnelle dans le mode de scrutin législatif. Alors, une recomposition politique s’engagerait, qui pourrait bien rassembler membres de la Droite populaire et membres du Front national, pour constituer un bloc des droites. Une nouvelle alliance, sans doute eurosceptique et anti-mondialisation, qui utiliserait comme arme politique absolue l’une des propositions phares de la Droite populaire : le référendum d’initiative populaire à la suisse qui révolutionnerait la vie politique nationale.
Déjà, le Front national appelle la Droite populaire à le rejoindre. Mais pour les amis de Marine Le Pen, la droite populaire n’est qu’un nouveau faux-semblant sarkozien pour attirer un électorat populaire et concurrencer le FN sur ses terres, comme en 2007. Entre le FN et l’UMP, chacun parie que c’est l’autre qui explosera le premier.