Lundi 5 septembre 2011

Sarkozy-Raffarin, la passe d’armes qui en dit long

Il n’a pas pu s’en empêcher. Il s’en est mêlé, il a polémiqué, il a cédé. Nicolas Sarkoy avait pourtant pris depuis des mois de sages résolutions. Il ne se montrait plus, ne s’exposait plus, ne s’affichait plus. Sa parole était devenue rare et prenait de la hauteur. Il s’était enfin converti aux leçons de feu Jacques Pilhan, l’ancien conseiller en communication de ses deux prédécesseurs, Mitterrand et Chirac. Il se présidentialisait. Chef de guerre en Côte d’Ivoire et en Libye ; premier pompier, avec Merkel, pour sauver l’euro. On pouvait contester le bien-fondé de ses choix, mais ceux-ci se situaient au niveau du monarque présidentiel.

Avec cette raffarinade, Sarkozy descend l’escalier quatre à quatre. Une colère inutile sur un sujet à 90 millions d’euros. Une bagatelle. Du niveau de son ministre du Budget. Un débat parlementaire classique puisque la commission des Finances de l’Assemblée nationale avait, elle aussi, rejeté cette hausse de la TVA. En dernier lieu, l’arbitrage devait venir du Premier ministre, qui aurait choisi entre passer en force ou céder. Mais le Président, reprenant les mauvaises habitudes du début de son mandat, a court-circuité toutes les institutions ; en cédant si vite, il a encouragé tous les lobbies.

Il ne faut pas idéaliser les prédécesseurs de Sarkozy. Ils ne se souciaient pas uniquement de grande politique. Même le général de Gaulle mettait son nez dans le détail des mesures budgétaires, éducatives, sociales, ou même électorales. Mais tous les présidents de la Ve avaient l’habileté de ne pas traiter en direct. Ils accumulaient les intermédiaires, les émissaires, protégeaient leur autorité derrière des paravents, des arbitrages. Raffarin le sait mieux que personne, lui qui fut, au temps de Chirac, un de ses paravents. Entre lui et Sarkozy, le courant n’est jamais passé. Raffarin n’a jamais pardonné à Sarkozy de ne pas l’avoir soutenu lorsqu’il manqua la présidence du Sénat. Sarkozy l’a toujours méprisé, voyant en lui un notable local à l’ancienne, sans caractère. L’animosité entre les deux hommes est une vieille histoire. En 1995, le giscardien Raffarin rejoignait Chirac dans son combat contre Balladur, que soutenait Sarkozy. En 2002, Chirac hésita longtemps pour Matignon entre les deux hommes pour choisir finalement Raffarin.

Plus profondément, les mauvaises humeurs, les brouilles et bouderies révèlent la fracture qui s’agrandit chaque jour entre les deux anciennes familles fondatrices de l’UMP. Depuis le remaniement de novembre 2010, les centristes se sentent floués sur tous les plans. Ils ont cédé les meilleures places ministérielles aux anciens RPR et chiraquiens, revenus en force autour de Sarkozy. La montée en puissance de la Droite populaire remet en question la domination idéologique des centristes sur la majorité. Si Jean-Louis Borloo allait au bout de ses intentions élyséennes, on peut être sûr que les polémiques se multiplieraient. Et que Nicolas Sarkozy y prendrait toute sa part.

Le Bûcher des vaniteux
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