Vendredi 11 novembre 2011

L’Allemagne devenue toute-puissante !

« On a gagné ! On les a eus. » C’est ce que criait la foule sur les Champs-Élysées ce 11 novembre 1918 ; mais ce n’était pas après un match de football victorieux. On crut alors la question allemande définitivement réglée, au prix de la plus grande hécatombe guerrière de tous les temps. C’est après la guerre de 14 qu’on cria : « Plus jamais ça ! » Après la guerre de 14 qu’on cria aussi : « L’Allemagne paiera. » Après la guerre de 14 qu’Aristide Briand proclama la réconciliation avec l’Allemagne et l’avènement des États-Unis d’Europe. Cent ans plus tard, tout a changé. Et tout revient.

Après le dernier accord sur la dette grecque où Nicolas Sarkozy avait dû s’incliner devant toutes les exigences d’Angela Merkel, l’éditorialiste du journal Le Monde a écrit à la une du prestigieux quotidien : « L’Europe sera allemande ou ne sera pas. » La France devra s’y faire. Les mêmes mots avaient déjà été écrits après nos défaites de 1870 et de 1940. Après avoir longtemps résisté, contesté sa prééminence, refusé de l’imiter, dénoncé – avec pertinence – l’égoïsme national allemand qui comprimait sa consommation nationale pour mieux accumuler les excédents commerciaux sur ses voisins, Nicolas Sarkozy a choisi de s’aligner complètement sur l’Allemagne, « le modèle qui marche ». Mais ce modèle est-il transposable ? L’Allemagne est un pays où le nombre de décès est désormais plus important que celui des naissances. Si les Européens imitaient vraiment les Allemands en réduisant leur consommation, les excédents allemands s’effondreraient. Enfin, l’envers social du modèle allemand est constitué de millions de travailleurs pauvres et précaires, surtout dans l’ancienne RDA.

Pour justifier sa défense à tout prix de l’euro, le président français nous assure que la fin de la monnaie unique signifierait la dislocation de l’Union européenne et le retour de la guerre en Europe. Plus jamais ça ! Angela Merkel dit la même chose. Mais les Français de gauche comme de droite continuent à croire que les Allemands finiront par garantir les dettes colossales de leurs voisins pour sauver l’euro. L’Allemagne paiera. Et que seul un État fédéral garantirait cette monnaie fragile. Les États-Unis d’Europe ! L’interlocuteur allemand d’Aristide Briand était à l’époque le chancelier Gustav Stresemann qui, tout en embrassant le Français, écrivait secrètement au fils de l’ex-empereur d’Allemagne : « Il nous faut finasser avec les Français. »

Les Allemands ne finassent plus ; n’ont plus besoin ; ne peuvent plus se le permettre. Même eux ont un déficit commercial avec la Chine. Assurés de la soumission de leur arrière-cour ouest-européenne, ils renouent leurs anciennes relations avec la Russie. Renonçant au nucléaire, ils se branchent sur le gaz russe. On se souvient que l’ancien chancelier allemand Schröder avait été le pionnier de cette alliance, passant par-dessus Bruxelles sans états d’âme, et finissant sa carrière comme salarié de Gazprom. On sait moins que c’est un autre Allemand, un ancien des services secrets de la RDA, qui a été nommé par Poutine patron des pipe-lines qui achemineront le gaz de la Russie vers l’Europe. On se croirait revenu au temps de Pierre le Grand ou de Catherine II, quand des Allemands étaient appelés par les tsars pour diriger l’immense Russie. Pendant ce temps-là, à Paris, on disserte à perte de vue sur le couple franco-allemand. Ah, toujours romantiques, ces Französische !

Le Bûcher des vaniteux
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