Lundi 12 décembre 2011

Ces affaires qui rattrapent François Hollande

Le pire ennemi de François Hollande s’appelle le Parti socialiste. C’est le plus acharné à sa perte, le plus efficace. Il y a cinq ans déjà, les hiérarques du PS avaient couvert de mépris Ségolène Royal dès qu’elle avait été désignée candidate. Cette fois, la rue de Solferino est l’objet de tirs croisés entre malversations, négociations, insultes et menaces du sud au nord, de Marseille au Pas-de-Calais, de Guérini à Kucheida ; ce ne sont que soupçons de corruption, détournements de fonds publics, et féodaux locaux menant grand train.

Les négociations électorales avec les Verts avaient déjà fait monter la température. Martine Aubry avait été particulièrement généreuse avec sa copine Cécile Duflot, au grand dam des maires de Lyon et Paris, Gérard Collomb et Bertrand Delanoë, qui juraient de faire la peau de ces Verts parachutés dans leurs fiefs. Depuis, les guerres picrocholines se multiplient. Deux anciens potes de SOS Racisme, Malek Boutih et Julien Dray, se déchirent pour la dixième circonscription de l’Essonne, le premier accusant le second de fraude électorale pour sa désignation. Ségolène Royal, elle, n’accepte aucune primaire pour se faire désigner à La Rochelle, au nom – dit-elle – de sa situation hors du commun d’ancienne candidate à la présidentielle. Quelle curieuse idée, tout de même, de préparer les législatives alors même que la présidentielle n’a pas donné son verdict. Comme si les socialistes n’avaient toujours pas compris l’esprit de la Ve République.

Depuis, les porte-parole de Hollande : Valls, Cahuzac, récitent avec le sérieux des bons élèves le classique de la Ve République gaullienne, du contact personnel entre un homme et le peuple. Tout cela ne concerne pas le candidat mais le parti. Pas François Hollande, mais Martine Aubry. Mais ils prêchent dans le désert. L’ancien parti d’Épinay est un agrégat disparate d’élus désunis. Cette transmutation, cette régression historique, s’est opérée sous le mandat d’un certain François Hollande, alors premier secrétaire du PS, qui s’enorgueillissait de gagner toutes les élections locales. Sa direction ondoyante, conciliante à l’excès, a permis au grands féodaux de prendre leurs aises, de profiter à plein des libertés laissées par les lois de décentralisation. Hollande, lui-même devenu président du conseil général de Corrèze, retrouvait alors les anciennes habiletés d’un Guy Mollet qu’il habillait des intonations imitées de la voix de François Mitterrand. Avec Martine Aubry, l’appareil a tenté de reprendre la main, d’imposer un programme de gauche à des élus locaux qui se voulaient avant tout pragmatiques. Mais jamais Martine Aubry n’a osé aller plus loin et affronter les plus grosses fédérations du parti qui l’avaient hissée sur le pavois. Ah ! comme il semble loin le temps où un parti politique était un outil indispensable à un présidentiable sérieux ; pour Hollande, il s’est transformé en boulet.

Le Bûcher des vaniteux
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