Big Sister Roselyne Bachelot
S’inspirant déjà de l’exemple suédois, il y a quelques mois, elle se promettait de punir pénalement les clients des prostituées. Roselyne Bachelot contemplait alors les quarante siècles d’histoire liant les hommes au plus vieux métier du monde, et lançait un souverain : « Cela suffit. Les hommes doivent changer ! » Roselyne Bachelot voit toujours grand ; on comprend mieux pourquoi elle avait acheté tant de vaccins contre la grippe A ! Roselyne Bachelot aime à se prendre pour Dieu et a décidé de changer la nature humaine. Pourtant, Dieu lui-même se reposa le septième jour. Roselyne Bachelot ne se repose jamais.
Et les enfants dans tout cela ? Tous les pédopsychiatres vous expliquent que les enfants de 0 à 6 ans ont besoin de leur mère, d’abord de leur mère, et encore de leur mère. C’est pour cette raison sans doute que le rapport commandé par le ministère de la Santé entend réduire le congé parental de trois ans à un an seulement. Il ne faudrait pas que les mères se la coulent douce et ne retournent pas au boulot dare-dare, Roselyne veille. Le petit profiterait un peu de sa mère, il s’y habituerait et croirait – le réactionnaire, ignorant de surcroît – que l’amour maternel existe.
Mais le père est une mère comme les autres, a décidé Roselyne. Le grand pédopsychiatre Aldo Naouri nous a pourtant répété cent fois qu’un père n’est pas une deuxième mère, qu’il a un rôle spécifique de séparation entre la mère et l’enfant ; rôle qu’il ne joue que plus tard, et ne joue bien que s’il reste à l’extérieur du couple fusionnel d’origine entre la mère et l’enfant.
Big Sister Roselyne ne doit pas s’arrêter en si bon chemin. Le prochain rapport proposera une stricte répartition entre le père et la mère des neuf mois de gestation de l’enfant ; puis établira, de même, un temps égal, la nuit, pour donner le sein au nouveau-né : des caméras posées par les services de l’État vérifieront que les consignes gouvernementales sont bien respectées. Ainsi pour la vaisselle, le ménage, les devoirs des enfants : des micros traqueront les récalcitrants, comme au bon vieux temps du communisme. Des sanctions pénales puniront les tire-au-flanc ; les mêmes que pour les hommes qui iront voir les prostituées.
Sous un discours d’égalité, c’est l’indifférenciation que recherche Roselyne Bachelot. Puisqu’on ne peut pas faire qu’une femme soit un homme comme les autres, il faut faire qu’un homme soit une femme comme les autres. C’est une adepte sans le dire – et peut-être sans le savoir – de la théorie du genre, née dans les campus américains des années 60-70, au sein des militantes féministes homosexuelles : le sexe est uniquement une construction culturelle ; il n’y a rien de naturel là-dedans ; on choisit son sexe et sa sexualité, comme des fruits au marché. Elle en parlera au très catholique François Fillon, à qui elle doit son maintien au gouvernement, et aux électeurs de Nicolas Sarkozy, à qui on n’avait pas dit que, lorsqu’ils votaient pour le candidat de la droite française, ils choisissaient le mode de vie de la social-démocratie suédoise.