Mercredi 5 octobre 2011

La tentation protectionniste venue du Brésil

Une taxe de 30 % sur les importations de voitures fabriquées à l’étranger. Des droits de douane qui contraignent un fabricant d’iPad à ouvrir une usine dans le pays. Des quotas qui limitent les importations de BlackBerry et obligent le fabricant à ouvrir une usine sur place. Des limitations drastiques à l’achat de terres agricoles par les étrangers. Non, cela ne se passe pas en France ni en Europe, mais au Brésil et en Argentine. Pourtant la croissance du Brésil en fait l’un des pays émergents donnés en exemple, et l’Argentine, après avoir frôlé la mort il y a dix ans, a vu son taux de chômage retomber de 20 % à 7 %. De quoi faire rêver son ancienne colonie espagnole ! Ces pays ne sont ni archaïques ni belliqueux. Ils reprochent même à la France son protectionnisme sur les produits agricoles ou les services.

Le protectionnisme, longtemps sujet tabou, est entré dans le débat politique par les marges : Marine Le Pen, Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon. Il effraie pour l’instant les grands candidats, Sarkozy, Bayrou, Hollande, Aubry, plus sensibles à l’opinion des élites et des médias. Car la question nécessite une remise en cause radicale de nos engagements européens, puisque c’est l’Europe qui négocie pour nous. L’Europe est le continent le plus ouvert de la mondialisation, au nom de la modernité et de la paix dans le monde, quand d’autres – Allemagne et Chine en tête – mènent des politiques mercantilistes que n’aurait pas reniées le grand Colbert. En France, le protectionnisme a été longtemps diabolisé, par libéralisme à droite, par haine des frontières à gauche, par méconnaissance de tous, souvent, de l’histoire économique.

La réalité ronge peu à peu l’idéologie dominante. L’industrie française ne représente plus que 13 % de notre richesse nationale. Et, selon une étude du ministère des Finances, 65 % de nos pertes d’emplois dans l’industrie viennent des délocalisations et de la concurrence étrangère. La Chine est entrée il y a dix ans dans l’OMC. Un anniversaire sans doute plus important pour l’Histoire que l’attentat du World Trade Center. Depuis lors, les industries européenne – à l’exception de l’allemande – et américaine sont déstabilisées, creusant des déficits du commerce extérieur abyssaux.

Les grands théoriciens du libre-échange au XIXe siècle, Ricardo et Smith, n’avaient jamais imaginé des échanges entre pays aussi déséquilibrés. Le patron de l’OMC, Pascal Lamy, longtemps méprisant pour les protectionnistes, reconnaît désormais qu’on a été trop loin. Le FMI établissait dans une note récente les conséquences ravageuses du libre-échange mondialisé sur la situation des classes moyennes européennes en perdition. Avec un air goguenard, les experts nous expliquent que le retour au protectionnisme est impossible en raison de la nouvelle organisation mondialisée des chaînes de production des entreprises réglées à coups de porte-conteneurs et d’internet. Les mêmes nous tiennent de beaux discours écologiques sur la protection de la planète. La question du protectionnisme devrait être l’un des grands thèmes de la présidentielle de 2012.

Le Bûcher des vaniteux
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