Mardi 13 décembre 2011

Dati-Fillon, Paris vaut bien une lettre !

Un modèle. Un bijou. Un exemple à donner dans les écoles de candidats en herbe. Le nec plus ultra du petit crime entre amis. Sous la Renaissance italienne, on tuait ses rivaux à coups de couteau. Rachida Dati, elle, tue à coups de Stiletto – du nom de ces magnifiques chaussures à hauts talons sur lesquels elle est juchée. François Fillon est sa cible ensanglantée. Le Premier ministre ose guigner la circonscription du 7e arrondissement de Paris pour les prochaines législatives, que s’était réservée son ancienne ministre de la Justice. François Fillon, ce bouseux de la Sarthe, ce bourgeois, ce provincial, n’a qu’à rester au milieu de ses vaches et de ses voitures de course. Il n’a qu’à aller se faire voir non pas chez les Grecs, mais dans le 18e arrondissement – où la majorité de la population est plutôt arabe ou africaine ; où le grand Séguin lui-même a enterré ses ambitions de maire de Paris ; et où Alain Juppé ne battait jadis Lionel Jospin que parce que le maire de Paris, Jacques Chirac, faisait campagne pour lui.

À lire Dati, Fillon n’est qu’un infâme parachuté dans une circonscription tellement facile pour la droite qu’il devrait avoir honte. Rachida Dati, elle, est dans cette circonscription bourgeoise de toute éternité. Toute légitimité. Elle oublie qu’elle a reçu la mairie du 7e en cadeau royal de Nicolas Sarkozy qui voulait se débarrasser d’elle. Comme elle a été inscrite en bonne position sur les listes UMP pour un confortable mandat européen. Dati, c’est l’hôpital qui se moque de la charité ; la parachutée qui se plaint d’un autre parce qu’il vient atterrir sur ses plates-bandes. Il est vrai que son parachute à elle est siglé Dior. Femme et diversité, les deux mots résument le sacré de notre époque. L’équivalent de l’huile sainte et des fleurs de lis à l’époque de nos rois. En sa personne, Dati les concentre. François Fillon ne peut pas comprendre : il est un homme, blanc, et s’appelle François. Il est donc un coupable tout désigné, qui attaque une pauvre femme esseulée car il n’oserait pas agir de même avec un homme. Un macho misogyne, un tantinet raciste.

Des médisants, des esprits malveillants pourraient retourner l’argument. Ce ne sont nullement pour ses mérites, ni pour ses compétences, ni pour son ancrage politique local ou national, que Rachida Dati avait été installée place Vendôme, mais uniquement parce que née femme et de parents marocains, elle soignait le profil féministe, antiraciste et progressiste qu’avait voulu se donner Sarkozy à peine élu. Elle fut un fait du prince. Une image médiatique, un casting, un produit de communication. Rachida Dati n’a pas vraiment été ministre de la Justice ; c’est à l’Élysée que le conseiller Patrick Ouart élaborait la politique judiciaire du gouvernement. Rachida Dati n’est d’ailleurs pas la seule dans ce cas-là. Si François Baroin a bien succédé à Christine Lagarde à Bercy, c’est, toujours de l’Élysée, Xavier Musca qui pilote la politique économique de la France.

Mais en attaquant François Fillon avec cette violence, en maniant ainsi avec un cynisme consommé tous les codes de l’époque, Rachida Dati montre qu’elle est devenue une véritable politique. Sans considération de sexe ni d’origine. Chapeau bas devant le Stiletto.

Le Bûcher des vaniteux
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