Mercredi 30 mars 2011

Le Vert allemand contiendrait des conservateurs

La bagnole est l’avenir des Verts. Qui l’eût cru ? C’est dans le fief industriel de Daimler et de Porsche, ce fameux Land de Bade-Wurtemberg, que les Verts allemands vont pour la première fois prendre le volant. Jusqu’à présent, ils avaient l’habitude, à l’instar de leurs amis français, d’être confinés sur la banquette arrière, souvent sur le siège enfant : indispensables pour donner un peu de fraîcheur juvénile, mais qui devaient se taire dès que les grandes personnes parlaient.

On imagine toujours les Verts en pataugas et pull-over en grosse laine, cheveux longs et fumeurs de pétards. Une caricature qui date en effet de leur jeunesse post-soixante-huitarde, mais qui ne correspond pas vraiment au profil de Winfried Kretschmann, le nouveau président vert du Land qui ressemble davantage à l’ancien ministre des Finances de Giscard dans les années 70, Jean-Pierre Fourcade, symbole du technocrate de l’époque, surnommé « balai-brosse » par les caricaturistes. Même les babyboomers vieillissent. Leur génération est à l’âge où on devient responsable et pontifiant, bref ennuyeux. Notre Kretschmann ne cache pas une foi catholique vibrante et se déclare sans fard conservateur. On est loin, très loin, du mariage homosexuel cher à Noël Mamère et du combat pour les sans-papiers cher à Dominique Voynet. Au-delà des causes conjoncturelles de cette campagne électorale – accident nucléaire japonais ou lutte contre la construction d’une grande gare à Stuttgart –, les Verts allemands n’ont gagné la bataille politique que parce qu’ils ont renoncé à leur anticapitalisme des origines et à leurs combats sociétaux les plus subversifs. Paradoxalement, les Verts allemands reviennent aux sources de l’écologie qui naquit d’abord sur les rives idéologiques d’une droite réactionnaire qui refusait depuis le XIXe les certitudes progressistes et scientistes de la gauche de l’époque.

Les Verts, en France comme en Allemagne, sont les nouveaux bourgeois de l’époque. Ils s’allient aux grands patrons de l’automobile pour inventer le fameux green New Deal qu’attend le capitalisme occidental pour sa survie face à la concurrence des pays émergents. En France, les Verts font encore semblant d’être du côté des rebelles ; en Allemagne, ils acceptent leur réalité de meilleurs défenseurs du système capitaliste mondialisé. Ils ont toutes les qualités pour remplacer, dans ce rôle-là, les sociaux-démocrates, affaiblis par le recul des syndicats et la désagrégation de la classe ouvrière. Les Verts allemands sont en train de réaliser le rêve des Verts français : remplacer les socialistes. Ils accomplissent la mission que leur a assignée ici un Daniel Cohn-Bendit : devenir le grand parti réformiste, libéral de gauche, avec, bien sûr, une forte dose environnementale, que le système capitaliste globalisé attend. Les Français tergiversent encore devant cette apostasie historique qui leur ouvrira les portes du pouvoir. Ils y viendront.

Le Bûcher des vaniteux
titlepage.xhtml
cover.html
ident1.html
pre2.html
c1_split_000.html
c1_split_001.html
c1_split_002.html
c1_split_003.html
c1_split_004.html
c1_split_005.html
c1_split_006.html
c1_split_007.html
c1_split_008.html
c1_split_009.html
c1_split_010.html
c1_split_011.html
c1_split_012.html
c1_split_013.html
c2_split_000.html
c2_split_001.html
c2_split_002.html
c2_split_003.html
c2_split_004.html
c2_split_005.html
c2_split_006.html
c2_split_007.html
c2_split_008.html
c2_split_009.html
c2_split_010.html
c2_split_011.html
c3_split_000.html
c3_split_001.html
c3_split_002.html
c3_split_003.html
c3_split_004.html
c3_split_005.html
c3_split_006.html
c3_split_007.html
c3_split_008.html
c3_split_009.html
c3_split_010.html
c3_split_011.html
c3_split_012.html
c3_split_013.html
c3_split_014.html
c3_split_015.html
c3_split_016.html
c3_split_017.html
c4_split_000.html
c4_split_001.html
c4_split_002.html
c4_split_003.html
c4_split_004.html
c4_split_005.html
c4_split_006.html
c4_split_007.html
c4_split_008.html
c4_split_009.html
c4_split_010.html
c4_split_011.html
c4_split_012.html
c4_split_013.html
c4_split_014.html
c4_split_015.html
c4_split_016.html
c5_split_000.html
c5_split_001.html
c5_split_002.html
c5_split_003.html
c5_split_004.html
c5_split_005.html
c5_split_006.html
c5_split_007.html
c5_split_008.html
c5_split_009.html
c5_split_010.html
c5_split_011.html
c5_split_012.html
c5_split_013.html
c5_split_014.html
c5_split_015.html
c5_split_016.html
c6_split_000.html
c6_split_001.html
c6_split_002.html
c6_split_003.html
c6_split_004.html
c6_split_005.html
c6_split_006.html
c6_split_007.html
c6_split_008.html
c6_split_009.html
c6_split_010.html
c6_split_011.html
c6_split_012.html
c6_split_013.html
c6_split_014.html
c7_split_000.html
c7_split_001.html
c7_split_002.html
c8_split_000.html
c8_split_001.html
c9_split_000.html
c9_split_001.html
c9_split_002.html
c9_split_003.html
c9_split_004.html
c9_split_005.html
c9_split_006.html
c9_split_007.html
c9_split_008.html
c9_split_009.html
c9_split_010.html
c9_split_011.html
c9_split_012.html
c9_split_013.html
c10_split_000.html
c10_split_001.html
c10_split_002.html
c10_split_003.html
c10_split_004.html
c10_split_005.html
c10_split_006.html
c10_split_007.html
c10_split_008.html
c10_split_009.html
c10_split_010.html
c10_split_011.html
c10_split_012.html
c10_split_013.html
c11_split_000.html
c11_split_001.html
c11_split_002.html
c11_split_003.html
c11_split_004.html
c11_split_005.html
c11_split_006.html
c11_split_007.html
c11_split_008.html
c11_split_009.html
c11_split_010.html
c11_split_011.html
c11_split_012.html
c11_split_013.html
c11_split_014.html
c11_split_015.html
c12_split_000.html
c12_split_001.html
c12_split_002.html
c12_split_003.html
c12_split_004.html
c12_split_005.html
c12_split_006.html
c12_split_007.html
c12_split_008.html
c12_split_009.html
c12_split_010.html
c12_split_011.html
c12_split_012.html
c12_split_013.html
c12_split_014.html
c12_split_015.html
collec3.html