Nicolas, Eva, Cécile, Daniel et les autres
Un animateur de TF1 ou un juge célèbre ? Une vedette de la télé et des sondages ou une héroïne de film ? Un truc de communicant ou… un truc de communicant ? Les Verts sont formidables. Ils donnent des leçons de vertu à toute la classe politique sur le cumul des mandats, la parité ou la démocratie interne, et ils sont les meilleurs élèves des spin doctors du marketing politique. Ils ne respectent même pas la tradition de la gauche qui privilégie le chef de parti. Nicolas Hulot pas plus qu’Eva Joly ne sont des militants blanchis sous le harnais, ni des élus locaux ayant œuvré au service de leurs concitoyens. Ils sont l’un et l’autre de pures inventions médiatiques et « sondagières ». La fureur dissimulée d’Eva Joly de voir débarquer dans sa cour Nicolas Hulot n’est que l’habituelle farce de l’arroseur arrosé, de la vedette médiatique qui trouve sur son chemin plus médiatique qu’elle.
La fureur non dissimulée de Nicolas Hulot devant la limitation arbitraire du corps électoral de la primaire prouve que les apparatchiks des Verts sont prêts à tous les coups tordus pour se débarrasser de lui. Du côté d’Eva Joly, on a déjà compris que les règles du jeu recentraient la bataille de la primaire autour des soutiens traditionnels des Verts, et éloignaient le grand public de TF1. D’où l’interview très habile accordée hier par l’ancienne magistrate au journal La Croix, profitant du débat sur la laïcité de l’UMP pour défendre des positions multiculturalistes très en vogue chez les bobos parisiens et les militants associatifs, mais qui horrifient l’électorat populaire français.
Les Verts se moquent de l’élection présidentielle comme de leur première éolienne. La présidentielle n’est donc vue qu’à travers la nécessité impérieuse de pérenniser leur appareil et d’engranger des députés aux législatives afin d’alimenter les caisses du parti. D’où leur va-et-vient épuisant entre les querelles mesquines d’appareil et les grandes fresques planétaires et millénaristes. Les électeurs le sentent et leurs candidats font souvent de piètres scores à la présidentielle. En 2007, Dominique Voynet avait obtenu 1,57 %.
Seul le citoyen allemand Daniel Cohn-Bendit pourrait paradoxalement incarner un destin français, fondé sur son passé mythique de héros générationnel de Mai 68 et ses positions politiques d’aujourd’hui, libérales, européistes et multiculturalistes. Dans cette mouvance écologiste, Cohn-Bendit n’est pas le meilleur mais le seul. Mais il refuse d’incarner le père, même indigne, de la nation.