Le PS, tout un programme
Dessine-moi un programme. C’est l’exercice difficile auquel se sont attelés les socialistes. Un programme avant d’avoir un candidat. Un programme suffisamment attractif pour ne pas paraître vain. Un programme assez fou pour ne heurter aucun des principaux candidats. Une quadrature du cercle. Si se différencier du programme relève de la posture, à quoi servent les primaires ? Qu’est-ce qui différenciera les candidats ? Les sondages ? Leur physique ? Leur tour de taille ? Leur régime alimentaire ? Leur QI ? Leurs diplômes ? Mais si les primaires sont vraiment l’exercice démocratique de l’avenir qui départagera des candidats selon leurs projets de société et leur vision du pays, forcément différents, à quoi sert le programme ?
Aux États-Unis, pays de naissance des primaires, chaque candidat a son programme, et le vainqueur des primaires impose ses idées et son projet de société au parti – démocrate ou républicain – dont il défendra les couleurs. Le Parti socialiste français, lui, a conservé la vieille tradition de la gauche qui privilégie le contrôle du parti sur les élus. Il a toujours du mal à intégrer la logique bonapartiste de la Ve République qui cherche quel homme incarnera le destin national. Quand il n’oublie pas qu’il y a un destin national s’inscrivant dans un roman national, obnubilé qu’il est par sa tradition internationaliste et son rêve européen.
La plume de ce projet, le brillant et juvénile Guillaume Bachelay, évite soigneusement cet écueil. Lui au moins ne reprendrait pas à son compte la célèbre formule de François Mitterrand : « La France est notre patrie, l’Europe est notre avenir. » Comme si la France n’avait pas d’avenir. Mais Bachelay, qui a voté non aux deux référendums européens de 1992 et 2005, se heurte alors aux choix contraires de la majorité de son parti, de sa patronne, Martine Aubry, et des principaux candidats, DSK et Hollande. D’où sa timidité sur la régulation de la finance pour ne pas gêner le patron du FMI. D’où son système d’écluses aux frontières, expression pudique pour ne pas avouer clairement un protectionnisme existant à gauche comme à droite, mais diabolisé par la majorité au sein du PS et par la social-démocratie européenne, quoique Martine Aubry dise le contraire.
François Hollande n’a pas tort quand il refuse l’allocation autonomie aux jeunes au nom des contraintes budgétaires. En clair, au nom des réductions de déficits exigées par les plans européens et la gestion de l’euro. Déjà, le grand retour des emplois-jeunes et les embauches de policiers et de profs ne seront pas indolores pour le budget et la dette. À moins d’une forte – très forte – hausse des impôts sur la classe moyenne, la seule dont les revenus sont encore susceptibles d’être atteints par la machine fiscale française. La hausse massive d’impôts ne serait-elle pas finalement le point commun à tous les candidats socialistes ? Le véritable imam caché du PS ?