Paris brûle-t-il ?
Paris sera toujours Paris. Le charme romantique des quais de Seine, l’élégance de ses places et de ses monuments. Et ses parachutés qui se disputent le meilleur lopin de terre pour poser leur parachute, et se reprochent réciproquement d’en être. La querelle entre Rachida Dati et François Fillon tourne au grand guignol. Un Premier ministre qui, en pleine tempête de l’euro, songe aux municipales de 2014, et prépare son atterrissage à Paris dont il se verrait bien le futur maire. Mais pour cela, il lui faut une circonscription tranquille, de tout repos électoral. Celle qui couvre le 7e et le 6e arrondissement est en or massif pour un candidat UMP. C’est justement pour cette raison que Sarkozy, royal, l’avait promise à une Rachida Dati qu’il avait chassée de son gouvernement. Fureur de l’ancienne ministre de la Justice, pourtant déjà bien pourvue entre son mandat de députée européenne et sa mairie du 7e, qui agresse violemment Fillon. Le tout sous les sourires hypocrites de Jean-François Copé, pompier pyromane, qui pense avant tout à empêcher Fillon de lui disputer la direction de l’UMP, après la défaite, qu’ils anticipent tous deux, de Nicolas Sarkozy en 2012.
Paris sera toujours Paris. Jacques Chirac y récompensait ses fidèles les plus méritants. Pas besoin de prendre le TGV pour travailler sa circonscription. Chirac s’est toujours considéré à Paris comme une sorte de grand préfet, nommant ses adjoints, l’électeur ratifiant forcément ses choix. Mais la droite a, depuis, perdu la main. Politiquement, Paris bascule une fois par siècle. De la Révolution jusqu’à la Commune en 1870, la capitale fut à gauche. Après la Commune, elle vira à droite. L’élection de Delanoë marque-t-elle un nouveau virage ? La gauche pour cent ans ? En tout cas, la sociologie électorale parisienne a radicalement changé. Les ouvriers et les employés ont été chassés. Les nouveaux bourgeois, appelés bobos, diplômés, féminisés, travaillant dans les services, se sont installés dans leurs anciens appartements devenus trop chers pour eux. La bourgeoisie traditionnelle est restée cantonnée à l’Ouest. Les quartiers de l’Est parisien sont massivement habités par des familles immigrées. Paris est comme toutes les métropoles mondialisées : entre très aisés et très aidés.
Une configuration idéale pour la gauche. D’où l’arrivée inopinée, sur son petit parachute vert, de Cécile Duflot. Daniel Cohn-Bendit a fait un carton aux dernières européennes dans la capitale. Fureur d’Anne Hidalgo, adjointe socialiste de Bertrand Delanoë, héritière désignée, qui voit venir une rivale dans son pré carré. À gauche, la vengeance est un plat qui se mange chaud. Les partisans de François Hollande ont noté qu’Anne Hidalgo et Cécile Duflot avaient soutenu, dans la primaire, Martine Aubry. L’affrontement des deux anciennes copines de Martine les réjouit d’avance. Jean-Marie Le Guen, ancien ami de DSK rallié à Hollande, propose donc une primaire ouverte aux Verts pour désigner le champion de la gauche aux municipales de 2014. Ils ont pris des places au premier rang pour assister au combat. Copé a fait pareil entre Fillon et Dati. Faut bien se détendre un peu.