Mercredi 7 septembre 2011

L’aide à la Grèce

C’est grand, c’est généreux, la France ! On ne peut s’empêcher de songer que les douloureuses économies réalisées sur le dos du contribuable français iront directement alimenter les caisses de l’État grec. Un État impécunieux, incapable et corrompu, dont on sait d’ores et déjà que le plan de rigueur décidé en juillet dernier ne tiendra aucun de ses objectifs. D’abord, parce que les baisses de salaires des fonctionnaires, selon un schéma de déflation classique, réduisent la consommation et la croissance du pays, et donc le montant des impôts récoltés. Mais surtout, parce que l’État grec a été incapable de combattre les fraudes fiscales innombrables, les cheminots à 5 000 euros par mois, ou les allocations sociales versées à tort et à travers. La situation est tellement catastrophique que le FMI songe, devant l’impéritie de l’État grec, à suspendre son aide.

Mais cet argent des contribuables français a une autre destination à peine dissimulée : les banques, françaises et allemandes, qui possèdent une part importante de la dette grecque. C’est donc la deuxième fois en trois ans que les contribuables français viennent à la rescousse de leurs banques, alors même que celles-ci continuent à verser des millions de dividendes à leurs actionnaires, et des salaires plus que confortables à leurs principaux dirigeants. La solidarité européenne couvre tous ces calculs sordides de son manteau de lin blanc. Contrairement aux Allemands, les Français semblent accepter de gaieté de cœur de payer pour les Grecs. C’est une tradition politique française depuis le XIXe siècle : l’opinion aime s’enflammer pour les causes des peuples étrangers, jadis la Pologne ou l’Italie. François Mauriac disait que la France était la nation-Christ, qui meurt pour la liberté des autres. Vision très romantique, mais guère rationnelle.

La Grèce ne nous remboursera jamais. Les plans d’aide à la Grèce sont une version moderne du tonneau des Danaïdes. Si l’ensemble du Fonds européen de stabilité devait être actionné, c’est-à-dire 440 milliards, l’endettement de l’Allemagne et de la France augmenterait de cinq points de PIB. Et pourtant, ces 440 milliards seraient insuffisants pour aider l’Espagne ou l’Italie. Encore les Allemands peuvent-ils se consoler : depuis l’instauration de la monnaie unique, leur industrie taille des croupières à ses rivales française et italienne, et l’Allemagne accumule des montagnes d’excédents commerciaux en Europe. La France ne peut pas en dire autant, elle dont les échanges sont déficitaires avec ses principaux voisins.

Cet état de fait rappelle furieusement une situation historique similaire il y a un siècle, quand un des lointains prédécesseurs de notre gouvernement encouragea vivement les épargnants français à financer massivement notre meilleur allié, le tsar de Russie, au nom de l’intérêt supérieur de la nation et de la paix : cela resta dans l’Histoire sous le nom des emprunts russes.

Le Bûcher des vaniteux
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