Jeudi 9 juin 2011

Cannabis, la tentation de la légalisation

La querelle est aussi vieille que la loi de 1970. Depuis que la consommation de cannabis est officiellement punie de sanctions pénales, il se trouve régulièrement des chanteurs, des acteurs, mais aussi des journaux et des politiques pour prôner la dépénalisation du cannabis. L’exemple de la prohibition américaine d’alcool est toujours donné : c’est la prohibition qui a fait Al Capone ; et la légalisation de l’alcool qui l’a achevé, autant que ses fraudes fiscales et Eliott Ness !

Des médecins n’exerçant plus depuis belle lurette, comme Bernard Kouchner, nous expliquaient doctement qu’après tout le cannabis n’était pas plus toxique que le tabac. Justement. Il serait paradoxal, à l’époque même où le tabac est traqué dans les lieux publics et dénoncé comme fauteur de mort, de céder sur le cannabis. Il est vrai que, depuis les années 70, cette drogue dite douce bénéficie d’une image cool, associée aux slogans hédonistes et pacifistes de la génération 68 : « Il est interdit d’interdire » et « Faites l’amour, pas la guerre ».

Depuis, c’est bien la guerre qu’on a eue, mais celle des gangs, qui ne s’interdisent rien. Une économie de substitution a grandi et prospéré dans de nombreuses banlieues, où les mafieux règnent sur des trafics gigantesques qui font vivre, consentante ou contrainte, une population nombreuse. La situation est telle que le maire de Sevran, ancien communiste devenu Vert, a réclamé l’intervention de l’armée pour séparer les combattants. Imaginons que la proposition militaire soit venue de Claude Guéant, il aurait été accusé d’un nouveau dérapage pour stigmatiser les immigrés.

Mais tout est cul par-dessus tête : le même qui réclame l’intervention de l’armée prône aussi la dépénalisation. Comme s’il déclarait la guerre et la capitulation en même temps. De Gaulle et Pétain à la fois. Pénaliser n’empêche pas de se droguer. Mais dépénaliser n’empêche pas la criminalité de festoyer. La Hollande le prouve, qui annonce la fermeture programmée de ces célèbres coffee shops, où on ne vendait pas du café mais de la drogue. Le cannabis était en vente libre par petites doses. Au bout de trente ans, le résultat est édifiant : les mafias, les guerres de gangs, la drogue, douce et dure, cannabis et héroïne en masse, et des montagnes de narcodollars qui pourrissent toute la région. Une sorte d’ONU du crime s’est donné rendez-vous à Amsterdam : triades chinoises, cartels colombiens, gangs africains, israéliens, marocains.

Le criminologue Xavier Raufer annonce une rupture majeure dans la géopolitique du cannabis, avec l’herbe Sinsemilla, cultivée en Europe, qui vient concurrencer la traditionnelle résine marocaine. De quoi provoquer de nouveaux affrontements de gangs, de plus en plus sanglants. On est loin, très loin, des gentils fumeurs de pétards avec des fleurs dans les cheveux. Comme si, en cette période de Pentecôte, juive et chrétienne, nous devions absolument donner raison à la parabole biblique : les parents ont mangé des raisins trop verts et les enfants en ont eu les dents agacées.

Le Bûcher des vaniteux
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