Mercredi 16 novembre 2011

Pourquoi ?

Pourquoi si tard ? Pourquoi si près de la fin du mandat ? Pourquoi si près de l’élection présidentielle ? Les questions affluaient à la suite du discours présidentiel. Pourquoi une intervention du chef de l’État lui-même, pour un sujet qui relève plutôt des compétences du Premier ministre ? Pourquoi voyait-on si bien le candidat Sarkozy derrière le Président ? Pourquoi parler seulement des arrêts maladie ? Et la fraude à la CMU ? Les fausses cartes Vitale ? Les fausses femmes isolées ? Pourquoi cette distinction maintenue entre le privé et le public ? Quatre jours de carence pour les gens du privé, un seul pour ceux du public, alors même que ces derniers, qui ont déjà la sécurité de l’emploi, prennent plus d’arrêts maladie que leurs collègues du privé, le pompon revenant aux agents des collectivités locales, engagés en grand nombre depuis dix ans et dont la productivité n’est pas la qualité la plus remarquée.

Pourquoi cette impression déplaisante qu’on insiste davantage sur la fraude des assurés que sur celle des patrons qui ne payent pas de cotisations sociales ? Et les médecins qui améliorent leur ordinaire en multipliant les certificats de complaisance ? Et ces médecins qui s’exécutent sous la menace ? Que fait la police ? Pourquoi le gouvernement s’en prend-il enfin à la fraude au moment où la déjà modeste croissance s’essouffle encore, et quand les pauvres risquent d’être de plus en plus nombreux et de plus en plus tentés de frauder ?

Pourquoi la gauche est-elle si prévisible quand elle dénonce la guerre aux pauvres, alors que ce sont les classes populaires qui ne supportent pas la triche, la fraude de leurs voisins ? Les classes populaires qui se font une haute idée de la solidarité nationale et refusent de payer pour les tire-au-flanc fraudeurs, surtout quand ils sont étrangers. Pourquoi la droite donne-t-elle l’impression de courir après le Front national, alors que c’est Nicolas Sarkozy qui avait été élu sur la valeur travail, le mérite, l’effort ? Pourquoi le gouvernement perd-il si facilement sa crédibilité lorsque l’opposition lui rappelle qu’il vient de réduire l’ISF ? Pourquoi devoir choisir entre lutter contre la fraude sociale et lutter contre la fraude fiscale ? Comment justifier la lutte contre la fraude des petits, quand les inégalités de revenus ont beaucoup augmenté, dans un pays qui voue un culte à la déesse Égalité ? Pourquoi avoir mis cinq ans à revenir prudemment à cette TVA sociale qui ressemble de plus en plus à une Arlésienne ?

Oui, pourquoi ces pudeurs, ces demi-mesures, ce côté bricolage, rustine, alors même que, dans sa dernière intervention, François Fillon avait fort bien posé le diagnostic d’une économie française qui repose excessivement sur le seul moteur de la consommation, un moteur unique, alimenté excessivement par les transferts sociaux, eux-mêmes financés depuis des années par l’endettement ? Oui, pourquoi ces annonces à répétition, tous les trois jours, de mesures de rigueur et pourquoi cette impression désagréable qu’on ne lève qu’un bout de rideau sur la pièce qui nous attend après 2012 ? Alors oui, pourquoi ?

Le Bûcher des vaniteux
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