Lundi 17 octobre 2011

La guerre des deux gauches est relancée

La gauche molle a battu la gauche sectaire. Au-delà de la plaisanterie tentante, inévitable, c’est toute l’ambiguïté d’une primaire à la fois dynamique, démocratique et d’un combat fratricide. En 2007, la droite sarkoziste n’avait eu qu’à piocher dans les attaques de ses rivaux pour démolir la crédibilité de Ségolène Royal. Mais, plus profondément, cette primaire socialiste a réveillé la guerre des deux gauches. La première, étatiste, jacobine, dirigiste, protectionniste, contre la seconde, libérale, girondine, européiste, libre-échangiste. La première qui gagnait naguère les élections avec Mitterrand, la seconde avec Rocard, Delors, qui, depuis 1983, gouvernait.

Avec la victoire de Hollande, c’est la grande revanche des rocardiens et autres deloriens. Le paradoxe est que cette victoire est obtenue contre la fille de Jacques Delors. Mais c’était là toute l’ambiguïté du maire de Lille. Aubry était soutenue par la gauche du parti, mais elle était en vérité à peu près interchangeable avec son rival d’un jour. Son positionnement, à gauche toute, avait des allures fallacieuses, tactiques. Ce qu’elle croyait synthèse s’est révélé faiblesse. Arnaud Montebourg ne s’y est pas trompé, qui a quand même voté Hollande. Comme Valls. Le chantre de la démondialisation se retrouvait ainsi avec celui de la mondialisation heureuse.

Hollande penche nettement du côté de Valls. Il a refusé d’employer le mot « protectionnisme ». Il ne fera rien qui mettrait en danger l’Europe. Les marchés n’ont rien à craindre non plus. Il a joué sa crédibilité, dès le début, en se souciant de la dette. Il s’est installé au centre gauche, promettant de la rigueur et des hausses d’impôts. Avec son profil de Barre de gauche, la grande victime de sa victoire s’appelle François Bayrou qui ne pourra pas, comme en 2007, attirer les voix de gauche en quête de candidats crédibles.

En revanche, l’espace à gauche est libéré. Mélenchon peut sabrer le champagne, ressortir ses diatribes contre DSK, l’affameur des peuples. Marine Le Pen aussi peut être satisfaite. Hollande ne risque pas de piétiner ses plates-bandes populaires. Plus politiquement correct qu’Hollande, tu meurs. Le chéri des médias n’a pas dit un mot sur l’immigration. Il avalisera, quoi qu’il en pense, les grandes percées sociétales du programme du PS sur le droit de vote des étrangers ou le mariage homosexuel. Reste Nicolas Sarkozy. On a bien senti qu’il aurait préféré affronter Martine Aubry pour soigner son profil moderniste contre la gauche archaïque. Avec Hollande, ce sera l’inexpérience. Hollande n’a jamais été ministre, même pas le plus petit maroquin. C’est un élu local, roi d’un parti d’élus locaux. C’est la France moyenne des petites villes qui lui a permis de vaincre la candidate des grandes villes. En pleine tempête de l’euro, Sarkozy jouera le professionnel aguerri contre le provincial amateur. C’est sans doute sa seule chance de renverser le destin. Mais en 1981, Giscard avait déjà joué ce rôle-là et avait été battu.

Le Bûcher des vaniteux
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