Jeudi 8 décembre 2011

L’appétit qatari pour le ballon rond

Le football a toujours été la continuation de la politique par d’autres moyens. C’est sans doute Mussolini qui le premier utilisa, en propagandiste habile, les victoires de l’équipe italienne de football aux Coupes du monde de 1934 et de 1938 pour vanter la supériorité du régime fasciste. L’Allemagne se sentit vraiment réintégrée dans la communauté des nations civilisées après la guerre, lorsqu’elle gagna la Coupe du monde en 1954. Les généraux brésiliens au pouvoir dans les années 60 utilisèrent largement le génie de Pelé comme vitrine avenante de leur dictature féroce. Jusqu’à Chirac et Jospin qui exploitèrent comme ils purent la victoire de Zidane et de ses copains en 1998.

Mais avec le Qatar, si c’est toujours du football et de la politique, c’est une autre histoire qui s’écrit. Les Qataris n’ont pas d’équipe nationale digne de ce nom ; ils n’ont pas de tradition de football. Mais ils ont de l’argent. Beaucoup d’argent. Énormément d’argent. Du pétrole comme s’il en pleuvait, et si cela ne suffisait pas, les troisièmes réserves de gaz mondiales. Mais ils ont aussi des voisins. L’Arabie Saoudite : encore plus de pétrole, encore plus de richesses et une alliance avec la puissance américaine, scellée par Roosevelt en 1945. Et puis, l’Iran, son régime islamique, son chiisme militant, sa force nucléaire en gestation.

Le Qatar, à côté des deux géants, c’est Lilliput au pays de l’or noir. Il ne lui servait à rien de se forger une armée pour se protéger contre les menaces potentielles. Alors, pour exister dans cet univers géopolitique dangereux, le Qatar a investi habilement les médias et le sport. Les médias, avec la chaîne Al Jazeera, la CNN du monde arabe. Et le sport : organisation de la Coupe du monde de football en 2022, mondial de hand en 2015, mondiaux d’athlétisme en 2017. Le football est son domaine d’élection. Les joueurs du meilleur club du monde, le FC Barcelone, portent désormais sur leur maillot son blason : la Qatar Foundation. Personne n’ignore en France que le Paris Saint-Germain est devenu sa chose, pour une trentaine de millions d’euros. Une bagatelle à côté de ce qu’aurait coûté le rachat d’un club anglais ou italien.

Le Qatar est devenu l’hyperpuissance du sport, pour reprendre l’expression du spécialiste des relations internationales Pascal Boniface. Il joue de ce moyen d’influence pour exister médiatiquement et diplomatiquement. La pétromonarchie pousse jusqu’à l’incandescence, jusqu’à la caricature, les liens entre football, télé, argent. Elle régnera sans partage sur le foot français ; nos politiques, tous élus locaux, ne pourront rien lui refuser. Elle imite Canal+ pour mieux remplacer la chaîne cryptée. Après le PSG, les droits télé. Sans avoir de relais télévisé en France ? Cela ne saurait tarder. En attendant, ils ont déjà le directeur de la future chaîne, l’ancien patron du foot sur Canal, Charles Biétry. Dans ses emplettes, celui-ci a volontairement laissé les plus belles affiches et surtout la finale de la Champion’s League aux chaînes gratuites. « J’aime trop les gens qui aiment le foot », a-t-il expliqué, magnanime. Notre maître est trop bon.

Le Bûcher des vaniteux
titlepage.xhtml
cover.html
ident1.html
pre2.html
c1_split_000.html
c1_split_001.html
c1_split_002.html
c1_split_003.html
c1_split_004.html
c1_split_005.html
c1_split_006.html
c1_split_007.html
c1_split_008.html
c1_split_009.html
c1_split_010.html
c1_split_011.html
c1_split_012.html
c1_split_013.html
c2_split_000.html
c2_split_001.html
c2_split_002.html
c2_split_003.html
c2_split_004.html
c2_split_005.html
c2_split_006.html
c2_split_007.html
c2_split_008.html
c2_split_009.html
c2_split_010.html
c2_split_011.html
c3_split_000.html
c3_split_001.html
c3_split_002.html
c3_split_003.html
c3_split_004.html
c3_split_005.html
c3_split_006.html
c3_split_007.html
c3_split_008.html
c3_split_009.html
c3_split_010.html
c3_split_011.html
c3_split_012.html
c3_split_013.html
c3_split_014.html
c3_split_015.html
c3_split_016.html
c3_split_017.html
c4_split_000.html
c4_split_001.html
c4_split_002.html
c4_split_003.html
c4_split_004.html
c4_split_005.html
c4_split_006.html
c4_split_007.html
c4_split_008.html
c4_split_009.html
c4_split_010.html
c4_split_011.html
c4_split_012.html
c4_split_013.html
c4_split_014.html
c4_split_015.html
c4_split_016.html
c5_split_000.html
c5_split_001.html
c5_split_002.html
c5_split_003.html
c5_split_004.html
c5_split_005.html
c5_split_006.html
c5_split_007.html
c5_split_008.html
c5_split_009.html
c5_split_010.html
c5_split_011.html
c5_split_012.html
c5_split_013.html
c5_split_014.html
c5_split_015.html
c5_split_016.html
c6_split_000.html
c6_split_001.html
c6_split_002.html
c6_split_003.html
c6_split_004.html
c6_split_005.html
c6_split_006.html
c6_split_007.html
c6_split_008.html
c6_split_009.html
c6_split_010.html
c6_split_011.html
c6_split_012.html
c6_split_013.html
c6_split_014.html
c7_split_000.html
c7_split_001.html
c7_split_002.html
c8_split_000.html
c8_split_001.html
c9_split_000.html
c9_split_001.html
c9_split_002.html
c9_split_003.html
c9_split_004.html
c9_split_005.html
c9_split_006.html
c9_split_007.html
c9_split_008.html
c9_split_009.html
c9_split_010.html
c9_split_011.html
c9_split_012.html
c9_split_013.html
c10_split_000.html
c10_split_001.html
c10_split_002.html
c10_split_003.html
c10_split_004.html
c10_split_005.html
c10_split_006.html
c10_split_007.html
c10_split_008.html
c10_split_009.html
c10_split_010.html
c10_split_011.html
c10_split_012.html
c10_split_013.html
c11_split_000.html
c11_split_001.html
c11_split_002.html
c11_split_003.html
c11_split_004.html
c11_split_005.html
c11_split_006.html
c11_split_007.html
c11_split_008.html
c11_split_009.html
c11_split_010.html
c11_split_011.html
c11_split_012.html
c11_split_013.html
c11_split_014.html
c11_split_015.html
c12_split_000.html
c12_split_001.html
c12_split_002.html
c12_split_003.html
c12_split_004.html
c12_split_005.html
c12_split_006.html
c12_split_007.html
c12_split_008.html
c12_split_009.html
c12_split_010.html
c12_split_011.html
c12_split_012.html
c12_split_013.html
c12_split_014.html
c12_split_015.html
collec3.html