Le Ruisseau-Diamant

Le camion s’arrêta au gué, les gens commencèrent à descendre en passant lentement, maladroitement leurs jambes raides par-dessus la rambarde du Studebaker. La rive gauche de la rivière était basse, la rive droite rocheuse, comme il se devait selon les théories de l’académicien Ber[82]. Nous quittâmes la route et nous retrouvâmes directement dans le ruisseau de montagne, nous fîmes deux cents pas sur des pierres sèches bien lavées qui grondaient sous nos pieds. Le ruban sombre de l’eau qui semblait si étroit vu du bord était en fait un torrent large et rapide. Une barque à fond plat nous attendait ; le passeur, muni d’une perche en guise de rames, transporta trois passagers puis revint à vide. La traversée se prolongea jusqu’au soir. Nous mîmes longtemps à escalader l’autre rive, le long d’un petit sentier pierreux, nous aidant les uns les autres comme des alpinistes. La sente étroite qu’on voyait à peine au milieu de l’herbe jaune et fanée conduisait à une gorge où le sommet des montagnes se fondait dans l’horizon bleuté, à gauche et à droite : le ruisseau de cette gorge portait le nom de « Diamant ».

C’était une mission étonnante, ce fameux Ruisseau-Diamant, un lieu convoité depuis longtemps, depuis nos fronts de taille aurifères, au sujet duquel on racontait des légendes. On disait qu’il n’y avait là ni soldats d’escorte, ni contrôles, ni appels interminables, ni barbelés, ni chiens.

Nous étions habitués au claquement des culasses de fusil, nous savions par cœur l’avertissement des soldats d’escorte : « Un pas sur la gauche ou sur la droite sera considéré comme une tentative d’évasion. En avant, marche ! » Et nous marchions tandis qu’un plaisantin répétait l’éternel mot d’esprit du camp : « Un saut en l’air sera considéré comme de la propagande. » On lançait cette pique hargneuse de façon que le soldat d’escorte ne pût l’entendre. Elle nous apportait un peu de réconfort, nous procurait un petit soulagement momentané. Cet avertissement, nous l’entendions quatre fois par jour : le matin, quand on nous emmenait au travail ; à midi, pour l’aller et retour du déjeuner ; et le soir, en guise de sermon, quand on nous ramenait à la baraque. Et, chaque fois, il se trouvait quelqu’un pour répéter la remarque sur le saut en l’air, sans que cela importune ou exaspère quiconque. Au contraire, nous étions prêts à l’entendre des milliers de fois.

À présent, nos rêves s’étaient réalisés, nous étions au Ruisseau-Diamant, nous n’avions pas d’escorte et seul un jeune homme à la barbe noire qu’il s’était visiblement laissé pousser pour « faire plus âgé » surveillait notre traversée, armé d’une Ijevka. On nous avait déjà expliqué que c’était le chef du secteur forestier – notre chef –, un contremaître libre.

Au Ruisseau-Diamant, on fabriquait des poteaux pour des lignes électriques à haute tension.

Il n’y a pas beaucoup d’endroits, à la Kolyma, où on trouve de grands arbres ; nous allions procéder à des coupes « sélectives » : le travail le plus avantageux pour nous autres détenus.

La taille aurifère, c’est un travail qui tue – et rapidement, qui plus est. La ration y est élevée, mais au camp, c’est la grosse ration qui tue et non la petite. Nous avons constaté depuis longtemps la véracité de ce dicton du camp. Tous les chocolats du monde ne suffiraient pas à remettre sur pied un « crevard ».

Une coupe sélective est plus avantageuse qu’un abattage systématique, car la forêt est clairsemée et petite ; il n’y a pas de géants parmi ces arbres poussés dans des marécages et le débardage consiste à transporter le bois sur son dos, dans la neige friable, ce qui est une véritable torture. On ne saurait en revanche faire débarder à dos d’homme les poteaux de douze mètres destinés à la ligne électrique. Ce travail est effectué par un cheval ou un tracteur. Donc, on peut vivre. En outre, cette mission était dépourvue d’escorte, il n’y aurait donc ni cachot ni coups ; et le chef de secteur était un libre, un ingénieur ou un technicien : nous avions eu de la chance, c’était incontestable.

Nous passâmes la nuit sur la rive et, au matin, gagnâmes notre baraque par une petite sente. Le soleil n’était pas encore couché quand nous arrivâmes à une bâtisse en rondins tout en longueur, au toit recouvert de mousse et de pierres. Cinquante-deux personnes vivaient dans cette baraque, sans nous, qui étions vingt. Les châlits en planches étaient hauts et le plafond bas, de sorte qu’on ne pouvait se tenir debout que dans l’allée.

Le chef était un gars leste et prompt. Il parcourut les rangs de ses nouveaux travailleurs d’un regard jeune, mais expérimenté. Mon écharpe l’intéressa immédiatement. Elle n’était pas en laine, bien sûr, mais en coton ; ce n’en était pas moins une vraie écharpe, une écharpe de libre. Un aide-médecin de l’hôpital me l’avait offerte l’année précédente et je ne m’en étais plus séparé, ni en hiver ni en été. Je l’avais lavée comme je pouvais aux bains, mais je ne l’avais jamais donnée à la désinfection. L’étuve n’aurait pas détruit les nombreux poux qui s’y trouvaient ; en revanche, on me l’aurait immédiatement volée. Mes voisins de baraque, de vie et de travail la convoitaient, comme il se doit. Tout le monde, d’ailleurs, la voulait : pourquoi ne pas s’offrir du tabac ou du pain, puisque n’importe quel libre était prêt à payer pour l’avoir ? Quant aux poux, il aurait suffi de la passer à la vapeur pour s’en débarrasser. Seulement un détenu n’avait pas les moyens de le faire. Avant de m’endormir, j’attachais héroïquement mon écharpe autour de mon cou en faisant de gros nœuds et j’étais torturé par les poux auxquels on ne s’habitue jamais, pas plus qu’on ne peut s’habituer au froid.

— Tu ne la vendrais pas ? me demanda le gars à la barbe noire.

— Non, répondis-je.

— À ta guise. Tu n’as pas besoin d’écharpe.

Cette conversation ne me plut guère. De plus, on ne nous nourrissait qu’une fois par jour, après le travail. Le matin, nous n’avions que de l’eau chaude et du pain. J’avais déjà vu ce genre de pratique. Les chefs se souciaient peu de l’organisation des repas des détenus, chacun choisissait la formule la plus simple pour lui.

Tous les vivres étaient gardés par le contremaître libre ; il habitait dans une minuscule cabane située à dix pas de la baraque, avec son Ijevka. Ce mode de garde des vivres était aussi une nouveauté : d’ordinaire, on ne les stockait pas chez les responsables de la production, mais chez les détenus eux-mêmes ; de toute évidence, la règle en vigueur au Ruisseau-Diamant était plus raisonnable : il est toujours dangereux et risqué de laisser les denrées entre les mains de détenus affamés, tout le monde en était conscient.

Nous allions travailler loin, à quatre kilomètres environ, et il était clair que, de jour en jour, la coupe allait s’enfoncer plus profondément dans la gorge.

Une longue marche, même sous escorte, avantageait le détenu car, plus le trajet était long, moins il restait de temps pour le travail proprement dit, en dépit de tous les calculs des normeurs et des contremaîtres.

Le travail n’était ni meilleur ni pire que tout travail de détenu en forêt. Nous abattions les arbres que le contremaître avait marqués par des encoches, nous les coupions à ras des racines et les débarrassions des grosses branches que nous mettions en tas. Le plus dur était de poser le pied de l’arbre sur un petit billot pour le protéger de la neige, mais le contremaître savait que le débardage serait fait d’urgence, qu’il y aurait des tracteurs, et qu’au début de l’hiver, la neige ne serait pas assez épaisse pour recouvrir ces arbres abattus ; il n’exigeait donc pas toujours qu’on mît l’arbre sur un billot.

La vraie surprise fut pour le soir.

Au Ruisseau-Diamant, on mangeait les trois repas au moment du dîner. Or, l’ensemble n’avait pas l’air plus copieux ni plus nourrissant qu’un simple déjeuner ou dîner au gisement. Mon estomac me dit avec insistance que par la quantité de calories et la qualité nutritive, ce repas était encore plus pauvre qu’au gisement où nous touchions déjà la moitié de la ration prévue : le reste demeurait dans les gamelles des chefs, des hommes de service et des truands. Mais je n’avais pas confiance en mon estomac constamment affamé. Ses évaluations étaient exagérées dans un sens ou dans l’autre : il en voulait trop, il exigeait de façon trop obsédante, il était trop passionné.

Après le dîner, personne ne se coucha, Dieu sait pourquoi. Visiblement tout le monde attendait quelque chose. Un appel ? Non, il n’y en avait pas ici. La porte s’ouvrit enfin et l’infatigable contremaître à la barbe noire entra dans la baraque, un papier à la main. Le responsable de baraque enleva la veilleuse à essence qui se trouvait sur les châlits du haut et la posa sur la table au milieu de la baraque. Le contremaître s’assit en pleine lumière.

— C’est pour quoi ? demandai-je à mon voisin.

— Les pourcentages de la journée, me répondit-il.

Dans sa voix, je saisis une nuance qui m’épouvanta, une nuance que j’avais déjà entendue dans des circonstances très graves, quand on donnait tous les jours aux victimes de l’année 38 une « tâche individuelle » dans les tailles aurifères[83]. Je ne pouvais m’y tromper. Il y avait là quelque chose d’inconnu, même pour moi, une innovation dangereuse.

Sans regarder personne, le contremaître lut d’une voix égale et fastidieuse les noms et les pourcentages de chacun, puis il plia soigneusement son papier et sortit. La baraque demeura silencieuse. On n’entendait que la respiration oppressée de quelques dizaines de personnes dans l’obscurité.

— Celui qui a fait moins de cent pour cent, m’expliqua mon voisin d’une voix ragaillardie, n’aura pas de pain demain.

— Du tout ?

— Du tout.

Je n’avais jamais vu ça nulle part. Dans les gisements, on déterminait la ration en fonction de la production de dix jours de chaque brigade. Au pire, on attribuait la ration disciplinaire, trois cents grammes, mais il n’y avait jamais de privation totale de pain.

Je réfléchis intensément. Le pain, c’était notre nourriture principale. La moitié de nos calories. Le reste était quelque chose de fluctuant dont la valeur nutritive dépendait de mille facteurs quotidiens : de l’honnêteté du cuisinier, de son état de rassasiement et de son application au travail, car un cuisinier fainéant se faisait aider par des « travailleurs » qu’il nourrissait ; d’un contrôle énergique et vigilant ; de l’honnêteté des autorités et de l’homme de service ; du rassasiement et de la correction de l’escorte ; de l’absence ou de la présence de truands. Enfin – et c’était là le fait du hasard –, si la louche du distributeur ne puisait que du liquide, la valeur nutritive du repas risquait d’être réduite pratiquement à néant.

Notre contremaître expéditif calculait les pourcentages de façon tout à fait arbitraire, bien entendu. Et je me jurai à moi-même que, si cette privation de pain devait m’être un jour appliquée en guise de méthode d’incitation à la production, j’agirais.

Une semaine s’écoula, qui me donna le loisir de comprendre pourquoi le chef gardait les vivres sous sa couchette. Quant à mon écharpe, il ne l’avait pas oubliée.

— Écoute, Andreïev, vends-moi ton écharpe.

— C’est un cadeau, citoyen-chef.

— Ne sois pas ridicule.

Mais je refusai net. Le soir même, je me retrouvai sur la liste de ceux qui n’avaient pas rempli la norme. Je ne cherchai pas à démontrer quoi que ce soit. Le lendemain matin, j’ôtai mon écharpe et la donnai à notre cordonnier.

— Seulement, attention, passe-la à la vapeur.

— Je vois, je ne suis pas né d’hier, répondit joyeusement le cordonnier, tout réjoui par son acquisition inattendue.

En échange, il me donna une ration de cinq cents grammes de pain. J’en mangeai un morceau et cachai le reste contre ma poitrine. Je bus de l’eau chaude et partis au travail avec tout le monde, mais je restai en arrière, puis je quittai la route et m’enfonçai dans le bois ; après avoir contourné le campement à bonne distance, je longeai la route par laquelle j’étais arrivé un mois auparavant. Je marchai à une demi-verste de la voie, nullement gêné par la neige qui venait de tomber ; le contremaître à la barbe noire n’avait pas de chiens et ce n’est que plus tard que j’appris qu’il avait réussi à arriver à skis jusqu’à la cabane du passeur – ici, la rivière noire ne gelait pas bien longtemps – et à avertir le camp de mon évasion par l’intermédiaire d’une escorte de passage.

Je m’assis dans la neige et enroulai des chiffons autour de mes bourki, en dessous des genoux. Ce genre de chaussures n’avait de bourki que le nom. C’était un modèle local, une production économique de temps de guerre. On en fabriquait des centaines avec de vieux pantalons ouatés et piqués, complètement usagés. La semelle, elle aussi, était taillée dans de vieux pantalons : on la cousait et recousait en long et en large et on la munissait de cordonnets. On nous distribuait également des chaussettes russes en flanelle : c’est ainsi qu’on chaussait des travailleurs qui extrayaient de l’or par moins cinquante à moins soixante degrés. En forêt, ces bourki, déchirées par les branches et les brindilles, se défaisaient au bout de quelques heures de travail. Elles résistaient quelques jours dans les tailles aurifères. On les rapetassait la nuit, dans des ateliers de cordonnerie, à la va-vite. Au matin, la réparation était terminée. On rajoutait couche sur couche sur les semelles, la chaussure devenait complètement informe et semblable à une rive de ruisseau de montagne mise à nu après un éboulement. Chaussé de telles bourki, un bâton à la main, je marchai en direction de la rivière, à quelques kilomètres en amont du gué. Je me laissai glisser en bas de la pente rocheuse et escarpée, et la glace se mit à craquer sous mes pas. Soudain, un long creux de rivière me barra la route, une trouée dont on ne voyait pas les extrémités. La glace se rompit, je posai légèrement le pied dans l’eau fumante et perlée, et je sentis les aspérités des pierres qui tapissaient le fond, à travers ma semelle ouatée. Je relevai mon pied très haut, les bourki gelées étincelèrent, puis je l’enfonçai plus profondément dans l’eau qui m’arriva au-dessus du genou : ainsi, tout en m’aidant du bâton, je réussis à traverser le ruisseau. Une fois de l’autre côté, je tapotai soigneusement mes bourki avec mon bâton et grattai la glace qui s’était formée sur mes chaussures et mon pantalon. Mes pieds étaient au sec. Je palpai le bout de pain que j’avais caché contre ma poitrine et partis en longeant la rive. Au bout de deux heures environ, je débouchai sur la route. Il m’était agréable de marcher sans mon écharpe pleine de poux : j’avais l’impression que mon cou et ma gorge se reposaient, à l’abri d’une vieille serviette, un « change » que m’avait donné le cordonnier à la place de mon écharpe.

Je n’avais pas de bagage. Il est très important d’avoir les mains libres, hiver comme été, si on veut faire une longue route. Les bras participent au mouvement et se réchauffent au rythme de la marche, comme les jambes. Seulement, il ne faut rien tenir à la main : même un crayon paraît insupportablement lourd au bout de vingt à trente kilomètres. Je savais tout cela depuis longtemps. Je savais également autre chose : si on est capable de porter une charge d’une seule main sur quelques pas, on peut la porter, la traîner à l’infini, car on trouvera toujours un deuxième, un troisième, un dixième souffle. Quand on est à bout de forces, on vient à bout de toutes les distances. Et il est même plus facile en hiver qu’en été de progresser sur un terrain plat, à condition que le froid ne soit pas trop vif. Je ne pensais à rien, d’ailleurs on ne peut pas penser dans le froid : le froid enlève toute faculté de penser et transforme rapidement et facilement l’homme en bête sauvage. Je marchais sans me livrer à aucun calcul précis, mû par le seul désir de me sauver de cette maudite mission sans escorte. À une trentaine de kilomètres du camp, sur la route, des bûcherons vivaient dans une petite isba et j’espérais pouvoir m’y réchauffer et même, si tout allait bien, y passer la nuit.

Il faisait déjà sombre quand j’arrivai à cette isba, en ouvris la porte et pénétrai dans la baraque après avoir traversé un nuage de vapeur glacée. Un homme assis derrière un poêle russe se leva pour m’accueillir : c’était Stépane Jdanov, le chef des bûcherons, que je connaissais bien, un détenu, évidemment.

— Déshabille-toi, assieds-toi.

Je me déshabillai lentement, me déchaussai et suspendis mes habits près du poêle.

Stépane ouvrit la porte du poêle et, après avoir enfilé un gant, en retira un pot.

— Assieds-toi, mange.

Il me donna du pain et de la soupe.

Je me couchai à même le sol, mais je ne m’endormis pas tout de suite : j’avais mal aux bras et aux jambes.

Stépane ne me demanda ni d’où je venais ni où j’allais. Sa délicatesse s’est gravée pour toujours dans mon souvenir. Je ne le revis plus jamais. Mais je me rappelle aujourd’hui encore la soupe de millet brûlante, l’odeur de bouillie brûlée qui évoquait celle du chocolat et le goût de la pipe à long fourneau que Stépane me tendit au moment de l’adieu, après l’avoir essuyée d’un revers de manche, pour que je puisse « fumer un coup » avant de partir.

Arrivé au camp dans la sombre soirée d’hiver, je m’assis dans la neige, près du portail.

Et voilà : j’allais rentrer et tout allait prendre fin. C’en était terminé de ces deux merveilleuses journées de liberté après tant d’années de prison ; j’allais retrouver les poux, la pierre gelée, la vapeur blanche, les coups, la faim. Tiens, un acteur de la brigade culturelle était en train de franchir le poste de garde pour rentrer au camp, un solitaire sans escorte. Je le connaissais bien. Et voilà qu’arrivaient les ouvriers de la scierie, ils piétinaient sur place pour ne pas geler complètement, tandis que l’homme d’escorte, entré au poste de garde, ne se pressait pas, lui, il était bien au chaud. Voilà qu’arrivait le chef de camp, le lieutenant Kozytchev, qui jetait un mégot de… Kazbek dans la neige ; et les ouvriers scieurs qui attendaient près du poste de garde se précipitaient immédiatement sur ce mégot. Il était temps d’y aller. Pas question de rester là toute la nuit. Je devais tâcher de mener à terme ce que j’avais projeté. Je poussai la porte et entrai dans le couloir. J’avais dans les mains une déclaration écrite destinée au chef dans laquelle je décrivais les dispositions en vigueur à la mission sans escorte. Kozytchev lut ma déclaration et me fit mettre à l’isolateur. J’y dormis jusqu’à ce qu’on me convoque chez le juge d’instruction mais, comme je l’avais pensé, on ne me colla pas de nouvelle « affaire » : j’avais une longue peine. « Tu vas aller dans un gisement disciplinaire », me dit le juge d’instruction. On m’y envoya en effet au bout de quelques jours. On ne gardait jamais très longtemps les détenus au camp de transit central.

1959

Récits de la Kolyma
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