Douleur[27]

C’est une histoire étrange, tellement étrange que ne saurait la comprendre celui qui n’a pas été au camp, qui n’a pas connu les gouffres obscurs du monde criminel, du royaume des truands. Les camps, ce sont les bas-fonds de la vie. Le monde criminel, ce n’est pas l’ultime fond des bas-fonds. C’est autre chose, un autre monde, qui n’a rien d’humain.

On dit que l’histoire se répète : la première fois comme tragédie, la deuxième fois comme farce.

Non. Il est encore un troisième reflet des mêmes événements, du même sujet – un reflet dans le miroir concave du monde souterrain. Une trame inimaginable et cependant bien réelle qui existe vraiment et vit à côté de nous.

Dans ce miroir concave des sentiments et des actions, on voit se refléter les potences tout à fait réelles des règlements de comptes, des « tribunaux d’honneur » des truands, en vigueur dans les gisements aurifères. On y joue à la guerre, on y refait les spectacles de la guerre, mais c’est du vrai sang qui coule.

Il y a le monde des forces supérieures, le monde des dieux d’Homère qui descendaient sur terre pour se montrer à nous et améliorer la race humaine par leur exemple. Il est vrai que les dieux retardent. Homère louait les Achéens, et nous, nous sommes enthousiasmés par Hector : le climat moral s’est quelque peu modifié. Parfois, les dieux appelaient un homme au ciel pour en faire le spectateur de « scènes sublimes[28] ». Tout cela a été déchiffré depuis longtemps par les poètes. Il y a aussi un monde et un enfer souterrains d’où les gens reviennent parfois, où ils ne disparaissent pas à jamais. Pourquoi reviennent-ils ? Leur cœur est empli d’une angoisse éternelle, d’une horreur éternelle de ce monde des ténèbres qui n’est nullement d’outre-tombe.

Ce monde est plus réel que les cieux d’Homère.

Chelgounov « freinait des quatre fers » pour rester dans un camp de transit à Vladivostok ; réfractaire au travail, déguenillé, sale et affamé, il n’était pas mort sous les coups de l’escorte. Il fallait vivre, mais il y avait ces bateaux semblables aux wagons pour les chambres à gaz d’Auschwitz qu’on envoyait de l’autre côté de la mer – bateau après bateau, convoi après convoi. De cet autre côté de la mer d’où personne ne revenait, Chelgounov y était déjà allé l’année précédente ; il avait séjourné dans une vallée de la mort, à l’hôpital où il avait attendu son renvoi sur le continent : on n’avait pas voulu de ce squelette pour les gisements.

À présent, le danger se faisait de nouveau proche ; Chelgounov ressentait de plus en plus nettement toute l’instabilité de la condition de prisonnier. Et il n’y avait aucune issue à cette instabilité, à cette précarité.

Le camp de transit, c’était un énorme bourg coupé dans toutes les directions par les carrés réguliers des zones, entortillé dans du fil de fer et constamment sous le feu de centaines de miradors, éclairé, illuminé par des milliers de « jupiters » qui aveuglaient les yeux affaiblis des prisonniers.

Les châlits de cet énorme camp de transit – l’antichambre de la Kolyma – tantôt se vidaient brusquement, tantôt se remplissaient à nouveau de gens sales et fourbus, les nouveaux convois venant du monde libre.

Les bateaux revenaient, le camp de transit régurgitait une nouvelle portion de gens, se vidait, puis se remplissait de nouveau.

Dans la zone où vivait Chelgounov, la plus grande zone du camp de transit, on vidait toutes les baraques sauf la neuvième. C’était celle des truands. Le Roi lui-même y festoyait : le caïd. Les surveillants ne s’y montraient pas tous les jours ; le service du camp ramassait sur le seuil les corps de ceux qui avaient transgressé la loi du Roi.

C’était dans cette baraque que les cuisiniers apportaient les meilleurs plats ; et les meilleures affaires – les « chiffons » de tous les convois – étaient obligatoirement jouées dans la baraque numéro neuf, la baraque royale.

Chelgounov, un descendant direct des propriétaires terriens du même nom, dont le père était académicien dans le monde « libre » et la mère professeur, Chelgounov avait vécu depuis sa prime enfance par et pour les livres ; grand lecteur, amoureux de livres, il avait été nourri de littérature russe dès le berceau. Le XIXe siècle, l’âge d’or de l’humanité, avait formé Chelgounov.

Partage ton savoir. Aie foi dans les hommes, aime-les – voilà ce qu’enseignait la grande littérature russe, et Chelgounov se sentait depuis longtemps de force à rendre à la société ce qu’il avait reçu en héritage. À se sacrifier, et pour n’importe qui. À se révolter contre l’injustice, aussi infime fût-elle, surtout s’il en était témoin.

La prison et la relégation, telles furent les premières réponses de l’État aux tentatives de Chelgounov de vivre selon l’enseignement des livres, du XIXe siècle.

Chelgounov était stupéfait de la bassesse des gens qui l’entouraient. Il n’y avait pas de héros au camp. Chelgounov ne voulait pas croire que le XIXe siècle l’avait trompé. La profonde désillusion de l’homme, qui ne l’avait pas quitté pendant l’enquête, le convoi et le transit, fit place soudain à un courage, un enthousiasme renouvelés. Chelgounov avait cherché et trouvé ce qu’il voulait, ce dont il rêvait : des exemples vivants. Il avait rencontré une force au sujet de laquelle il avait beaucoup lu, et la foi en cette force entra dans son sang. Il s’agissait du monde des truands, du monde criminel.

Les gradés méprisaient ses voisins et ses amis, et le méprisaient lui-même, mais ils craignaient et révéraient les criminels.

Voilà un monde qui avait audacieusement pris parti contre l’État, un monde qui pourrait aider Chelgounov dans sa soif romantique et aveugle du bien, ainsi que dans sa soif de vengeance…

— Vous n’auriez pas un rômancier, ici ?

Un type se chaussait, un pied sur le châlit. À sa cravate et ses vraies chaussettes dans un univers où l’on enroulait des chiffons autour des pieds, depuis des années, Chelgounov diagnostiqua sans se tromper : un gars de la baraque numéro neuf.

— Il y en a un. Hé, toi, l’écrivain !

— Il est là, l’écrivain !

Chelgounov se glissa hors de l’obscurité.

— Allons chez le Roi, tu lui éditeras quelque chose.

— Je n’irai pas.

— Comment ça, tu n’iras pas ? Tu seras mort avant ce soir, crétin !

Les belles-lettres avaient fort bien préparé Chelgounov à la rencontre avec le monde criminel. Il franchit pieusement le seuil de la baraque numéro neuf. Tous ses nerfs, toute son aspiration au Bien étaient tendus et vibraient comme des cordes. Chelgounov devait absolument réussir, arracher de haute lutte l’attention, la confiance et l’amour de son grand auditeur, le maître de ces lieux, le Roi. Et Chelgounov eut du succès. Toutes ses tribulations prirent fin quand les lèvres sèches du Roi s’entrouvrirent en un sourire.

Il est difficile de se rappeler tout ce que Chelgounov avait « édité » ! Il n’avait pas voulu ouvrir le jeu par un atout comme Le Comte de Monte-Cristo. Non. Il ressuscita devant le Roi les chroniques de Stendhal et l’autobiographie de Cellini, les légendes sanglantes du Moyen Âge italien.

— Bravo ! bravo ! croassa le Roi, on a bien pompé de la culture !

À partir de ce soir-là, il ne fut plus question d’aucun travail pour Chelgounov au camp. On lui apporta de la nourriture et du tabac et, le lendemain, on le fit passer dans la baraque numéro neuf avec autorisation permanente de séjour si toutefois un tel statut existe au camp.

Chelgounov devint le rômancier de la cour.

— Pourquoi es-tu triste, rômancier ?

— Je pense à la maison, à ma femme…

— Ah !…

— Mais oui : l’enquête, le convoi, le transit. Ils n’autorisent pas la correspondance tant qu’ils ne nous ont pas amenés sur les gisements.

— Va donc, hé ballot ! Et nous, on sert à quoi ? Écris à ta belle et on enverra la lettre, sans boîte à lettres, par notre chemin de fer personnel. Hein, qu’en dis-tu, rômancier ?

— Je vous en serais éternellement reconnaissant.

— Écris donc.

Et Chelgounov se mit à envoyer une lettre par semaine à Moscou.

La femme de Chelgounov était actrice, une actrice de Moscou, fille d’un général.

Au moment de son arrestation, ils s’étaient embrassés :

— Même s’il n’y a pas de lettres pendant un an ou deux, j’attendrai, je serai toujours de ton côté.

— Tu auras des lettres bien avant, l’avait rassurée Chelgounov d’un ton ferme et viril. Je trouverai mes propres voies. Et c’est par ces voies que tu recevras mes lettres et que tu y répondras.

— Oui, oui, oui !

— J’appelle le rômancier ? Tu n’en as pas assez ? demanda avec sollicitude Kolia l’Édenté à son chef. Tu ne veux pas que je t’amène un Pierrot du nouveau convoi ? On peut en avoir des nôtres ou des 58.

Les truands nomment « Pierrot » les pédérastes.

— Non, appelle le rômancier. De la culture, on s’en est gavé, ça oui ! Mais tout ça, c’est du roman, de la théorie. On va encore s’amuser à un petit jeu avec ce cave. Du temps, on en a à revendre.

— Tu vois, rômancier, moi, mon rêve, dit le Roi quand tous les rites du coucher eurent été accomplis (les plantes de pied grattées, la croix mise au cou et les « ventouses » de prison appliquées dans le dos – des pinçons et des tapotements), mon rêve, rômancier, c’est qu’une bonne femme comme la tienne m’écrive des lettres du monde libre. Elle est belle !

Le Roi tourna et retourna la photographie cassée et usée de Marina, la femme de Chelgounov, photographie que ce dernier avait réussi à garder au travers de milliers de fouilles, désinfections et vols.

— Très bien. Parfait pour une séance. La fille d’un général ! Une actrice ! Vous avez de la chance, vous, les caves. Nous, on n’a que des syphilitiques. La blennorragie, on n’y fait même plus attention. Stop, on roupille. Je suis déjà en train de faire un rêve.

Le lendemain soir, le rômancier n’édita pas de rôman.

— Il y a quelque chose en toi qui me plaît, le cave. T’es peut-être un ballot, mais tu as une goutte de sang de filou. Écris donc une lettre pour un camarade, un homme quoi ! T’es un écrivain. Fais quelque chose de tendre et de spirituel. Puisque tu connais tant de rômans. Pour sûr que y’en a pas une qui pourrait résister à tes lettres. Et nous, on est quoi ? Le peuple obscur. Écris ! Le gars recopiera et l’enverra. Vous avez même le même prénom, Alexandre. Quelle farce ! C’est vrai qu’il ne s’appelle Alexandre que dans l’affaire pour laquelle il s’est fait pincer. Mais qu’importe, c’est Alexandre. Choura donc, Chourotchka.

— Je n’ai jamais écrit de lettres comme celles-ci, répondit Chelgounov, mais je peux essayer.

Le Roi fournissait oralement des indications pour chaque lettre et Chelgounov-Cyrano donnait vie à ses desseins.

Chelgounov écrivit une cinquantaine de lettres de ce genre.

Dans l’une, il y avait : « J’ai tout avoué, je demande au pouvoir soviétique de me pardonner. »

— Est-ce que les ourkas, c’est-à-dire les truands, demandent pardon ? dit Chelgounov en s’arrêtant malgré lui.

— Et comment donc ! dit le Roi. C’est un billet clandestin : une tricherie, un camouflage, un bobard. Une ruse de guerre.

Chelgounov ne demanda plus rien, mais écrivit docilement ce que lui dictait le Roi.

Chelgounov relisait les lettres à voix haute, corrigeait le style et était fier de la force encore vive de son cerveau. Le Roi approuvait, entrouvrant à peine ses lèvres en un sourire royal.

Tout a une fin. La rédaction des lettres pour le Roi se termina. Il y avait peut-être une raison sérieuse à cela : le bruit courait – une rumeur – qu’on allait quand même expédier le Roi dans un convoi pour la Kolyma où lui-même avait envoyé tant de gens dans sa vie ponctuée de meurtres et de mensonges. Ça voulait dire qu’on allait l’attraper pendant son sommeil pour le jeter dans le bateau pieds et poings liés. Il était temps de mettre fin à la correspondance, et d’ailleurs cela faisait presque un an que Chelgounov-Cyrano disait des mots d’amour à Roxane avec la voix de Christian. Mais il fallait que le jeu se terminât à la manière des truands : que du vrai sang fût répandu…

Le sang s’était coagulé sur la tempe d’un homme dont le corps gisait aux pieds du Roi.

Chelgounov voulut recouvrir ce visage, ces yeux qui avaient une expression de reproche.

— Tu vois qui c’est ? C’est justement ton homonyme, Choura, pour qui tu écrivais les lettres. Les opérationnels l’ont eu en beauté aujourd’hui, ils lui ont coupé la tête à la hache. Il avait sans doute le visage caché par une écharpe. Écris !

« C’est un camarade de votre Choura qui vous écrit ! On a fusillé Choura hier et je m’empresse de vous écrire que ses dernières paroles… »

— T’as fini ? dit le Roi. On va recopier et on est bon. Tu n’auras plus de lettres à écrire… Cette lettre-là, j’aurais pu aussi bien l’écrire sans toi, poursuivit le Roi en souriant. Nous aimons l’instruction, écrivain. Nous sommes des ignares…

Le Roi avait vu juste : la nuit même, on se saisit de lui et on l’emmena de l’autre côté de la mer.

Chelgounov, qui n’avait plus de liens avec sa famille, perdit aussi l’espoir. Il se battit seul, un an, deux ans, trois ans ; il alla de l’hôpital au travail, indigné contre sa femme qui s’était révélée une salope ou une froussarde, qui n’avait pas utilisé les « voies sûres » de correspondance, qui l’avait oublié, lui, Chelgounov, et avait foulé aux pieds son souvenir.

Mais l’enfer du camp prit fin, lui aussi ; Chelgounov fut libéré et il revint à Moscou.

Sa mère dit qu’elle ne savait rien de Marina. Son père était mort. Chelgounov finit par retrouver la trace d’une amie de Marina, une de ses collègues de théâtre, et il se rendit chez elle.

L’amie poussa un hurlement :

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda Chelgounov.

— Tu n’es pas mort, Choura…

— Comment ça, mort ? Alors que je suis là ?

— C’est le signe que vous vivrez éternellement, dit un homme surgissant de la pièce voisine.

— Vivre éternellement, ce n’est peut-être pas utile, dit doucement Chelgounov. Mais que se passe-t-il ? Où est Marina ?

— Marina est morte. Après qu’on t’a fusillé, elle s’est jetée sous un train. Mais pas au même endroit qu’Anna Karénine, à Rastorgouïev. Elle a mis la tête sous les roues. Ça lui a coupé juste la tête, bien proprement. C’est que tu avais tout avoué et Marina ne voulait pas le croire. Elle avait confiance en toi.

— J’avais tout avoué ?

— Mais oui, tu l’as écrit toi-même. Quant au fait qu’on t’avait fusillé, c’est un de tes camarades qui l’a écrit. Mais voici sa mallette.

Dans la mallette, il y avait les cinquante lettres que Chelgounov avait écrites à Marina de Vladivostok par ses propres voies. Ces voies fonctionnent bien, mais pas pour les caves.

Chelgounov brûla les lettres qui avaient tué Marina. Mais où étaient les lettres de Marina, la photographie qu’elle avait envoyée à Vladivostok ? Chelgounov imagina le Roi en train de lire les lettres d’amour. Il se représenta la photo servant au Roi pour une « séance ». Et Chelgounov se mit à pleurer. Puis il pleura tous les jours, toute sa vie.

Chelgounov se précipita chez la mère de Marina pour essayer de trouver quelque chose, ne fût-ce que quelques lignes écrites de la main de sa femme. Même si elles ne lui étaient pas destinées. Il trouva deux lettres, deux lettres effacées, et Chelgounov les apprit par cœur.

Une fille de général, une actrice, écrit des lettres à un truand. Dans le langage du milieu, il y a le mot « khlestaquer », cela veut dire « se vanter », et c’est la grande littérature qui a donné ce verbe à l’argot des truands. « Khlestaquer », c’est faire son Khlestakov. Le Roi avait eu de quoi se vanter :

— Ce cave est un rômancier. À mourir de rire ! Cher Choura. Voilà comment il faut écrire les lettres, et toi, espèce de salope, tu n’es même pas capable de mettre deux mots ensemble…

Le Roi en train de lire des extraits de son propre rôman à Zoïa Talitova, une prostituée.

— Je n’ai pas fait d’études.

— Pas fait d’études ! Apprenez donc à vivre, créatures !

Debout dans une entrée sombre, à Moscou, Chelgounov pouvait fort bien se représenter tout cela. La scène de Cyrano, Christian et Roxane, jouée au neuvième cercle de l’enfer, pratiquement sur la glace de l’Extrême-Nord. Chelgounov avait accordé sa confiance aux truands et ils lui avaient fait tuer sa femme de ses propres mains.

Les deux lettres avaient pâli, mais l’encre n’avait pas brûlé, le papier ne s’était pas transformé en cendres.

Tous les jours, Chelgounov relisait les lettres. Comment les conserver éternellement ? Avec quelle colle pouvait-on réparer les fentes, les déchirures de ces feuilles jaunies de papier à lettres qui avaient été blanches autrefois ? Surtout pas avec du « verre liquide » : il brûlerait, détruirait le papier.

On peut toujours coller les lettres pour qu’elles vivent éternellement. N’importe quel archiviste connaît le procédé, surtout ceux du musée de la Littérature[29]. Il fallait contraindre les lettres à parler, voilà tout.

Un joli visage féminin était fixé sur le verre près d’une icône russe du XIIe siècle, à peine plus grand que l’icône de la Vierge à trois bras[30]. Le visage féminin, la photographie de Marina, y était tout à fait à sa place et l’emportait sur l’icône. En quoi Marina n’était-elle pas une sainte, en quoi n’était-elle pas digne d’un culte ? En quoi ? Pourquoi tant de femmes sont-elles des saintes, considérées comme égales des apôtres, de grandes martyres, et pourquoi Marina, elle, n’était-elle qu’une actrice, une actrice qui avait mis sa tête sous un train ? Ou alors la religion orthodoxe n’admettait pas les suicidés parmi les anges ?

La photographie se dissimulait au milieu des icônes, elle était elle-même une icône.

Parfois, Chelgounov se réveillait la nuit et, sans allumer la lumière, il cherchait à tâtons sur la table la photographie de Marina. Ses doigts gelés au camp ne pouvaient sentir la différence entre une icône et une photographie, entre le bois et le carton.

Mais peut-être que Chelgounov était tout simplement ivre. Il buvait tous les jours. Bien sûr, la vodka, c’est mauvais, l’alcool est un poison, mais il y a l’antabousse[31] qui vous fait du bien. Et que faire quand il y a l’icône de Marina sur la table ?

— Dis, tu te souviens de ce cave, du rômancier, de l’écrivain, dis, Guenka ? Ou tu l’as déjà oublié ? demanda le Roi quand ce fut le moment de se coucher après que tous les rites eussent été accomplis.

— Comment veux-tu que je l’oublie ? Je m’en souviens parfaitement. Un nigaud, un âne pareil !

Et Guenka fit un geste significatif, les doigts en éventail au-dessus de son oreille droite.

1967

Récits de la Kolyma
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