70.
Ce matin, le zazen m’est apparu comme un secours évident : voir naître et disparaître une pulsion et l’accepter : « Oui, je suis cela aussi… mais je ne suis pas que cela ! »
Que de fois suis-je passé à l’acte sans me demander si cela allait me rapprocher de la joie, me combler réellement ou non ! De façon infantile, je subis ma pulsion et seulement après m’interroge sur sa nature et son éventuel bien-fondé. Or, quand cette pulsion renaît sans cesse, lorsque quelques instants à peine après son assouvissement, elle me tiraille à nouveau, je comprends que jamais je ne pourrai définitivement la satisfaire. Cela peut donc progressivement me détacher de l’illusion d’une satisfaction totale et d’un apaisement durable de mes appétits sensibles.
Aux confins du biologique et du psychologique, pulsions, appels de la chair et instincts réclament un art de vivre qui est aux antipodes du rejet pudibond, de la haine de soi prétendument vertueuse et d’un laisser-aller qui tôt au tard rend malheureux et triste.
J’aimerais corriger ce que j’ai écrit hier. Il y a sans doute une part pulsionnelle dans mon attrait pour les jeunes gens, pour ces garçons de mon âge. Je comprends aussi que c’est faute de m’assumer entièrement que je désire un autre corps, plus véloce, plus performant, plus joli et, pour tout dire, apte à faire se retourner les filles dans la rue.
Aujourd’hui elles se retournent… mais pas pour les mêmes raisons.