11.
Ce soir, j’ai eu l’impression de pénétrer dans l’enfer d’un cœur passionné. Je vois à quel point ma fascination pour les beaux corps peut me couper de la vie, du monde. Le passionné peut oublier sa femme, ses enfants, pour une chimère. Je l’ai soudain compris en découvrant une émission de la BBC consacrée à notre sujet. Un homme, obnubilé par les jeux, avouait : « Je préfère jouer au casino que de m’occuper de mon neveu. » Les larmes aux yeux, il confessait que c’était plus fort que lui. Puis vint le tour d’une femme trompée qui parcourait des kilomètres la nuit pour espionner son amant perdu. Au comble de la passion, elle avait trouvé l’alcool pour seul moyen de renoncer à ses courses folles.
Je peine à imaginer le conflit intérieur qui la dévore : être obligée de s’enivrer pour éviter d’obéir à ce désir fou, insatiable et douloureux ? Malgré la démesure de sa passion, curieusement, je me sens très proche de son esclavage. Avec mes sms, je n’en suis pas très loin. Tout est affaire de degré.
Plus que tout me frappe la lucidité de ces passionnés. Leurs discours, pleins de bon sens, montrent que la raison ne les a pas désertés, bien au contraire.