La Tour brisée

Jebrassy leva les yeux du livre qu’il était en train de lire, s’éloigna de son beau bureau doré et vit la Grande Porte s’ouvrir.

Ici, il ne savait jamais s’il avait affaire à une illusion venue l’instruire ou à un phénomène matériel et réel. Ni la peur, ni la faim, ni la tristesse, ni l’espoir n’avaient plus d’emprise sur lui. Il se sentait bien dans son corps, bien dans sa tête. Il accueillait volontiers tout ce qui lui arrivait : les défis modestes comme les explorations profondes.

Il était heureux.

Parfois, un épitomé du Bibliothécaire l’accompagnait dans ses promenades, autrement, il explorait seul et ne se sentait aucunement délaissé. C’était une nouvelle enfance, une enfance qui semblait durer longtemps, longtemps. Il apprenait beaucoup de choses sur la Kalpa, ainsi que certains des secrets, parmi les plus simples, de ceux qui vivaient dans les niveaux les plus élevés de la cité. Les mathématiques, par exemple, dont il ne maîtrisait que les rudiments, enseignés à toutes les créatures pour permettre le commerce.

Cette porte, cependant, était toujours restée fermée. La Grande Porte : véritable mur au moins aussi haut qu’un quartier des Gradins, bombée comme un écusson ou un bouclier, couverte de mots gravés. Il était d’ailleurs capable d’en lire quelques-uns. Il comprenait beaucoup plus de langues et de symboles qu’auparavant.

Jebrassy se faufila dans l’embrasure tout juste assez large pour le laisser passer. Il s’attendait à découvrir une merveille, et il ne fut pas déçu. Il leva la tête et contempla une véritable muraille d’étagères. Il se pencha par-dessus une balustrade et plongea le regard dans des profondeurs abyssales. Partout, des étagères pleines de livres : des volumes trop nombreux pour qu’il puisse les compter, aux reliures diverses, aux couleurs variées, qui exigeaient d’être examinées. Des couvertures sombres et neutres, intouchées, non lues ; des reliures pâles, touchées une ou deux fois ; d’autres, colorées – surtout bleues et rouges –, signalant un contenu particulièrement digne d’intérêt.

Ces couleurs semblaient intéresser de nombreux personnages petits et minces – mais pas des créatures –, pareils aux angelins qu’il avait déjà rencontrés, mais solides et zélés. Ils arpentaient joyeusement des escaliers en colimaçon, explorant tous les niveaux de la bibliothèque.

— Ce doit être Babel, murmura Jebrassy. Le tout est contenu dans un « minicosme », une invention des Shens, pas plus gros qu’un caillou. Et tous ces gens sont en train de l’explorer.

De près – les personnages passaient derrière lui sans même le remarquer –, leur peau était lisse, éternellement jeune, leurs visages sereins ou amusés. Certains se donnèrent la peine de croiser son regard, mais personne ne lui adressa la parole. De fait, la parole n’était pas de mise, ici. Ils communiquaient par signes, grâce à des mouvements de doigts, de bras, à des changements d’expression qui leur suffisaient à se dire le nécessaire.

À l’intérieur de Babel, tout était calme jusqu’à ce qu’un texte utile soit déniché. Alors, tous se rassemblaient pour se réjouir, et des chants et des cris résonnaient dans l’espace gigantesque, le long des galeries et des rayonnages qui s’étiraient à l’infini. Des plates-formes se déployaient pour accueillir une foule admirative du travail de ces explorateurs dévoués. Le texte lisible était présenté officiellement et sa reliure affublée d’une couleur à la signification précise.

On procédait alors au catalogage : on donnait au livre un numéro. Ce dernier se déroulait sur la place sous la forme d’un ruban de lumière qui, une fois vu par tout un chacun, se rembobinait comme par magie à l’intérieur d’un octogone de papier plié, remis solennellement à une silhouette voilée vêtue d’une robe sombre, qui se déplaçait parfois parmi les explorateurs lumineux…

Après, les chants s’estompaient, les plates-formes s’escamotaient, les escaliers en colimaçon se dépliaient et se reconnectaient.

Tout redevenait comme avant.

 

Jebrassy avait compris ceci : vivre au sein de Babel signifiait être éternellement fasciné par la recherche laborieuse et incessante des explorateurs. Il mourait d’envie de se joindre à ces personnages heureux vêtus de longues robes, de se perdre dans l’anonymat de la plus grande des quêtes, dans la plus vaste de toutes les bibliothèques…

La bibliothèque qui contenait tous les récits possibles. Toutes les histoires. Toutes les inepties.

Babel : un nom aussi vieux que la vie elle-même, sorti tout droit de l’Éclat. Babel, où étaient rassemblées toutes les langues. Un lieu de confusion, de recherche, d’illuminations rares, très rares.

Il attira l’attention d’un des chercheurs et l’interrogea avec des gestes maladroits : Combien de temps ? Le personnage haussa les épaules et s’en fut. Jebrassy escalada un escalier en colimaçon, puis marcha pendant des jours ou des années le long d’un parapet.

De temps à autre, il s’arrêtait, attrapait un livre, feuilletait ses centaines et ses centaines de pages, tentant de lire un peu. Mais le texte se révélait toujours impénétrable. Cela ne le déçut pas, ni ne le découragea. Il y aurait toujours d’autres livres. Il lui suffirait de remettre à sa place celui qu’il avait pris et de passer au volume suivant. Une tâche agréable, paisible, satisfaisante.

Cependant, cette existence n’était pas pour lui.

Il se rendit compte qu’il ne connaissait pas le chemin du retour, qu’il ne retrouverait jamais la Grande Porte – qu’il aurait sans doute découverte fermée –, mais cela ne l’inquiéta pas.

Il sortit de sa robe un octogone de papier, qu’il brandit par-dessus la balustrade. Il l’ouvrit et le laissa se déplier, se dérouler, plonger dans les ténèbres entre les rayonnages semblables à des murailles. Il riait aux éclats.

Un chercheur approcha et l’interrogea avec des signes : Qui lui avait demandé de chercher ce volume particulier ?

Jebrassy exprima une certaine confusion. Le personnage l’aida à déchiffrer les premiers chiffres imprimés sur la longue bande, puis lui montra le chemin d’un livre découvert et catalogué il y avait bien longtemps.

Jebrassy saisit l’ouvrage, ouvrit sa robuste couverture bleue et lut. À ce moment-là, la silhouette sombre apparut à son côté. Elle repoussa son bonnet, et Jebrassy vit qu’il s’agissait du Bibliothécaire… de l’épitomé qu’il avait souvent rencontré, en tout cas.

— Tout est une illusion, n’est-ce pas ? demanda le jeune mâle.

— Je me suis dit que vous apprécieriez cette aventure, dit l’épitomé.

Jebrassy grimaça, car cette délicieuse expérience touchait à sa fin.

— Pourquoi ai-je trouvé ce livre particulier ?

L’épitomé lui prit le volume des mains et le soupesa.

— Une biographie, expliqua-t-il. L’ensemble du texte n’est pas accessible ; certains passages sont brouillés. Peut-être existe-t-il un autre volume qui le complète… quelque part ! (Il désigna les rayonnages infinis d’un geste de la main.) Mais peu importe. Ce volume est pour vous… il est vous, pour l’instant, jusqu’à ce que nous trouvions les autres. C’est ce qui lui confère sa valeur.

— C’est mon histoire ?

— Pas précisément. Et pas complètement.

Jebrassy comprit.

— C’est aussi son histoire, dit-il. Lui et moi sommes intriqués.

— Je me demandais si vous seriez capable de trouver ce volume, continua l’épitomé avec un autre geste du bras. Vous avez d’excellents instincts.

— Comment est-il possible de trouver quoi que ce soit, ici ? demanda Jebrassy. Est-il vrai que cet endroit est comprimé dans un objet pas plus grand qu’un caillou ? Un contenant si petit pour un endroit si vaste…

— C’est vrai. Le plus grand bonheur de tous ces chercheurs est d’accomplir leur mission encore et encore, de travailler sans relâche selon une organisation et une chronologie propres, que même ma personnalité complète serait incapable d’appréhender. Mais tout ceci – le contenu du « caillou », comme vous dites – n’est pas infini. Le caillou est limité. Tout comme Babel.

— Il existe un nombre appelé « pi », dit Jebrassy, fier de son savoir. Il commence ainsi : trois, virgule, un, quatre, un, cinq, etc. Il n’est pas représenté ici, n’est-ce pas ?

— Rien d’infini ne peut être représenté ici. Des segments de pi sont imprimés dans un grand nombre de ces livres, évidemment. Je suppose qu’on pourrait tous les trouver, les classer du dernier au premier, puis les mettre à un nouvel emplacement dans la séquence, et continuer encore et encore, mais cela prendrait un temps infini… bien plus long en tout cas que celui contenu dans le caillou. Non, pi n’est pas dans cette bibliothèque, ni aucun nombre ou constante infinis, ni même ces histoires interminables censées exister ailleurs. (Une fois de plus, l’épitomé montra son amusement à la façon des créatures, en se touchant le bout du nez.) Une histoire qui nécessiterait un éditeur infini… Cependant, toutes les équations dont le résultat est pi sont ici. Si vous le souhaitiez, vous pourriez prendre une de ces équations – ou toutes – pour calculer pi avec la précision de votre choix. Le contenu de ces volumes n’aurait alors plus aucun intérêt pour vous. C’est à la fois la gloire et la tristesse de cette Babel. Elle n’est pas terminée. Les histoires qu’elle abrite ne sont pas vivantes : elles ne se réverbèrent pas de cette manière imprévisible, infinie et répétitive à la fois, propre à l’existence véritable. En dépit de son immensité, Babel est juste une graine. Une carte. Comme le disait un maître perdu dans les brumes de l’Éclat, « la carte n’est pas le territoire13 ».

Jebrassy prit le temps de réfléchir à cette phrase. Lentement, son visage s’illumina.

L’épitomé apprécia sa réaction, prit un livre sur une étagère et le soupesa.

— Nous ne générons pas ces énormes volumes d’un seul coup. Nous commençons par des chaînes de symboles beaucoup plus courtes – d’une longueur optimale –, que nous passons dans des analyseurs, qui recherchent des connexions grammaticales en utilisant des règles très simples. Cela nous aide à assembler et à filer des textes plus longs… et toutes leurs variantes. Alors seulement nous leur trouvons une place et les cataloguons. Les textes suggestifs – ceux qui sont particulièrement porteurs de sens – sont compressibles. Ils peuvent être encodés et réduits sans rien perdre de leur contenu. Ce n’est pas vrai des textes aléatoires et dépourvus de sens.

» Ainsi, depuis ma perspective extérieure, je distingue des zones plus denses dans le caillou – alors, nous les cherchons et nous les trouvons – mais ce n’est que le début de notre travail. Pi, par exemple, est complètement aléatoire – j’en ai personnellement apporté la preuve il y a quelques âges de cela… – et ne peut être compressé. Il est seulement possible de le plier, de le réduire sous la forme d’une équation… et une équation est un genre d’usine. Il est d’ailleurs intéressant de constater qu’à la circonférence du minicosme, pi est extrêmement simple, puisque égal à deux. Pouvez-vous me dire pourquoi ?

Jebrassy cligna des paupières. Il n’avait pas encore étudié ces questions. L’épitomé reprit aussitôt :

— Bien sûr, il y a une symétrie… de nombreuses symétries, même. Par exemple, une moitié de la bibliothèque est une image inversée de l’autre moitié : les mêmes textes, à l’envers. Nous pouvons éliminer ceux-là d’office. Il y a nombre de techniques, dont certaines assez simples et d’autres complexes. Toutes ont été imaginées au cours de cette moitié de l’éternité : certaines par moi-même, les autres par des gens dont le souvenir s’est perdu depuis longtemps.

— Tant de choses ont été oubliées, remarqua Jebrassy. Pourquoi ? Quand on est capable de construire des Babel, on devrait être capable de préserver et de rendre disponibles toutes les histoires.

L’épitomé sembla satisfait de sa remarque.

— Peut-être. Toutefois, il convient de ne pas sous-estimer cette tâche : savoir tout et partout est pour le moins ardu. Les Shens n’ont révélé leurs techniques que longtemps après que les cités de la Terre eurent ployé sous le poids de leurs archives. Sous la Kalpa, les bibliothèques pulvérisées de la Terre forment les fondations des bions : des souvenirs et des mémoires écrasés, enterrés, tels de vieux soubassements. C’est tragique, mais la seule manière d’accéder à certaines parties de ce passé consiste à les regarder se faire digérer et réduire en morceaux par le Typhon, puis dériver vers nos derniers instants… guidés par les souvenirs intriqués de vous et vos visiteurs. Nos rêveurs.

— Comme c’est triste. Cela veut dire que le Typhon a une utilité.

— Vous feriez un excellent chercheur, mais vous ne seriez pas heureux. De fait, je ne le suis plus moi-même. Il nous manque quelque chose, ici.

— La vie ?

— La surprise. L’imprévisible. Le territoire. Tout est là, sur ces rayonnages, rangé, classé, qui attend d’être découvert, mais tout est fixé. Quand la graine sera semée et que ces textes feront partie intégrante d’un nouveau cosmos, tout sera différent. L’absurde aura autant de valeur que les histoires. Car un multivers est principalement constitué d’absurdités illisibles ; personne ne peut dire quel texte ne sert réellement à rien.

Jebrassy ouvrit son livre, mais les caractères se brouillèrent.

L’épitomé le mit en garde :

— Pas encore, jeune créature. Il existe un vrai indicateur, un marqueur du réel infaillible.

Tout commençait à tourbillonner et à devenir flou, mais les paroles de l’épitomé restèrent claires dans son esprit tandis qu’il était emporté – comme par une brise légère – dans un escalier en colimaçon. Il vit défiler les rayonnages, les étages, les passerelles, puis il descendit jusqu’à la Grande Porte, qui se referma derrière lui.

La voix de l’épitomé le suivit jusqu’à son bureau doré.

— Lorsque vous ouvrez un livre dans l’enceinte d’une Babel, le texte est pur, immaculé : des signes noirs sur du papier blanc. Rien ne peut gâter le texte, ni interrompre votre concentration. Dehors, en revanche, dans ce qui subsiste du vieil univers et dans ce qu’il adviendra du nouveau, dans le territoire en formation, vous ouvrirez un livre, vous lirez une page…

» Et une chose vivante, minuscule, inattendue et perverse rampera sur la page, sur l’histoire, vous fera sursauter. Puis vous la reconnaîtrez et sourirez. Elle est vivante : un simple spectre, un insecte, mais une bête qui pense, qui vit à sa façon et, surtout, qui ne lit pas. Elle n’appartient pas à la bibliothèque. Elle arpente le texte quand on s’y attend le moins, vitale.

— Jusqu’à ce que je referme violemment le livre.

— Ah ! vous ne le ferez pas. Cette créature est le symbole ultime de celle qui réconcilie, qui permet à la mémoire et donc au temps de perdurer. Une amie de la mère des Muses, Mnémosyne, le signe annonciateur d’un nouveau cosmos.

» La véritable création – celle qui vit et marche sur les mots – est celle qui est stimulée par l’araignée entre les lignes.

La cité à la fin des temps
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