124

La sphère armillaire se recroqueville à un rythme stupéfiant. Juste avant la fin, avant la compression infinie, avant que tout soit écrasé, réduit à zéro, puis davantage encore, avant que tout soit pulvérisé, la métrique se met à gonfler.

Quelque chose d’énorme s’ébranle.

La sphère armillaire fait désormais des kilomètres et des kilomètres de diamètre et tourne plus lentement.

Le lac de glace pilée et bouillonnante s’élève, se répand pour emplir ce nouvel espace.

La Princesse de Craie est partie : elle a disparu pour toujours, comme le Typhon. La sphère armillaire n’est plus une prison, mais une coquille d’œuf.

À l’intérieur, on attend, on retient son souffle.

Une présence – disparue ou contenue pendant une éternité – fait son retour. À son grand étonnement, elle est entourée de certaines des créatures dont elle avait ordonné la conception, il y a très longtemps de cela. Elles l’ont donc retrouvée, comme elles étaient censées le faire. Elles ont pris au piège et amené d’autres êtres : constitués de matière primordiale, tout comme elles.

Comme elles étaient supposées le faire.

La réunion. L’objectif de son père est presque atteint.

Presque.

Elle tient sur ses genoux nus la minuscule créature femelle : une mère et son enfant. La créature se contorsionne dans un halo de lumière bleu électrique, dont quelques arcs transpercent la brume, les nuages.

— As-tu vu le Pèlerin ? redemande Ishanaxade à la créature, qui l’entend à peine.