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Daniel n’a jamais rien vu d’aussi beau.

Il s’est battu, a traversé des épreuves terribles, s’est frayé un chemin à travers d’innombrables destins et d’innombrables corps pour pouvoir revenir à son point de départ. Il est venu avec l’objet arrondi et vert que Mnémosyne lui a donné dans la chambre vide de l’entrepôt de Bidewell, très loin en arrière, dans l’espace et le temps. Lors de cette rencontre, la Muse lui a fait don d’un souvenir catalytique, déclencheur de transformation, comme s’ils devaient se revoir dans le futur et se rappeler l’un de l’autre.

Que doit-il faire ?

À la vue de la femelle rougeoyante traversant la brume, ses genoux flagellent.

Ils sont tous là. Qui êtes-vous ?

Son visage est si beau. Ses contours, imposants et impossibles, étrangers et rassurants à la fois. Tant de formes, tant de membres, tant de puissance. Une force très ancienne, longtemps contenue, une condensation ni plus ni moins mystérieuse que l’objet usé par le temps qu’il tient dans sa main, émerge en lui.

Daniel essaie de parler.

Je suis Sangmer.

Sangmer ?

Alors :

Où étais-tu passé, Pèlerin ? Mari ? Que m’as-tu apporté ?

Daniel montre sa main droite : vide.

Tu es venu avec eux ?

Il hoche la tête.

Alors tu as réussi. Le quorum de bergers est atteint.

La forme ovoïde patinée par le temps est comme un morceau durci et comprimé du lac qui tremble et bouillonne sous leurs pieds. Comme les morceaux rapportés par les Shens de leurs voyages dans de nombreuses galaxies, après l’Éclat et la fin de la création.

Un morceau perdu de Mnémosyne. Celui-ci stimulera Ishanaxade et lui permettra de retourner à l’état qui doit être le sien. Daniel pourrait temporiser, garder l’objet, récupérer la femme qu’il a cherchée dans tout le Chaos. Ou bien le lui montrer et la perdre pour toujours.