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Fatus sentit un pincement d’inquiétude lorsqu’il apprit qu’un nouveau lieu était arrivé dans les Limbes. Dans les Limbes, on trouvait de nombreuses régions qui avaient existé, et beaucoup d’autres qui n’étaient que pure affabulation. Le jardin des Hespérides, par exemple, et Camelot, la cour du roi Arthur, ainsi que la cité perdue de Lys.

Le nouveau lieu s’appelait Venise, la Venise des Catastrophes. Fatus alla y faire un tour et fut émerveillé par sa beauté. Ses habitants ignoraient que tout pâlissait, disparaissait, mourait chaque jour pour renaître aussitôt. Il marcha, déambula dans les rues de la ville, vit des morts et des mourants, et trouva tout cela très gai. Chaque jour, tout recommencerait. Il aurait aimé pouvoir le dire aux Vénitiens, leur expliquer qu’ils n’avaient pas de raison d’avoir peur, parce que le lendemain matin, tout reprendrait comme la veille. Mais les gens refusèrent de l’écouter, et vivaient dans un état d’inquiétude éternellement ranimée.

Fatus s’approcha des amoureux qu’étaient Kornglow et Léonore. Voir deux êtres pour qui l’amour était une constante révélation lui fit du bien. Pour eux, le plaisir des premiers jours ne perdrait jamais de son piquant. Parlez-en aux autres, apprenez-leur, leur dit-il. Mais ils éclatèrent de rire. La vie est simple, fut leur réponse. Pas besoin d’en parler. Tout le monde le sait.

Fatus retourna dans son château et fit l’inventaire de ses vieilleries en se demandant ce qui allait se passer ensuite.