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Quand Ylith les rejoignit, l’émoi était grand chez les pèlerins. Sir Oliver avait disparu pendant la nuit, sans laisser de trace. Morton Kornglow, son valet, n’expliquait pas cette disparition autrement que par la magie.
Ylith examina les alentours et termina son enquête dans la chambre qu’avait occupée sir Oliver. La légère odeur d’acide prussique qui y flottait était la preuve quasi indubitable qu’un charme Cretinia avait été utilisé dans cette pièce moins de vingt-quatre heures auparavant.
Il n’en fallait pas plus à Ylith. Elle attendit d’être seule, puis fit rapidement opérer sa magie. Elle avait toujours sur elle les ingrédients de base, dans un petit nécessaire à sorcellerie très pratique, et bientôt, sous forme vaporeuse, elle fut sur la route, traversant la vaste forêt dans laquelle sir Oliver avait disparu.
La trace qu’elle retrouva du chevalier la mena jusqu’au château d’Alwyn. Ylith connaissait vaguement cette femme. C’était une sorcière aussi, de la vieille école, attachée aux traditions, et Ylith pensa tout de suite qu’elle devait travailler pour Azzie.
Le temps était venu de lire l’avenir immédiat. Elle avait réuni suffisamment d’indices pour alimenter les instruments de lecture futuristique, qu’elle mit en branle.
Les résultats ne la surprirent pas. Sir Oliver était en train de vivre une aventure en compagnie d’Alwyn. Azzie avait fait les choses simplement, pour aller au plus vite. Après, Oliver allait devoir marcher pas mal de temps, puis il sortirait de la forêt et poursuivrait son but, qui se trouvait sur le versant sud des Alpes italiennes.
Le plus logique, c’était de l’intercepter à la sortie de la forêt. Mais après ? Il fallait trouver le moyen de l’arrêter, mais sans lui faire de mal.
— Je sais !
Elle rangea ses instruments de lecture et prononça une formule magique pour appeler un djinn de sa connaissance. Il apparut peu après, grand, noir, l’air d’avoir très mauvais caractère. Ylith lui expliqua rapidement la situation, et la façon dont il fallait arrêter ou ralentir sir Oliver.
— Avec plaisir, dit l’ex-démon récemment converti au Bien. Désirez-vous que je l’abatte ?
Ce genre de créature, conversion ou pas, avait toujours un fâcheux penchant pour la violence, déjà assez mal vu en période de calme, quand pourtant le Ciel essayait de faire preuve d’une certaine largesse d’esprit. Mais le calme, c’était terminé, et les sentiments des intellectuels du Paradis, on n’avait plus le temps de s’en inquiéter.
— Non, ce serait trop, dit Ylith. Mais ce rouleau de barrière invisible qu’on a pris aux magiciens de Baal, il y a quelques années, tu te souviens ?
— Oui, madame. Il a été déclaré incompatible et stocké dans un des entrepôts.
— Trouve dans lequel et procure-t’en un morceau de bonne taille. Voilà ce que je veux que tu en fasses.