5
Zeus rendit visite aux Mongols, qui avaient récemment conquis le sud de l’empire chinois. Se considérant comme invincibles, ils l’attendaient de pied ferme, prêts à l’écouter.
Le chef des Mongols se trouvait à son quartier général, Zeus s’y rendit directement.
— Vous avez fait du bon travail, toi et tes hommes. Vous avez conquis une vaste contrée, mais maintenant, vous voilà inoccupés, vous traînez toute la journée, c’est mauvais pour le moral. Vous êtes un peuple en quête d’un dessein, et moi un dieu en quête d’un peuple. Que diriez-vous de mettre nos quêtes en commun et de mijoter une solution qui nous arrangerait tous ?
— Vous êtes peut-être un dieu, répondit Jagotai, mais vous n’êtes pas notre dieu. Pourquoi vous écouterais-je ?
— Parce que je vous propose de devenir votre dieu. Les Grecs, je commence à en avoir un peu marre. Ce sont des gens inventifs, intéressants, mais décevants pour un dieu qui ne faisait qu’essayer de leur apporter de bonnes choses.
— Vous avez une proposition à me faire ?
Et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les cavaliers mongols, brandissant leurs bannières à queue de yak, franchirent les cols des Carpates, débouchèrent dans les plaines du Frioul et dans le XVIe siècle par la même occasion. Pour réaliser ce projet, Zeus eut recours à tous ses pouvoirs. Il aurait pu les transporter directement dans l’espace et dans le temps, mais cela aurait affolé les chevaux.
La panique se répandit dans la population avant même leur arrivée. Partout, on hurlait la même chose : « Les Mongols arrivent ! »
Des familles entières enfourchèrent chevaux, ânes ou bœufs attelés. La grande majorité chargea ce qu’elle put sur son dos et partit sur les routes à la recherche d’un refuge loin de l’envahisseur, loin des ennemis au visage aplati et à la moustache noire. Certains allèrent à Milan, d’autres à Ravenne. Mais pour la plupart, ils allèrent à Venise, ville réputée sûre et à l’abri des invasions, à l’abri derrière ses marais et ses lagons.