8
Oliver se redressa lentement.
— Ouh là, qu’était-ce donc, tout ce galimatias-là ? se demanda-t-il à voix haute.
Derrière son front, il sentait les signes précurseurs d’une migraine aiguë. Quelque chose avait foiré. Il n’aurait pas su dire quoi, mais il savait que c’était mauvais signe.
Il se leva et regarda autour de lui. L’endroit était pratiquement dénué de toute caractéristique, et malgré la lumière, il n’y voyait rien. La seule chose dont il était sûr, c’était de la grisaille qui régnait partout.
Il entendit un frottement d’ailes, une petite chouette vint se poser sur son épaule et le fixa d’un regard impénétrable très en harmonie avec la neutralité du décor alentour.
— Pourrais-tu me dire où je me trouve ?
La chouette pencha la tête de côté.
— Difficile à dire. Ce n’est pas une position facile, vieux frère.
— Comment ça ?
— De toute évidence, vous vous êtes laissé encercler par une barrière invisible.
Sir Oliver ne croyait pas à ces histoires de barrières invisibles. Jusqu’à ce qu’il avance et essaie de pousser la supposée barrière.
Son doigt ne passa pas au travers.
Aucun chemin ne la contournait.
Il fit part de ses constatations à la chouette.
— Bien sûr, dit le volatile. C’est une voie secondaire.
— Une voie secondaire ? Et qui va où ?
— Les voies secondaires tournent en rond. C’est dans leur nature.
— Mais ça ne va pas, ça. Je ne peux pas me permettre de tourner en rond, moi, j’ai un cheval magique à trouver, qu’est-ce que tu crois !
— Vous ne trouverez rien de ce style dans les environs.
— En fait, je cherche un chandelier d’or.
— Ça doit être joli, ça, dites donc. Mais je n’ai pas cet article en magasin.
— Une bague magique ferait l’affaire.
La chouette eut un mouvement de recul.
— Oh ! La bague ! Mais oui, je l’ai là, attendez.
Elle farfouilla dans ses plumes, trouva une bague et la donna à Oliver, qui la fit tourner entre ses doigts. C’était un assez joli bijou, un gros saphir sur une monture en or. Il lui sembla voir bouger des ombres dans la pierre.
— Vous ne devriez pas la regarder trop longtemps de suite, conseilla la chouette. Elle sert à faire de la magie, pas à être regardée.
— De la magie ? Mais qu’est-ce que je dois faire ?
— Ils ne vous ont pas dit ?
— Non.
— Eh ben, y en a qui ne font pas leur boulot correctement, dit la chouette. Je pense que vous devriez vous plaindre.
Oliver regarda autour de lui. Se plaindre, d’accord, mais à qui ? Il n’y avait que la chouette.
— Me voilà bien, tiens. Et comment veux-tu que je vive d’exaltantes aventures si je suis coincé ici ?
— On pourrait faire une ou deux réussites, suggéra la chouette. Pour passer le temps.
— Je ne joue pas aux cartes avec les oiseaux.
La chouette sortit de sous son aile un petit jeu de cartes et se mit à les battre. Elle lança un regard interrogateur vers Oliver.
— Bon, bon, allez, ça va. Distribue.
Très vite, il se prit au jeu. Il avait toujours aimé les réussites. C’était le meilleur moyen de passer le temps.
— À vous de faire, dit la chouette.