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C’était le pire des temps qu’ait connu cette région d’Europe depuis Dieu sait quand. D’énormes nuages, gonflés comme des vessies violettes, monstrueux, déchargeaient sans relâche leur cargaison de pluie, une pluie qui semblait posséder un caractère malveillant intrinsèque. Le vent arrachait les lances des mains des soldats et, lorsqu’il s’engouffrait derrière un bouclier, le transformait en voile et propulsait son propriétaire à des lieues de là. La pluie cinglait les visages. Fouettée par le vent, qui la transformait en gouttes minuscules poussées par une extraordinaire force, elle pénétrait dans la moindre fente d’armure, le moindre accroc de vêtement.

Sir Oliver dut hurler dans l’oreille de son second pour être entendu.

— Il faut nous mettre à l’abri !

— Pour ça oui, ça serait la meilleure solution. Mais comment faire passer l’ordre ? Personne ne nous entendra avec ce bruit !

— Quelque chose ne tourne pas rond, dit Oliver. Il vaudrait mieux prévenir Antonio.

Car c’était encore ainsi qu’il faisait référence à Azzie.

— Il a disparu, monseigneur.

— Trouve-le immédiatement !

— Mais où le chercher ?

Les deux hommes se regardèrent, puis contemplèrent la large plaine morne et trempée au milieu de laquelle ils se trouvaient.