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Vendredi 19 février 2010, 18 h 25, Nanterre

« Comment as-tu deviné qu’il formait des disciples ?

— Très simple ! répond Cécile. J’ai appliqué un test basé sur le langage non verbal et l’analyse corporelle. Ça permet, en observant trois gestes de la vie courante, de déterminer le profil psychologique d’un individu. »

Le commissaire divisionnaire Pierre Vallon fronce les sourcils. Une moue dubitative se dessine sur son visage. Ce scepticisme fait sourire la jeune femme, qui poursuit ses explications.

« Il a suffi de le voir croiser les bras, les doigts et de déterminer quelle est son oreille d’écoute. La combinaison de ces trois données correspond à huit types de tempéraments différents. L’ensemble de ce que j’ai pu observer sur Augier m’a amenée au profil dit “ Idéaliste ”.

— Attends… Tu veux me faire avaler qu’avec des données aussi basiques tu peux tirer des conclusions à ce point précises ?

— Bien entendu ! C’est d’ailleurs ce que j’ai fait et qui m’a permis de le cerner et de le mener là où je voulais. Même si cette analyse permet seulement de définir une sorte de squelette de la personnalité, ça reste très utile.

— Incroyable… Et c’est quoi, un “ Idéaliste ” ?

— Ce type d’individu a le sens du devoir, est exigeant envers lui-même, obstiné, perfectionniste et persévérant. Il privilégiera toujours sa cause à sa personne, à différents degrés, bien sûr. Augier est un psychopathe, ce qui pousse à l’extrême ce trait de caractère. De plus, les idéalistes sont pédagogues et ont le sens de la bonne éducation. C’est sur ce point que j’ai joué pour obtenir sa confiance, en jouant la petite écolière modèle, afin de récolter une confession libre, sans méfiance.

— Bel angle d’approche !

— Oui… Mais ce type de personnage est très souvent obsessionnel et éprouve un besoin incoercible de tout maîtriser. Les idéalistes possèdent un véritable don pour démasquer les simulateurs et les faux amis. En réalité, j’ai tenté le coup mais je n’étais certaine de rien. »

Derrière son bureau, Pierre Vallon sourit et hoche la tête en signe d’admiration. Voilà quatre ans qu’il travaille avec Cécile Sanchez et cette femme ne manque jamais de l’étonner.

« Excellent travail, Cécile. Et tu penses qu’il a eu du temps pour manipuler d’éventuels disciples ?

— À n’en pas douter. Et je peux même être plus précise. L’événement déclencheur de sa psychose a été la mort de sa mère, il y a huit mois. C’est là qu’il s’est entièrement libéré et qu’il a perdu le dernier repère qui maintenait sa santé mentale en équilibre, bien que de façon très précaire. Sa folie était en quelque sorte tenue en laisse. Une fois sa mère morte, les liens ont lâché. Il a donc eu huit longs mois pour tuer et, dans le même temps, conditionner ses adeptes. Tout en sachant qu’il les a choisis parmi les plus fragiles de ses élèves, donc les plus influençables.

— Très bonne analyse et bonne maîtrise des événements… On n’aurait rien vu sans toi. Félicitations, Cécile !

— Tu me rediras ça quand ce sera terminé, rétorque-t-elle. À présent, il s’agit d’identifier les disciples en question et de faire une analyse complète de chacun pour évaluer à quel point…

— Tu ne termineras pas cette enquête.

— Pardon ? »

Comme si elle venait de prendre une gifle en pleine face, Sanchez reste bouche bée, yeux écarquillés. Elle ne peut réprimer sa frustration et sa colère. Pierre Vallon, qui la connaît bien, le remarque.

« Crois-moi quand je te dis que j’en suis vraiment désolé, mais le dossier que j’ai à te confier est particulièrement complexe. Pour Augier, tu as déjà dégrossi pas mal les choses et il va être déféré au parquet. C’est bouclé ! Pour ses disciples, tes hommes sauront terminer sans toi et une cellule psychologique sera mise en place. En revanche, je ne vois pas à qui d’autre je pourrais confier cette nouvelle mission. »

De sa main droite, il tapote sur une épaisse chemise cartonnée posée sur son bureau. Sanchez secoue la tête avec des claquements de langue sonores.

« Non ! Il y a forcément une autre solution… Pourquoi pas un autre groupe ? suggère-t-elle. L’équipe de Da Costa est efficace !

— Non, Cécile. Désolé, encore une fois, mais je ne peux pas. C’est toi que je veux là-dessus. »

Avec un effort surhumain, la commissaire parvient à ravaler sa fierté. En revanche, elle ne peut réprimer une moue dépitée. Pierre Vallon se penche vers elle, plonge ses yeux dans les siens.

« Je sais que c’est une sale décision, dit-il. Et tu dois bien te douter que si je prends le risque de laisser tes hommes finir sans toi, c’est que je n’ai pas le choix. J’ai un dossier qui s’annonce très sensible et je ne vois personne d’autre à qui le donner. »

Piquée par la curiosité, la jeune femme s’adosse au fauteuil, soupire et fixe Vallon sans mot dire. Elle le laisse développer.

« Hier, en fin de matinée, une femme de ménage de l’Hôtel du Parc, à Roissy, a découvert un corps dans la baignoire d’une des chambres. Le SRPJ de Versailles a été mis sur le coup et un rapport préliminaire a été envoyé au groupe SALVAC. C’est du genre pas beau, si tu vois ce que je veux dire.

— À quel point ?

— À ce point-là ! »

Et il jette sous les yeux de la jeune femme une photo prise par la police technique et scientifique sur la scène de crime.

Il s’agit d’un gros plan sur une baignoire remplie d’un liquide rougeâtre. Une femme d’origine orientale, la trentaine, visage intact, y est plongée. On devine la naissance de sa poitrine, mais le reste du corps disparaît dans l’opacité du contenu étrange. Sa peau est d’une pâleur extrême. À première vue, on pourrait croire à un banal suicide par ouverture des veines des poignets ou d’une artère, mais la couleur de l’eau élimine d’emblée cette possibilité. Pas assez de sang. Et un produit chimique a vraisemblablement été ajouté au bain, sans doute un détergent. Des reflets colorés parcourent la surface du liquide.

Cécile est sur le point de demander des précisions à Pierre Vallon quand celui-ci pose une autre photo sur la première.

Elle est aussitôt prise d’un haut-le-cœur qu’elle parvient à réprimer avec difficulté. Elle se ressaisit assez vite, mais l’expression de son visage trahit son trouble et met quelques secondes à s’effacer.

Sur ce cliché, le corps a été sorti de l’eau et posé sur une bâche blanche. La victime est exsangue mais ses poignets sont intacts. En revanche, sa position allongée révèle une blessure qui explique cette pâleur de la peau : sa gorge a été tranchée net.

Pire encore, son abdomen a été ouvert du plexus au pubis. Les tissus externes et le péritoine ont été écartés, laissant une vue imprenable sur un vide indescriptible. La masse intestinale semble avoir été intégralement retirée, ainsi que l’appareil génital. Il ne reste dans la cavité abdominale que les reins et le foie.

« Les premières observations du légiste, sur place, laissent penser qu’elle a été tuée dans la nuit de mercredi à jeudi, explique Vallon. L’autopsie devrait t’en apprendre plus.

— Mais qu’est-ce que je viens faire là-dedans si le SRPJ de Versailles est déjà saisi ? »

Nouvelles photos, quasiment identiques aux précédentes. Une baignoire, un corps immergé dans un mélange indéfinissable, puis le corps révélé, hors de l’eau. Il s’agit d’une autre jeune femme, visiblement originaire du Moyen-Orient elle aussi. Les blessures sont strictement identiques. Un long frisson traverse Cécile, des pieds à la tête.

« 3 juillet 2009, dans la banlieue de Lyon, explique le directeur. Le groupe SALVAC a immédiatement rapproché les deux affaires. Les points communs sont tellement nombreux qu’il serait plus rapide de lister les différences. À ce niveau, il n’est même plus question de déterminer s’il s’agit de crimes sériels, mais plutôt de se mettre au travail sur-le-champ. Tu comprends pourquoi je veux que tu t’y colles ? »

Sans parvenir à dire un mot, ni à détacher ses yeux des images, Cécile Sanchez acquiesce. Un silence lourd s’installe et les capacités d’analyse de la jeune femme sont en éveil.

« Le docteur Toumel est prévenu de ton arrivée, continue Vallon. Il a déjà fait le gros de l’autopsie sur réquisition du procureur. Il sait que c’est toi qui es sur le coup et que tu aimes voir le corps et t’entretenir avec le légiste sur les affaires que tu diriges.

— J’aime ça ? s’étonne-t-elle. Il pense vraiment que j’aime ça ? Tu plaisantes, j’espère ?

— Tu comprends ce que j’ai voulu dire… Bon, toujours est-il qu’il faut que tu sois ce soir à l’IML du quai de la Râpée, pas trop tard. Je suis désolé de t’infliger ça après la journée que tu viens de passer mais…

— Il me faut une copie complète du dossier de Lyon, le coupe-t-elle. Et aussi le rapport préliminaire de Roissy.

— Tout est prêt dans le bureau du groupe SALVAC.

— Bien… Alors je ne vais pas perdre une seconde de plus. Je m’en charge. »

Pierre Vallon observe Sanchez. C’est son meilleur élément, et de loin. Il sait que bon nombre de directeurs du service rêvent de la convaincre de signer une demande de mutation. Mais il sait aussi qu’à l’OCRVP elle a l’occasion de travailler sur des affaires qui la dégoûtent autant qu’elles la stimulent.

Et c’est ce qui la fait rester. C’est ce qui lui donne, à cet instant même, ce regard indescriptible. À la voir se perdre une dernière fois dans l’horreur de ces images sur papier glacé, il est convaincu qu’elle abandonnera Augier à ses collègues sans regret.

Mais il prend également la mesure de la réalité. Il supposait que l’affaire était sérieuse, mais pas à ce point-là. Cécile Sanchez ne se met dans cet état de concentration intense que face à l’ombre d’un monstre. Constater que ces quatre clichés la plongent dans une transe pareille lui tire à lui aussi un frisson d’angoisse.

Tout en se levant pour quitter le bureau, les photos à la main, Cécile ajoute une condition à sa collaboration :

« J’aurais besoin de quelque chose.

— Bien entendu ! Tout ce que tu voudras…, assure-t-il. Qu’est-ce qu’il te faut ?

— Toutes les informations sur l’affaire Dorian Adler, que les médias britanniques ont surnommé “ New Jack ”. Il a été incarcéré pour trois meurtres commis en 2004.

— Je vais envoyer immédiatement la demande à Interpol.

— Avec le statut prioritaire, exige-t-elle. Ce serait bien que je puisse disposer de ce dossier rapidement.

— C’est comme si c’était fait, ma belle. Compte sur moi.

— Merci… »

Alors que Cécile fait demi-tour et se dirige vers la porte, Pierre Vallon ne peut taire sa curiosité.

« C’est quoi cette affaire ?

— En 2005, le dénommé Dorian Adler a été arrêté par la police londonienne pour une série de trois meurtres par égorgement, suivis de l’éventration des victimes. Il a été reconnu coupable des faits.

— Maintenant que tu le dis, cette histoire m’évoque vaguement quelque chose… Tu penses que ça pourrait avoir un lien avec nos deux victimes ?

— Il y a peu de probabilités, mais qui sait ? Je préfère mettre le maximum de chances de mon côté. »

Une fois que Sanchez a quitté la pièce, le directeur de l’Office s’enfonce dans son fauteuil, croise les bras et regarde au plafond. Si la commissaire lui a demandé ces archives, c’est qu’elle a de bonnes raisons de penser que les affaires sont liées. Or celle-ci est vraisemblablement considérée comme classée par les autorités anglaises.

J’espère que tu te trompes, ma belle…, espère-t-il intérieurement.

Malheureusement, il doit commencer à se faire à cette idée, car il sait que Cécile Sanchez se trompe rarement.

En soupirant, il se redresse et tire à lui le clavier de son ordinateur, se mettant à la rédaction de la requête à l’adresse d’Interpol.

Le bureau du groupe SALVAC a quelque chose d’oppressant. Vingt-cinq mètres carrés tout juste pour le bureau du chef et trois postes informatiques, une seule fenêtre ensoleillée à peine deux heures par jour en été. L’idée de travailler dans un espace aussi étouffant à plein-temps donne à Cécile des sueurs froides.

Il est plus de 19 heures et le commissaire Éric Casier est seul dans la pièce. En la voyant entrer, il lui sourit et se lève pour venir à sa rencontre.

« Salut, Cécile. Et félicitations pour ta prise d’aujourd’hui. C’est une sacrée épine que tu viens de nous retirer à tous. »

Cécile sourit d’aise quand l’homme la serre affectueusement dans ses bras. Elle en a des frissons dans tout le corps.

« J’ai simplement fait mon travail, Éric, dit-elle dans un souffle, avec l’aide de tous les membres de ma section. C’est tout l’Office qui a résolu cette affaire. »

L’étreinte se transforme en un long baiser qui prend fin trop vite au goût de la jeune femme. Il lui faut quelques secondes pour comprendre la cause de cet arrêt subit : des bruits de pas dans le couloir.

Bien entendu…, peste-t-elle en silence.

Le chef du groupe SALVAC, retourne s’asseoir à son bureau. Sur le plateau de bois clair, Sanchez repère un dossier jaune sur lequel son patronyme est inscrit au marqueur. Mais Éric ne l’évoque pas pour l’instant, prenant un moment pour la regarder avec insistance.

Le visage de la jeune femme, tout en longueur et en finesse, ne souffre d’aucun défaut. Une courte cascade de cheveux châtain foncé donne toute leur intensité aux yeux marron parcourus de reflets verts au regard tenace. Une bouche large et un nez légèrement épaté sont autant de reliefs harmonieux sur sa peau olivâtre. Une beauté basque et catalane un brin sauvage et brute.

Elle le fixe à son tour, sans un mot. Les yeux sombres et les cheveux presque noirs, des plis d’expression charmants sur le visage, une belle tenue et un bon maintien. Éric porte sa quarantaine passée comme un costume de marque : avec classe.

Par deux fois, durant ce silence, elle note des déglutitions salivaires prononcées et de rapides dilatations des pupilles. Désir sexuel intense. Il fait aussi tourner machinalement son alliance autour de son annulaire gauche, mains en avant sur le bureau. Signe de protection derrière l’objet et de sa gêne profonde.

Le geste suivant vient le lui confirmer : Éric se passe nerveusement les mains sur les cuisses, dans un mouvement de frottement. Il n’est pas à l’aise du tout.

Il est marié depuis plus de dix ans et il a deux enfants adorables, Manon et Louis, âgés de sept et quatre ans. Une femme charmante, une maison, un jardin, une voiture familiale, un labrador… La totale ! Ce petit bonheur propret ne l’a pas empêché de faire à Cécile une cour insistante. Depuis quelques mois, ils vivent tous les deux une aventure aussi intense que compliquée : hôtel l’après-midi, jeux de séduction discrets, séminaires professionnels passés ensemble…

Mais elle n’est pas dupe. Jamais Éric ne brisera sa vie de famille douillette pour elle. Il ne compte pas pour autant mettre un point final à cette histoire. La lâcheté masculine dans toute sa splendeur.

Comme s’il venait de lire dans ses pensées, le chef du groupe SALVAC baisse les yeux et se frotte la nuque. C’est pour elle le signal qu’il est temps de briser le malaise.

« Alors, ce dossier ? Tu me le donnes ?

— Heu… Oui… bien sûr ! Tiens… »

Il le lui tend dans un mouvement empressé et maladroit qui aurait pu faire rire la jeune femme en d’autres circonstances. Pour le coup, elle n’en a pas le cœur. Elle se contente d’attraper la chemise cartonnée et se lève.

« Tu ne veux pas que je te fasse un topo ? essaie-t-il pour la retenir. Je peux…

— Non merci, Éric, coupe-t-elle froidement. Je sais lire. Et puis on m’attend à l’Institut médicolégal pour l’autopsie de la victime de Roissy. »

Elle se dirige vers la porte, une boule dans la gorge, lorsque le commissaire, toujours occupé à faire tourner l’anneau doré autour de son annulaire, commet l’erreur d’ajouter :

« Il faudrait qu’on se voie, un de ces jours.

— Rentre plutôt voir ta femme, Éric, le gigot d’agneau va refroidir. Et cesse de jouer avec ton alliance, tu veux bien ? Tu vas finir par la perdre. Imagine un peu le drame ! »

Sur ce, elle quitte le bureau sans un regard pour son amant qu’elle devine bouche bée, décomposé. Elle referme la porte avec un peu trop de vigueur sans doute, car elle claque. Le bruit résonne dans tout l’étage.

Pauvre mec ! résume-t-elle intérieurement. Encore un qui a épousé le clone de sa mère…

Le rouge au front, elle se dirige vers les ascenseurs, qu’elle ignore au profit de l’escalier, bien décidée à descendre les sept étages à pied.

Le festin du serpent
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