49.

Une brusque décélération le plaqua contre le dossier de son siège. L'aile du Boeing venait de basculer vers la terre, dévoilant un paysage luxuriant de cultures et de cocotiers. Après deux heures au-dessus des immensités parcheminées de l'Inde centrale, Max Loeb eut l'impression d'arriver au cœur d'une oasis. Partout de l'eau, des canaux, des étangs miroitants et des marécages couverts de jacinthes sauvages qui ressemblaient, entre leurs disquettes, à des jardins flottants. Il songea aux Everglades de sa Floride et aux plates-bandes maraîchères de Xochi-milco, au Mexique. Les taches sombres de nombreux buffles émergeaient de tout ce vert. Puis l'avion se redressa, découvrant d'un seul coup la ville.

Une ville démesurée, sans limites ni horizon, traversée d'un fleuve brunâtre où les navires à l'ancre avaient l'air d'oiseaux pétrifiés. Une ville aux contours indistincts à cause du linceul de fumées qui la recouvrait. La paroi scintillante d'un réservoir de pétrole, la silhouette d'une grue au bord du fleuve, les structures métalliques d'une usine perçaient par instants d'un éclair l'épaisse couche cotonneuse.

La voix chantante de l'hôtesse annonça l'atterrissage à Calcutta. Max distingua le campanile gothique d'une cathédrale, les tribunes d'un champ de courses, des autobus rouges à impériale qui glissaient sur une avenue au milieu d'un parc. Le Boeing passa enfin au ras d'un remblai et se posa.

Une gifle de feu. Dès l'ouverture de la porte, la fournaise extérieure s'engouffra dans l'avion. « J'eus l'impression d'être frappé par le souffle d'un séchoir à cheveux géant, racontera l'Américain. Sous le choc, je reculai et restai un moment incapable de bouger, cherchant ma respiration. Quand je sortis enfin sur la passerelle, je fus aveuglé par l'intense réverbération et dus m'agripper à la rambarde. »

Quelques instants plus tard, dans la cohue du hall d'arrivée, Max aperçut une guirlande de fleurs jaunes au-dessus des têtes. C'était Lambert qui brandissait le collier de bienvenue acheté sous le pont de Howrah pour accueillir à l'indienne le visiteur d'Amérique. Les deux hommes se reconnurent instinctivement. Leurs effusions furent brèves.

—Je te propose de te conduire au Grand Hôtel, dit Lambert en montant dans un taxi. C'est le palace local. Je n'y ai jamais mis les pieds mais j'imagine que c'est un endroit plus propice que la Cité de la joie pour une prise de contact en douceur avec les réalités de cette chère ville.

Le jeune Américain transpirait de plus en plus.

« A moins que tu ne souhaites faire immédiatement le plongeon, enchaîna Lambert avec un clin d'œil. Et il s'agit bien d'un plongeon : les égoutiers se sont encore mis en grève. Tu sais, ce n'est pas la Floride que tu vas trouver chez nous ! »

Max réprima une grimace. Il réfléchissait à l'alternative proposée quand son regard se posa sur le bras de son compagnon.

—Qu'est-ce que tu as là ? s'étonna-t-il en montrant la peau pleine de croûtes.

— Oh, rien. J'ai attrapé la gale.

Le jeune médecin poussa un grognement. Lambert avait sans doute raison : il valait mieux prendre le temps de s'acclimater. Passer sans transition d'un paradis de milliardaires au tréfonds de l'enfer pouvait causer des blessures irréversibles. Max se méfiait de ce genre de traumatismes. Combien de solides gaillards du Peace Corps américain avaient flanché dès leur première confrontation avec la misère ! On avait dû les rapatrier d'urgence. Il était certes préférable de s'adapter petit à petit, dans le confort d'une chambre climatisée, soutenu par de généreuses rasades de whisky, et quelques savoureux cigares Montecristo.

Rien ne pressait, après tout. Au bout d'un moment, Max se tourna brusquement vers son compagnon.

—Tout compte fait, j'aime mieux faire le plongeon tout de suite, annonça-t-il. Je vais avec toi.

Une heure plus tard, les nouveaux amis étaient attablés face à face sous la lumière crachotante d'un des bistrots du bidonville. Un ventilateur à bout de souffle brassait un air torride chargé de relents de friture.

—Du ragoût de buffle ? s'inquiéta l'Américain à vue de l'étrange mixture qu'un des jeunes serveurs avait déposée devant lui.

—Pas du « ragoût », rectifia le Français en essuyant son assiette avec gourmandise, juste de la sauce. Il n'y a pas un gramme de viande là-dedans. Mais ça a tellement mijoté avec les os, la couenne, la moelle, la gélatine que c'est plein de protéines. C'est comme si tu te tapais une entrecôte de Charoláis. Et pour trente paisa, vingt-quatre centimes, tu ne voulais tout de même pas qu'on te serve un canard au sang, non ?

Max fit une moue qui en disait long sur sa répugnée.

« Et dis-toi que nous avons une fichue chance d'avoir trouvé une table, enchaîna Lambert, désireux de présenter son bidonville sous le meilleur jour. C'est le Maxim's de l'endroit. »

L'image fit sourire l'Américain qui continuait d'examiner le contenu de son assiette, la crasse du décor et la clientèle avec circonspection. Une vingtaine d'hommes étaient en train de prendre leur repas dans un fracas d'éclats de voix. Ils étaient tous des ouvriers d'usine sans leur famille, ou des travailleurs d'ateliers condamnés à vivre à proximité de leurs machines à cause des coupures de courant. L'établissement appartenait à un gros musulman chauve nommé Nasser qui trônait derrière son chaudron fumant tel un bouddha derrière le feu sacrificiel. Nasser était le responsable de la cellule locale du parti communiste marxiste. Aucune folie du thermomètre ne pouvait le déloger de son observatoire d'où il commandait à ses dix employés. Ces derniers appelaient le Français Father, Uncle ou « Grand Frère Paul ». Cinq étaient des enfants du slum. L'aîné n'avait pas treize ans. Ils travaillaient de sept heures du matin à minuit pour un salaire mensuel de dix roupies (huit francs) et leur nourriture. Pieds nus, vêtus de haillons, ils couraient remplir les seaux à la fontaine, lavaient les tables, nettoyaient par terre, chassaient les mouches, servaient les repas, rabattaient les clients. De vrais petits hommes infatigables et toujours joyeux. Trois autres, préposés à l'épluchage des légumes, étaient des simples d'esprit. Le gros Nasser les avait ramassés à quelques mois d'intervalle alors qu'ils mendiaient sur la grand-route de Delhi au milieu des camions qui manquaient chaque jour de les écraser. Ils logeaient sur place, dormant sur le perchoir que leur patron leur avait aménagé avec des planches suspendues aux bambous de la charpente. A la plonge, enfin, officiaient un aveugle et un borgne L'aveugle portait une barbichette blanche et chantait à longueur de journée des sourates du Coran. Lambert ne passait jamais devant le restaurant sans 1er lui dire quelques mots. « Comme Surya, le vieil indou de la tea-shop, cet homme avait le don de recharger mes batteries. Il répandait des ondes bénéfiques. »

Comment faire percevoir en quelques heures toutes les subtilités de la vie d'un slum indien à un Américain qui débarquait d'une autre planète ? Lambert savait par expérience que la Cité de la joie était un lieu qui devait se découvrir à dose homéopathique. Et surtout se mériter. Ce serait long et difficile. Mais un événement exceptionnel allait survenir ce premier soir qui précipiterait les choses et projetterait Max Loeb d'un seul coup au cœur même du décor. Le Français faisait déguster le dessert à son compagnon, un morceau de barfi, le délicieux nougat bengali que l'on mange dans sa mince feuille de papier d'argent, quand un homme fît irruption. Il se précipita vers Lambert et lui parla en bengali en joignant les mains dans un geste de supplique. Il avait l'air très ému et très pressé. Max Loeb remarqua qu'il lui manquait plusieurs phalanges aux deux mains.

—Tu t'y connais en obstétrique ? demanda Lambert en se levant.

L’américain haussa les épaules.

—Ce qu'on apprend à la fac, c'est-à-dire pas grand-chose.

—Viens ! Ça sera toujours mieux que rien. H semble que quelques-uns de mes amis aient voulu te réserver une petite surprise de bienvenue. — Lambert adorait plaisanter.

L'étonnement de l'Américain l'enchanta. — Oui, Docteur, ils veulent f offrir une naissance !

—Et je dois mettre la main à la pâte ?

—Tu as deviné !

Ils éclatèrent de rire et s'élancèrent sur les pas du messager qui s'impatientait. Pataugeant dans la fange jusqu'aux mollets, ils avançaient avec précaution. De temps en temps, ils heurtaient quelque chose de mou, sans doute un cadavre de chien ou de rat. L'obscurité tombe de bonne heure sous les tropiques et la nuit était noire comme de l'encre.

—Il vaudrait mieux que tu évites de piquer une tête dans l'un des gros collecteurs, fit observer Lambert, faisant allusion aux caniveaux profonds de deux mètres qui traversaient le slum.

—Ce serait pourtant une bonne façon de me faire regretter les plages de Ronde !

—A condition d'en réchapper ! Dans cette merde, tu claques en quelques secondes. A cause des gaz.

Ils cheminèrent pendant plus d'un quart d'heure avec prudence sous les regards ébahis des habitants qui se demandaient où pouvaient bien aller ces deux sahib dans ce cloaque à une heure pareille.

—Baisse la tête !

L'avertissement épargna à l'Américain de se fracasser le crâne contre une grosse poutre de bambou.

—Ici, il faudra t'habituer à te plier en deux. Remarque, ça aide à rester humble !

Max courba son grand corps pour pénétrer dans la courée. Elle était pleine de gens qui discutaient bruyamment. L'arrivée des deux étrangers ramena un peu de silence. Dans la faible lueur d'une chandelle, l'Américain aperçut des visages sans nez, des moignons qui s'agitaient comme des marionnettes. Il comprit qu'il se trouvait dans le quartier des lépreux. Comme Paul Lambert à sa première visite, Max n'en crut pas ses yeux. Un spectacle d'une étonnante beauté illuminait cette déchéance. « Dans les jambes de ces corps mutilés, jouaient des enfants. De superbes enfants joufflus qui semblaient sortir d'une publicité pour Nestlé. » Un vieillard à cheveux gris entraîna Lambert et son compagnon vers un taudis d'où provenaient de faibles gémissements. Alors qu'ils se courbaient de nouveau pour en franchir le seuil, deux vieilles femmes toutes ridées voulurent s'interposer. De leurs bouches rougies par du bétel jaillit un flot d'invectives. «

Les matrones ! expliqua le Français en se retournant vers Max. Notre venue est un affront pour elles. » Le vieillard les repoussa sans ménagement et entraîna les visiteurs à l'intérieur. Quelqu'un approcha une bougie, éclairant alors un long visage très pâle aux orbites profondément creusés.

—Meeta ! cria Lambert, stupéfait.

L'épouse du cul-de-jatte Anouar paraissait épuisée. Elle baignait dans une mare de sang.

Elle ouvrit les yeux avec peine. Quand elle vit le nez retroussé et le front dégarni au-dessus d'elle, sa bouche esquissa un sourire.

—Grand Frère Paul ! murmura-t-elle.

Elle tendit les mains vers lui, tandis que Max retirait les chiffons qui servaient de compresses sur son ventre.

—Il faut faire vite, déclara l'Américain. Sinon, ils claquent tous les deux !

Entre les cuisses de la lépreuse, il venait de découvrir le sommet d'un petit crâne sanguinolent. L'enfant était coincé à mi-chemin. Sa mère ne parvenait pas à l'expulser.

Peut-être était-il déjà mort.

« Tu as quelque chose pour lui soutenir le .cœur ? » demanda-t-il en cherchant le pouls de la jeune femme.

Lambert fouilla dans son inséparable musette où il trimbalait toujours quelques médicaments de première urgence. Il en sortit un flacon.

—J'ai un peu de Coramine. Max fit la grimace.

—Tu n'as rien de plus fort ? Un tonique cardiaque en intraveineuse ?

La question lui parut si incongrue que, malgré le tragique de la situation, Paul Lambert éclata de rire.

—Tu me prends pour un drugstore de Miami ? L’américain s'excusa d'un sourire un peu forcé et Lambert réclama un gobelet d'eau dans lequel il versa le médicament.

S'agenouillant au chevet de la jeune lépreuse, il lui souleva la tête et la fit boire lentement, ajoutant sans le vouloir au breuvage les gouttes de sueur qui tombaient de son front. Il faisait au moins 45° dans la pièce.

—Dis-lui de recommencer à pousser le plus fort possible, ordonna Max.

Lambert traduisit en bengali. Meeta contracta son corps en haletant. Des larmes de douleur coulaient sur ses joues.

—Non, pas comme ça ! Il faut qu'elle pousse vers le bas. Dis-lui de respirer d'abord à fond et de pousser ensuite en expirant. Dépêche-toi !

Max était en nage. Il s'épongea le visage et le cou. Un goût rance lui remontait dans la bouche. Était-ce la chaleur, le ragoût de buffle du dîner qui ne passait pas, la puanteur ou la vue de toutes ces mutilations ? Il fut pris d'une incoercible envie de vomir. En le voyant blanc comme un linge, Lambert vida le reste du flacon de Coramine dans le gobelet où venait de boire la lépreuse.

—Avale ça en vitesse !

Max eut un sursaut à la vue du récipient.

—Tu es fou ?

—Tu n'as pas le choix. Ils te regardent tous. Si tu fais le dégoûté, ils pourraient se fâcher.

Avec les

lépreux, on ne sait jamais. Lambert savait que Meeta n'était pas contagieuse, mais l'idée de terrifier ce grand escogriffe d'Américain l'enchantait. Voyant qu'il devenait de plus en plus livide, il eut pitié : « Tu n'as rien à craindre, sa lèpre à elle ne s'attrape pas. »

Max porta le gobelet à ses lèvres, ferma les yeux et avala d'un trait. Une fillette aux yeux noirs bordés de khôl s'était approchée et l'éventait avec un morceau de carton. Il se sentit mieux. Il se pencha pour examiner de plus près la parturiente et constata que l'enfant se présentait de travers. Ce n'était pas le haut du crâne qui émergeait, mais la nuque. Pour le dégager, il n'y avait qu'un seul moyen : le faire basculer.

Lambert guettait l'avis de l'Américain.

—Tu crois que le gosse vit encore ?

—Comment savoir sans stéthoscope ? (Le médecin colla son oreille sur le ventre de la lépreuse. Il se redressa, l'air dépité :) « Aucune pulsation. Mais cela ne veut rien dire. Il est tourné à l'envers. (Désignant la femme, il s'énerva :) Pour l'amour de Dieu, dis-lui de pousser plus fort !

La Coramine agissait. La lépreuse se contracta avec une vigueur accrue. Max comprit qu'il fallait profiter de ce sursaut car c'était sans doute la dernière chance.

—Va de l'autre côté, dit-il à Lambert. Pendant que j'essaye de redresser l'enfant, toi tu lui masses vigoureusement le ventre, de haut en bas, pour aider l'expulsion.

Dès que Lambert fut passé à l'action, le médecin glissa délicatement sa main derrière la nuque du bébé. Meeta poussa un gémissement.

—Dis-lui de respirer à fond et de pousser régulièrement, sans à-coups.

Tous les muscles de la lépreuse se tendirent. La tête renversée, la bouche crispée, elle faisait un effort désespéré.

Max ne réussira jamais à expliquer ce qui se produisit alors. Sa main venait d'atteindre les épaules du bébé quand deux boules poilues tombées du toit passèrent devant ses yeux et atterrirent sur le ventre de la mère. Dans la charpente, des rats avaient survécu à la vague de chaleur. Ils étaient aussi gros que des chats. Surpris, Max avait brusquement dégagé sa main. Était-ce la rapidité de son geste ? Le choc provoqué par la chute des animaux ? Une chose était certaine : le corps de l'enfant s'était redressé d'un seul coup.

—-Pousse, pousse vite ! hurla Max à la lépreuse.

Dix secondes plus tard, il recevait dans les mains un paquet de chair enrobé de glaires et de sang. Il le souleva comme un trophée. C'était un superbe garçon qui devait peser près de six livres. Il vit ses poumons se gonfler et sa bouche s'ouvrir sur un cri qui déclencha un formidable écho de joie dans la courée. Une des matrones trancha le cordon et le ligatura avec un fil de jute. L'autre apporta une cuvette pour procéder à la toilette de l'enfant et de sa mère. En voyant la couleur des linges, l'Américain eut un haut-le-cœur. « Ces gens doivent être rudement solides ! » songea-t-il.

Comme aucun brahmane n'acceptait d'entrer dans une courée de lépreux, c'est à Paul Lambert qu'échut l'honneur d'accomplir le premier rite qui suit la naissance d'un enfant. Il sentit qu'on lui touchait les pieds et découvrit Anouar sur sa planche à roulettes qui portait ses moignons à son front en signe de respect. La face barbue du cul-de-jatte exultait : «

Grand Frère Paul, tu m'as donné un fils ! Un fils ! » Paralysé par l'angoisse, le deuxième mari de Meeta s'était tenu à l'écart jusqu'à cet instant triomphal. Il apportait maintenant un bol plein de grains de riz. Le coinçant entre ses bras mutilés, il le leva comme une offrande vers le prêtre. «Tiens, dit-il, dépose ce riz près de mon garçon pour que les dieux lui donnent longue vie et prospérité. » Puis il réclama une lampe à huile à l'une des matrones. Conformément au rite, sa mèche devait brûler sans interruption jusqu'au lendemain. Si elle s'éteignait, le nouveau-né ne vivrait pas.

Dans sa première lettre à sa fiancée, Max Loeb racontera en ces termes la manifestation d'enthousiasme qui suivit : « Tous les lépreux de la courée débordaient de joie. Impossible de les retenir. Des mains sans doigts se jetèrent à mon cou, des visages ravagés me donnèrent l'accolade. Des infirmes brandissaient leurs béquilles et les faisaient claquer comme des baguettes de tambour. "Grand Frère, Grand Frère, que Dieu te bénisse !"

criaient les gens. Même les matrones se joignirent à la fête. Des enfants apportèrent des biscuits et des friandises qu'il fallut manger sous peine de manquer aux règles de l'hospitalité. J'étouffais. J'avais la nausée. L'odeur de pourriture était encore plus insoutenable dans la cour qu'à l'intérieur du taudis. Paul Lambert, lui, paraissait comme chez lui. Il serrait toutes les mains sans doigts qui se tendaient vers lui. Moi je me contentais de joindre les miennes dans ce joli geste de salut que j'avais vu faire à l'aéroport.

Les pleurs du nouveau-né emplissaient la nuit. Ma première nuit à Calcutta. »

La cité de la joie
titlepage.xhtml
jacket.xhtml
index_split_000.html
index_split_001.html
index_split_002.html
index_split_003.html
index_split_004.html
index_split_005.html
index_split_006.html
index_split_007.html
index_split_008.html
index_split_009.html
index_split_010.html
index_split_011.html
index_split_012.html
index_split_013.html
index_split_014.html
index_split_015.html
index_split_016.html
index_split_017.html
index_split_018.html
index_split_019.html
index_split_020.html
index_split_021.html
index_split_022.html
index_split_023.html
index_split_024.html
index_split_025.html
index_split_026.html
index_split_027.html
index_split_028.html
index_split_029.html
index_split_030.html
index_split_031.html
index_split_032.html
index_split_033.html
index_split_034.html
index_split_035.html
index_split_036.html
index_split_037.html
index_split_038.html
index_split_039.html
index_split_040.html
index_split_041.html
index_split_042.html
index_split_043.html
index_split_044.html
index_split_045.html
index_split_046.html
index_split_047.html
index_split_048.html
index_split_049.html
index_split_050.html
index_split_051.html
index_split_052.html
index_split_053.html
index_split_054.html
index_split_055.html
index_split_056.html
index_split_057.html
index_split_058.html
index_split_059.html
index_split_060.html
index_split_061.html
index_split_062.html
index_split_063.html
index_split_064.html
index_split_065.html
index_split_066.html
index_split_067.html
index_split_068.html
index_split_069.html
index_split_070.html
index_split_071.html
index_split_072.html
index_split_073.html
index_split_074.html
index_split_075.html
index_split_076.html