35.

L'huissier de service frappa à la porte et fit irruption sans attendre de réponse.

— Monsieur le Consul, il y a là une Indienne qui insiste pour vous parler de toute urgence.

Elle dit que dans le bidonville où elle habite un missionnaire français est en train de mourir du choléra. Il refuse de se laisser transporter dans une clinique. Il veut qu'on le soigne comme les autres...

Antoine Dumont, soixante-deux ans, nœud papillon et rosette de la Légion d'honneur, représentait la République française à Calcutta. Depuis que les flibustiers de Louis XV

étaient venus dans ces parages taquiner la suprématie britannique et y fonder des comptoirs, la France entretenait une mission consulaire dans l'un des vieux immeubles du quartier de Park Street. Le diplomate se frotta les sourcils et sortit dans le hall qui servait de salle d'attente. Trente ans de postes en Asie l'avaient habitué à supporter bien des désagréments du fait de ses compatriotes. Routards, hippies, drogués, déserteurs, touristes dévalisés, il ne leur avait jamais marchandé son aide ni ses secours. Mais c'était bien la première fois qu'il recevait un S.O.S. concernant un ecclésiastique « en train de mourir volontairement du choléra au fond d'un bidonville indien ».

La veille, Shanta et Margareta avaient découvert Lambert inanimé dans sa chambre. Il gisait exsangue au milieu de vomissures et de déjections. On aurait dit qu'il avait été dévoré de l'intérieur par quelque invasion de parasites. Ses muscles avaient fondu et sa peau, plissée sur ses os, ressemblait à un vieux parchemin. Il était conscient, mais d'une si grande faiblesse que tout effort risquait d'éteindre le peu de vie qui subsistait encore en lui.

Les deux femmes avaient instantanément diagnostiqué le mal : une forme foudroyante de choléra qui, étrangement, frappait par prédilection les constitutions les plus robustes.

Lambert avait ressenti les premiers symptômes la nuit précédente quand des coliques douloureuses l'avaient forcé à se précipiter plusieurs fois aux latrines. Malgré la chaleur, il s'était mis à grelotter. Puis il éprouva un fourmillement au bout des membres, bientôt suivi d'un tremblement musculaire généralisé. Ses pieds et ses jambes prirent une curieuse couleur bleuâtre. La peau de ses mains se dessécha, avant de se durcir et se craqueler. Bien que transpirant abondamment, il avait de plus en plus froid. Il sentait la chair de son visage se rétrécir sur ses pommettes, puis sur son nez, ses orbites, son front et jusque sur son crâne. Il eut de plus en plus de mal à fermer la bouche et les yeux. Il fut secoué de spasmes et commença à vomir. Sa respiration devint saccadée, douloureuse. Il fit un effort pour boire un peu d'eau mais rien ne put franchir sa gorge comme paralysée. Vers quatre ou cinq heures du matin, il cessa de percevoir son pouls. Il sombra alors dans une sorte de torpeur. Quand il se réveilla, il voulut se lever pour retourner aux latrines. Il n'eut pas la force de se redresser ni même de se mettre à genoux et dut s'abandonner sur place. Il pensa qu'il allait mourir et n'éprouva aucune crainte à cette idée. A cause de son extrême faiblesse, il en ressentit au contraire une sorte d'euphorie.

L'irruption des deux femmes interrompit ce qu'il appellera plus tard « une délicieuse sensation de s'en aller sur la pointe des pieds vers le nirvana ». Mais Shanta et Margareta n'étaient pas disposées à laisser mourir leur « Grand Frère » sans se battre. Margareta saisit le seau d'eau et aspergea le visage et le torse pour humecter la peau du malade. Les premiers soins consistaient à enrayer la déshydratation. Par expérience, elle savait que seule une perfusion de sérum aurait une chance de stopper le mal. Il fallait transporter d'urgence le prêtre dans un service de soins intensifs.

— Accroche-toi, Grand Frère Paul, supplia-t-elle en lui mouillant la figure avec le pan de son voile. Nous allons te conduire à Bellevue. Là-bas, ils te tireront d'affaire.

Tous les habitants de Calcutta, même les plus pauvres, connaissaient de nom cette luxueuse clinique privée du quartier de Park Street enfouie dans les palmiers, où l'élite médicale du Bengale opérait et soignait les riches marwaris, les hauts dignitaires du gouvernement, et les membres de la colonie étrangère, dans des conditions d'hygiène et de confort comparables à celles des établissements occidentaux. Margareta était certaine que la Belle-vue clinic ne refuserait pas d'accueillir le Father. C'était un sahib.

Une grimace déforma le visage de Lambert. Il voulut parler mais n'eut pas la force d'articuler. L'Indienne se pencha. Elle comprit qu'il refusait de quitter sa chambre. Il voulait « être soigné comme un pauvre d'ici ». Des hommes terrassés par le choléra, Paul Lambert en avait connu et soigné des dizaines dans les taudis de la Cité de la joie. Ils restaient chez eux. En période de mousson, les cas se multipliaient. Faute de place, de médicaments, de médecins, les hôpitaux les refusaient presque toujours. Les plus solides survivaient, les autres mouraient. Il n'était pas question pour lui d'être l'objet d'un traitement de faveur.

Devant cette résistance imprévue, les deux femmes allèrent tenir conseil avec leurs voisines. On décida d'alerter le curé de la paroisse. Lui seul, pensaient-elles, pourrait convaincre son confrère de se laisser transporter à la clinique Bellevue. L'accueil de l'ecclésiastique en soutane blanche fut des plus réservés. Il écarta d'emblée l'idée d'une action personnelle auprès de Lambert.

—Je ne vois qu'une solution, dit-il enfin. Il faut avertir le consul de France. Après tout, il s'agit d'un de ses administrés. Lui seul peut obliger that stub-bom Frenchman, ce Français entêté, à se laisser soigner normalement. Du moins, lui seul peut essayer.

Margareta fut déléguée comme émissaire. Elle convainquit si bien le diplomate de l'urgence de son intervention qu'une Peugeot 504 grise ornée d'un fanion tricolore s'immobilisa dans l'après-midi à l'entrée du slum d'Anand Nagar. L'apparition de cette voiture causa une telle sensation qu'Antoine Dumont eut toutes les peines du monde à se frayer un passage au milieu de la foule agglutinée. Retroussant son pantalon, il s'engagea dans la ruelle boueuse. Incommodé par les odeurs, il dut s'arrêter deux ou trois fois pour s'éponger le visage et le cou. Malgré sa longue expérience de l'Asie, il n'avait jamais encore pénétré dans pareil décor. « Ce curé est complètement fou », se répétait-il en évitant les flaques. Arrivé auprès du corps recroquevillé par terre, il lança avec une jovialité un peu forcée :

—Bonjour, mon Révérend ! Je vous apporte les salutations respectueuses de la République française. Je suis le consul de France à Calcutta.

Paul Lambert ouvrit les yeux avec peine.

—Qu'est-ce qui peut me valoir un tel honneur ? s'inquiéta-t-il faiblement.

—Ne savez-vous pas que le tout premier devoir d'un consul est de veiller sur ses concitoyens ?

—Je vous remercie, monsieur le Consul, mais je n'ai besoin de rien. J'ai plein d'amis ici.

—Ce sont eux, justement, qui m'ont alerté. Car votre état de santé exige un...

— Rapatriement ? coupa Lambert, retrouvant soudain un peu de vigueur. Est-ce cela que vous êtes venu me proposer ? Un rapatriement sanitaire ! Il ne fallait pas vous donner tant de mal, monsieur le Consul. Je vous remercie beaucoup pour votre sympathie, mais je vous prie d'économiser votre peine et votre argent. Il n'y a jamais de « rapatriements » ou autres grands moyens pour les pauvres d'ici. Je tiens à être à la même enseigne qu'eux.

Épuisé, il laissa retomber sa tête et ferma les yeux. La sécheresse du ton avait frappé le diplomate. « Ce type est un vrai dur », songea-t-il.

—Acceptez au moins de vous laisser soigner dans une bonne clinique. (Il cherchait les mots pour convaincre :) Songez à tout ce que vous apportez à vos amis. Et au vide que votre départ ne manquerait pas de créer.

—Ma vie est entre les mains de Dieu, monsieur le Consul. C'est à lui de décider.

—C'est sûrement parce qu'il a décidé que vous devez guérir que je me trouve ici, argua le diplomate.

—C'est possible, admit Lambert, touché par la logique de cet argument.

—Dans ce cas, je vous supplie de permettre à vos amis de vous transporter dans...

—Dans un hôpital pour tout le monde, monsieur le Consul. Pas dans une clinique de riches.

Dumont sentit qu'il avait fait la moitié du chemin. Un peu de patience et Lambert se laisserait persuader tout à fait.

—Mieux vous serez soigné et plus vite vous pourrez reprendre vos activités au service des gens de ce bidonville.

—Mon souhait n'est pas de reprendre mes activités, monsieur le Consul, mais d'être certain de pouvoir toujours regarder en face et sans honte les hommes qui m'entourent.

—Je vous comprends et laissez-moi vous rassurer : pas une seule roupie ne sera prise aux pauvres pour payer votre hospitalisation. C'est le consulat qui en assumera les frais.

Lambert poussa un long soupir. Cette conversation l'avait exténué.

—Je vous remercie, monsieur le Consul, mais ce n'est pas une question d'argent. Il s'agit pour moi de respecter un engagement librement choisi. Cette maladie est providentielle. Je vous supplie de ne pas insister.

Un spasme secoua le malade. Antoine Dumont contempla le corps inanimé et se demanda un instant s'il n'était pas mort. Puis il perçut le sifflement irrégulier de la respiration.

Dehors, Ashish et Shanta, Bandona, Margareta, Aristote John, Saladdin, le vieux Surya, Mehboub et de nombreux autres voisins attendaient avec anxiété. Quand le diplomate apparut sur le seuil, ils s'avancèrent tous.

—Alors ? demanda Margareta.

Le consul ajusta son nœud papillon.

—Une demi-victoire seulement ! Pas question de clinique, mais il consent à aller « à l'hôpital de tout le monde ». L'expression est de lui. Je pense qu'il faut respecter sa volonté.

Dès le départ du consul, Margareta chargea Paul Lambert sur un rickshaw et le transporta à l'hôpital le plus proche de la Cité de la joie. Avec sa pelouse bien entretenue, son bassin, sa fontaine, et son allée de bougainvilliers, cet établissement offrait des abords plutôt coquets. Le pavillon des urgences, signalé par un panneau rouge à peine lisible, était par contre une sinistre bâtisse à l'aspect parfaitement rebutant. Les portes étaient absentes et les vitres presque toutes brisées au milieu d'une façade lépreuse. Margareta fut tentée de demander au tireur de rickshaw de faire demi-tour. Elle n'avait pas, à l'inverse de Bandona, l'expérience des hôpitaux, et même les spectacles les plus sordides du slum ne l'avaient pas préparée au choc qui l'attendait. Des pansements pleins de pus et de sang jonchaient les couloirs, des lits disloqués servaient de poubelles, des matelas éventrés grouillaient de vermine, on marchait un peu partout sur des débris de toutes sortes. Le pire, c'était la cour des miracles qui hantait ces lieux. Des grands malades atteints d'encéphalite, de thrombose coronaire, de tétanos, de typhoïde, de typhus, de choléra, d'abcès sur infectés ; des blessés, des amputés, des brûlés gisaient pêle-mêle, parfois à même le sol. Accrochés par des bouts de ficelle aux murs, aux fenêtres, aux ventilateurs en panne, des flacons de sérum ou de glucose tentaient de maintenir en vie ces moribonds.

Margareta finit par dénicher une civière de bambous pour y installer Lambert inconscient.

Comme personne ne venait l'examiner, elle glissa un billet dans la main d'un infirmier afin d'obtenir un flacon de sérum et une seringue qu'elle enfonça elle-même dans le bras du malade. Puis elle réclama des drogues anticholériques. Mais comme beaucoup d'établissements, cet hôpital manquait de médicaments. La presse dénonçait fréquemment le pillage dont les hôpitaux étaient victimes, lequel alimentait les nombreuses pharmacies installées à proximité.

— J'ai soif...

Lambert ouvrit les yeux sur l'univers de cauchemar de son « hôpital de tout le monde ». Il n'y avait ni cruche ni eau au chevet des malades. De temps en temps, un garçon de salle passait avec une outre et faisait payer cinquante paisa le gobelet. Au bout du couloir se trouvaient les latrines. La porte avait été arrachée et l'évacuation était bouchée. Les excréments débordaient et se répandaient jusque dans le couloir, pour le plus grand bonheur des mouches. Au milieu de tout ce chaos, Lambert vit passer un chien. Il allait d'un grabat à un autre, reniflant et léchant le sang, le vomi, les crachats et déjections qui souillaient le ciment.

Des centaines de malades se bousculaient quotidiennement aux portes de tels établissements, dans l'espoir d'y recevoir des soins, d'obtenir une place dans un lit — ou par terre — afin de pouvoir au moins manger pendant quelques jours. C'était presque partout le même grouillement. Dans certains pavillons de maternité, on trouvait jusqu'à trois accouchées avec leurs bébés sur un seul matelas, ce qui avait déjà entraîné l'asphyxie accidentelle de plusieurs nouveau-nés. Des campagnes de presse dénonçaient régulièrement l'incurie, la corruption et les vols qui paralysaient certains hôpitaux. Dans celui où se trouvait Lambert, une coûteuse bombe au cobalt était restée hors d'usage pendant des mois parce que personne n'avait pris la responsabilité de dépenser les six mille huit cents roupies nécessaires à sa réparation. Ailleurs, l'unité de réanimation cardiaque était fermée faute de climatisation. Autre part, les deux défibrillateurs et dix des douze électrocardiographes étaient en panne, de même que la moitié des moniteurs cardiaques équipant certains lits, sans parler de l'unité centrale de contrôle.

L'approvisionnement en oxygène et en bouteilles de gaz pour la stérilisation était presque partout défectueux. « Le seul appareil qui semble fonctionner correctement, et encore quand il n'y a pas de coupure de courant, est la machine à électrochocs de l'hôpital psychiatrique », pouvait-on lire dans un journal. Le nouveau pavillon chirurgical d'un grand établissement n'avait pu être ouvert parce que la direction de la Santé n'avait toujours pas approuvé la nomination d'un liftier pour l'ascenseur. De façon quasi générale, le manque de techniciens et de plaques sensibles contraignait la majorité des malades à attendre en moyenne quatre mois pour une radiographie. Et des semaines pour la moindre analyse. Dans un hôpital proche de la gare de Sealdah, onze ambulances sur douze étaient en panne ou à l'abandon, leur toit crevé, leur moteur cannibalisé, leurs roues volées. Dans beaucoup de blocs opératoires, les boîtes de forceps, scalpels, pinces et catgut étaient pratiquement vides, pillées par le personnel. Les instruments restés en place étaient rarement affûtés. Le catgut était souvent de si mauvaise qualité que de nombreuses sutures cédaient. Dans bien des endroits, les réserves de sang étaient la plupart du temps inexistantes. Pour se procurer le précieux liquide, les patients ou leurs familles devaient alors s'adresser, avant une intervention, à ces racketteurs spécialisés auxquels Hasari Pal avait eu affaire. Ce genre de parasites trouvaient d'ailleurs aux abords des hôpitaux de multiples occasions de s'enrichir. Certains abordaient des malades à l'entrée, en général de pauvres gens venus des campagnes, et leur faisaient miroiter une hospitalisation ou un examen médical immédiat contre le versement d'une substantielle gratification. D'autres, se faisant passer pour des médecins, entraînaient leurs victimes vers des salles de consultations tenues par des infirmiers complices. Ils offraient alors aux femmes de leur garder leurs bijoux pendant l'examen radiographique, et ils disparaissaient.

Dans certains hôpitaux, le détournement de la nourriture destinée aux malades avait pris de telles proportions que les repas devaient être transportés dans des chariots cadenassés.

Malgré ces précautions, de nombreuses denrées et presque la totalité du lait étaient régulièrement dérobés au profit de petits restaurants de rue et marchands de thé installés sur les trottoirs alentour. Le sucre et les œufs étaient systématiquement subtilisés pour être revendus sur place à des prix deux fois moins élevés que dans les marchés. Les journaux révélaient aussi que le pillage ne concernait pas que la nourriture. Certains établissements n'avaient plus ni portes ni fenêtres. Les ampoules électriques ayant également disparu, la nuit, les soins devaient être donnés à la bougie.

Toutefois, comme si souvent en Inde, le meilleur côtoyait partout le pire. Il existait aussi dans ces hôpitaux tout un réseau de liens humains qui, dans bien des cas, effaçaient l'impression d'isolement, d'anonymat, d'horreur. A quelques paillasses de Lambert, gisait un pauvre bougre qui, à la suite d'un accident, avait bénéficié d'une des opérations les plus délicates et audacieuses de la chirurgie moderne, une ostéosynthèse du rachis avec greffe de la colonne vertébrale. De jour en jour, Lambert constatait chez lui des progrès prodigieux. Dans cette salle commune, sordide par bien des aspects, cet homme était l'objet d'attentions et de soins admirables. Chaque matin, faisant preuve d'une patience et d'une gentillesse à toute épreuve, les infirmières le levaient et l'aidaient à retrouver, petit à petit, l'usage de ses jambes. A chacune de ses visites, le chirurgien, par ailleurs surchargé de travail, prenait le temps de l'examiner très attentivement et de bavarder avec lui en témoignant toujours autant de compétence que de bienveillante sollicitude. Quelques lits plus loin, une pauvre femme était accroupie par terre à côté du berceau de son bébé atteint de méningite. Personne n'aurait songé à empêcher cette mère angoissée de rester près de son enfant. Et jamais les préposés à la nourriture ne passaient devant elle sans lui offrir une assiette de riz.

Tout surpris d'apprendre qu'ils avaient un sahib comme compagnon de souffrances, plusieurs malades se traînèrent jusqu'à lui pour le prier de déchiffrer leurs ordonnances.

Combien de fois Lambert s'émerveilla ainsi de découvrir avec quelle conscience et précision des médecins, pourtant débordés et ne disposant bien souvent que de bouts de papier de fortune, prescrivaient leur traitement aux plus démunis de leurs patients. Rien n'était entièrement pourri dans cette ville inhumaine.

Le geste de Margareta eût certainement indigné le prêtre. Elle venait de glisser vingt roupies à un infirmier pour qu'il déménage son protégé dans un lit sous un ventilateur. La pratique était courante. De pauvres hères se voyaient à chaque instant éjectés de leurs grabats pour être remplacés par les bénéficiaires de ces bakchichs. Sans les flacons de sérum, les médicaments spécifiques souvent introuvables autrement qu'au marché noir, la nourriture reconstituante que l'indomptable Indienne lui faisait parvenir chaque jour, le choléra eût sans doute emporté Paul Lambert. Pour le sauver, elle avait organisé une collecte dans le slum et des dizaines de pauvres s'étaient associés au sauvetage de leur «

Grand Frère ». Les enfants de Mehboub étaient allés sur le ballast de la voie ferrée glaner des scories pour en offrir le produit de la vente. Surya, le vieil hindou de la tea-shop, avait envoyé plusieurs paquets de sucreries. La mère de Sabia, l'enfant tuberculeux mort dans la pièce voisine, avait taillé et cousu une chemise pour son Grand Frère Paul. Même les lépreux avaient remis les aumônes récoltées pendant plusieurs journées de mendicité.

Dans son épreuve, Paul Lambert n'avait pas pu être un pauvre tout à fait comme les autres.

La cité de la joie
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