36.

On n'avait jamais vu pareil spectacle : des milliers de rickshaws abandonnés à travers toute la ville. La grève, la première grande grève des derniers hommes-chevaux du monde, paralysait le moyen de transport le plus populaire de Calcutta. « Mais la grève est une arme pour les riches, reconnaîtra douloureusement Hasari Pal. Les plus belles résolutions ne tiennent pas longtemps quand vous avez un ventre tordu de crampes par la faim et la tête aussi vide que la peau d'un cobra qui vient de muer. Ces brutes de propriétaires le savaient bien. Ils savaient que nous craquerions très vite. Dès le deuxième jour, quelques camarades avaient repris leurs brancards. D'autres les imitèrent le lendemain. Et bientôt, nous étions tous revenus sur la chaussée, appelant les clients à coups de grelot, acceptant même des courses au-dessous du tarif pour pouvoir acheter tout de suite quelque chose à manger. Et nous avons été forcés de payer les nouveaux loyers. Ce fut très dur. Mais heureusement, dans cette ville maudite il se produisait à tout instant un événement qui vous empêchait de trop pleurer sur votre sort.

« Quand j'ai fait la connaissance de mon collègue Atul Gupta, je me suis frotté plusieurs fois les yeux. Et je me suis demandé si, au lieu d'attendre un client au coin de Russel Street, je n'étais pas plutôt dans une salle de cinéma en train de regarder un film. Car Atul Gupta ressemblait au héros d'un film hindou. Il était beau gosse avec sa moustache noire bien lissée, ses cheveux soigneusement coiffés, ses joues bien remplies et son air conquérant. Il était vêtu d'une chemise de couleur et d'un pantalon de sahib. Encore plus incroyable, il portait des chaussettes et des chaussures. De vraies chaussures qui se fermaient sur le pied, pas des sandales de loqueteux en plastique. Plus surprenant encore, il portait une montre en or au poignet. Vous pouvez imaginer ça, vous, un tireur de rickshaw avec une montre en or à son poignet ?

«J'avais vu des films qui montraient des héros déguisés en rickshaw-walla, mais c'était du cinéma. Gupta, lui, était bien réel. Personne ne savait d'où il venait. Il est vrai qu'à Calcutta on vivait avec des gens dont on ne savait rien, alors que dans notre village, tout le monde se connaissait depuis des générations. Une seule chose était sûre concernant Gupta : il avait dû longtemps fréquenter l'école car il était plus savant que tous les brahmanes de Calcutta réunis. Personne ne récitait le Râmâyana comme lui. C'était un véritable acteur. Il s'asseyait n'importe où et commençait à dire des vers. Aussitôt, un petit groupe se formait autour de lui. En quelques secondes il nous faisait tout oublier, les coupures sous les pieds, les tiraillements d'estomac, la chaleur. Il nous envoûtait. Il avait une façon prodigieuse de personnifier tour à tour Râma, puis Sîtâ, puis l'affreux Râvana. On l'aurait écouté pendant des heures, des jours, des nuits. Il nous transportait par-dessus les montagnes, à travers les mers et les deux. Ensuite, le rickshaw paraissait moins lourd au bout des bras. En quelques mois, ce Gupta était devenu le héros des tireurs de rickshaw de Calcutta. Comment avait-il pu finir dans la peau d'un pauvre type comme nous ? Mystère. Certains prétendaient qu'il était un espion, d'autres un agitateur politique. Il habitait dans une pension de Free School Street fréquentée par des gens bizarres, des étrangers qui marchaient pieds nus et qui portaient des colliers et des bracelets autour des chevilles. On disait que ces gens se faisaient des piqûres de drogue et qu'ils fumaient, non pas des bidi mais le bhang qui procure le nirvana. En tout cas, Gupta, lui, ne marchait pas pieds nus et je n'avais jamais vu une cigarette entre ses lèvres. Il travaillait dur comme nous tous. A l'aube, il était toujours le premier arrivé à la station de Park Circus. Et il trottinait encore tard après la tombée de la nuit. Il faut dire qu'il ne traînait pas des années de ventre vide derrière lui comme les autres tireurs. Il avait encore un bon moteur, lui. Comme pour la plupart d'entre nous, sa guimbarde n'avait pas de permis. A Calcutta, avec un bon bakchich, on aurait pu se procurer les clefs du paradis.

« Permis ou pas, Gupta devait se faire de bonnes journées car les femmes se disputaient pour monter dans son rickshaw. Sans doute avaient-elles l'impression d'être tirées par Manooj Kumar1. Pourtant, dans notre travail, il valait mieux passer pour le plus pauvre des pauvres types que ressembler à une vedette de cinéma. Car plus vous sortiez de l'ordinaire, plus les gens vous avaient à l'œil. »

Cette vérité, le bel Atul Gupta en fit l'expérience un jour qu'il reconduisait deux jeunes filles à leur domicile dans Harrington Street. Une benne à ordures était tombée en panne au milieu de la chaussée et toute la rue se trouvait bloquée. Gupta essaya de contourner l'encombrement en passant sur le trottoir mais un policier de la circulation s'interposa.

Une violente altercation s'ensuivit et Gupta reçut plusieurs coups de matraque. Hors de lui, il posa ses brancards et se jeta sur le policier. Les deux hommes roulèrent à terre dans une furieuse empoignade. Finalement le policier courut réclamer du renfort à son commissariat et une patrouille entière revint à la charge pour capturer l'irascible tireur et confisquer son rickshaw.

Quand les policiers le relâchèrent le lendemain à midi, Atul Gupta n'était plus qu'un paquet de chair et de sang. Ils l'avaient battu toute la nuit à coups de lathi et lui avaient brûlé la poitrine avec des cigarettes. Ils l'avaient suspendu à un crochet par les bras, puis par les pieds, pendant des heures, en lui lacérant le corps à coups de bambou. Ce n'était pas seulement pour s'être battu avec l'un des leurs qu'ils le punissaient ainsi. C'était pour ses pantalons propres, sa chemise et ses chaussures de sahib, sa montre en or. Un esclave n'avait pas le droit de se différencier des autres bêtes de somme.

Non content de l'avoir rossé, le policier porta plainte contre Atul Gupta devant les juges de la Bonsal Court, le tribunal correctionnel de Calcutta. Le jour du procès, les tireurs de rickshaw firent une véritable escorte d'honneur à leur camarade. Comme il ne pouvait presque plus marcher, ils l'installèrent sur une carriole ornée de fleurs. « Il était comme un maharaja, ou comme une statue de Dourga, notre copain, se souviendra Hasari Pal, sauf qu'il avait des pansements aux bras et aux jambes et que sa figure avait l'air d'avoir été badigeonnée avec des litres de khôl tant elle était marquée d'ecchymoses. »

La Bonsal Court était un vieux bâtiment en brique de l'autre côté de Dalhousie Square au centre de la ville. Dans la cour, au pied d'un banyan, se trouvait un petit temple. Les tireurs firent descendre Gupta devant l'autel décoré des portraits de Shiva, de Kâlî, et du dieu-singe Hanuman, car il était très pieux et il voulait avoir un darshan avec les divinités avant de se présenter devant les juges. Hasari lui prit la main pour l'aider à faire sonner la cloche suspendue à la porte du sanctuaire. Gupta récita plusieurs mantrâ puis il plaça une guirlande de fleurs autour du trident de Shiva.

Sur le trottoir le long des grilles, une foule grouillante se pressait entre une double rangée de marchands de beignets et de jus de canne. L'air tiède propageait des relents de friture.

Plus loin, à l'entrée de la cour, des gens faisaient la queue devant des écrivains publics accroupis derrière de vieilles machines à écrire hautes comme les gradins d'un stade. Dans la cour, des gens se faisaient ouvrir des noix de coco, d'autres buvaient du thé ou des bouteilles de soda. Il y avait même des mendiants jusque sur les marches des salles d'audience. Ce qui frappait surtout, c'était le va-et-vient constant. Des gens entraient, sortaient, discutaient. Des accusés passaient, enchaînés à des policiers. Des hommes de loi, en vestes noires très ajustées et pantalons rayés, parlaient entre eux ou avec les familles.

Gupta et ses camarades entrèrent dans un premier vestibule qui sentait le moisi. Sur des bancs, des femmes donnaient le sein à leur bébé. Des gens étaient en train de manger, d'autres dormaient à même le sol, enveloppés dans un morceau de toile de coton.

Quelqu'un dit à Gupta qu'il devait aller chercher un avocat. Au bout d'un long couloir obscur, il y en avait une salle pleine. Ils étaient assis derrière de petites tables sous des ventilateurs qui faisaient voleter leurs papiers. Gupta choisit un monsieur d'un certain âge qui inspirait confiance. Il portait une chemise et une cravate sous sa veste noire aussi luisante que la surface d'une mare sous la lune. Le défenseur entraîna son client et son escorte vers un escalier qui empestait l'urine. Dans un coin de chaque palier, des juges dictaient leurs attendus à des greffiers qui les tapaient consciencieusement avec un doigt sur leur machine.

La petite troupe arriva enfin dans une grande salle. Une photographie jaunie de Gandhi décorait l'un des murs. Tout le fond de la pièce était tapissé de malles métalliques plus ou moins rouillées, fermées avec des ficelles et scellées par une ribambelle de cachets de cire rouge. Elles contenaient les pièces à conviction accumulées au cours d'années de procès : couteaux, pistolets, armes diverses et objets volés. Au milieu, des bancs étaient alignés devant une estrade. Sur cette estrade, il y avait deux tables et une cage reliée à un tunnel grillagé qui traversait toute la salle. « J'avais déjà vu un tunnel semblable une fois dans un cirque, racontera Hasari Pal. C'est par là que les tigres et les panthères étaient conduits sur la piste. » Ici, il servait à amener les malfaiteurs inculpés devant le juge. Atul Gupta n'avait pas à l'utiliser puisqu'il se présentait en prévenu libre devant le tribunal.

La salle fut bientôt pleine de tireurs de rickshaw qui attendaient l'arrivée de la Cour en buvant du thé et en fumant des bidi. Gupta était assis en face de l'estrade, sur un banc du premier rang, à côté de son avocat. Deux hommes mal rasés et en dhoti plutôt sales firent leur apparition. Ils s'avancèrent d'un air ennuyé, avec des dossiers bourrés de papiers sous le bras. C'étaient les greffiers. L'un d'eux tapa dans les mains pour demander que l'on mette en marche les deux ventilateurs du plafond. Les appareils étaient si vétustés que leurs pales mirent un temps fou à démarrer. On aurait dit deux vautours qui n'arrivaient pas à s'envoler après avoir dévoré une charogne. Une porte s'ouvrit au fond de la salle et le juge fit son entrée. Très maigre, l'air triste derrière ses lunettes rondes, il portait la toge noire bordée de fourrure des magistrats. Tout le monde se leva, même Gupta qui eut bien du mal à se mettre debout. Le juge s'assit dans le fauteuil le plus haut au centre de l'estrade, derrière une table où quantité de dossiers et de gros volumes du code pénal dissimulaient à moitié son visage. A peine venait-il d'ouvrir le dossier de l'affaire à juger qu'un pigeon se posa sur l'un des documents pour y faire ses besoins. Un greffier monta sur l'estrade essuyer la fiente avec le pan de son dhoti. Plusieurs familles de pigeons avaient fait leur nid sur les malles au fond de la salle.

A la suite du juge était entré un deuxième personnage en robe noire. Il louchait tellement qu'on ne savait pas s'il regardait à droite ou à gauche. C'était le P.P. — on prononçait « pipi

» —, le Public Prosecutor, c'est-à-dire le procureur. Au pied de l'estrade à gauche, se tenaient un officier de police et un autre avocat représentant la partie civile. « C'était comme si l'on se préparait à jouer une scène du Râmâyana », dira Hasari. L'un des greffiers commença à lire l'acte accusant Atul Gupta d'avoir frappé le policier de Harrington Street. Le juge avait retiré ses lunettes, fermé les yeux et s'était enfoncé dans son fauteuil. On ne voyait plus que son crâne luisant. Quand le greffier eut terminé sa lecture, on entendit la voix du juge demander à l'avocat de la défense ce qu'il avait à dire.

Hasari vit alors la main bandée d'Atul Gupta se poser sur l'épaule de son avocat pour l'empêcher de se lever. Le tireur de rickshaw voulait se défendre lui-même. Il raconta les sévices subis au commissariat avec tant de détails poignants que toute l'assistance en fut chavirée. De nombreux tireurs dans la salle étaient émus aux larmes. Les plus âgés pleuraient carrément. L'avocat de la police et le P.P. prirent à leur tour la parole. Mais tout ce qu'ils pouvaient dire ne changerait plus rien. Derrière ses livres et ses papiers, le juge lui-même avait les yeux brillants de larmes. Le bel Atul Gupta fut déclaré non coupable et acquitté. Le jugement ordonnait en outre que son rickshaw lui soit immédiatement restitué. L'audience n'avait pas duré dix minutes. « Le plus long a été nos applaudissements, racontera Hasari. Nous étions fiers et heureux pour notre copain. »

La nouvelle de l'acquittement de Gupta se répandit comme un feu de savane parmi tous les tireurs de la ville. Le Balafré et Golam Rassoul, le pilier du syndicat des rickshaws, suggérèrent d'organiser sur-le-champ une manifestation devant le Writers' Building, siège du gouvernement du Bengale, pour protester contre les abus et les violences de la police.

Rassoul alerta les chefs du syndicat des telagarhi-walla, les tireurs de chars à bras. Ils sautèrent sur l'occasion. Rickshaw-walla et telagarhi-walla étaient les souffre-douleur des policiers de Calcutta. Le cortège démarra de Park Circus au début de l'après-midi. Les responsables des partis de gauche avaient fourni tant de banderoles, de bannières et de drapeaux rouges qu'on aurait dit un champ de coquelicots en mouvement. En tête, assis sur un rickshaw décoré de fleurs et d'oriflammes rouges, avançait le héros du jour, tiré par des collègues qui se relayaient tous les cinq cents mètres entre les brancards. C'était la carriole numéro 1999 qui avait l'honneur de le transporter, le rickshaw entre les brancards duquel son ami et admirateur Hasari Pal avait sué, souffert et espéré depuis quatre ans.

Tout le long du parcours, des centaines de tireurs de chars à bras se joignirent au cortège.

La circulation fut immobilisée et la paralysie générale s'étendit bientôt jusqu'aux faubourgs. Les habitants regardaient passer les manifestants sans étonnement cette fois.

Jamais un cortège n'avait défilé avec autant de drapeaux et de banderoles. Les communistes avaient envoyé en renfort des équipes avec des haut-parleurs. Les responsables du syndicat criaient des slogans que les tireurs scandaient à pleins poumons.

Il fallut plus de deux heures pour atteindre Dalhousie Square. La police avait bloqué les accès du bâtiment du gouvernement avec un mur de cars et de camions, et des centaines d'hommes en uniforme kaki armés de fusils. La longue façade de brique rouge hérissée de statues était protégée par un cordon de policiers en armes. La colonne dut stopper au barrage. Un officier de police à casquette s'avança vers les manifestants et demanda s'ils désiraient communiquer un message au secrétariat du Chief Minister. Atul Gupta répondit qu'il exigeait d'être reçu, avec les autres leaders syndicalistes, par le Chief Minister en personne. L'officier dit qu'il allait transmettre la requête. Les militants profitèrent de cette attente pour vociférer des discours enflammés contre la police, et crier des slogans révolutionnaires.

L'officier revint au bout d'un moment annoncer que le Chief Minister acceptait de recevoir une délégation de quatre tireurs de rickshaw. Golam Rassoul, Atul Gupta et deux autres membres du syndicat furent autorisés à franchir le barrage. Lorsqu'ils réapparurent une demi-heure plus tard, ils arboraient un air satisfait, en particulier Gupta. Il déclara dans un haut-parleur que le Chief Minister et le chef de la Police avaient donné l'assurance que les brutalités policières ne se reproduiraient plus. Un tonnerre d'applaudissements et de hourras salua cette information. Gupta ajouta qu'il avait personnellement reçu la promesse solennelle que les policiers qui l'avaient maltraité seraient punis. Il y eut une nouvelle salve d'acclamations. Gupta, Rassoul et les deux autres délégués furent alors enguirlandés de fleurs. « Nous sentions tous que quelque chose d'important pour nous venait de se produire, dira Hasari. Nous pouvions nous séparer heureux et tranquilles. Demain, commenceraient des jours meilleurs. »

Le cortège se dispersa sans incidents. Rickshaw-walla et telagarhi-walla rentrèrent chez eux. Gupta remonta dans le rickshaw d'Hasari. Avec quelques camarades, ils allèrent dans un bistrot de la rue Ganguli arroser leur victoire de quelques bouteilles de bangla. Ce fut à l'instant où ils sortaient de l'estaminet qu'Hasari entendit un bruit mat, comme si un pneu de bicyclette avait éclaté. Gupta poussa un cri et sa tête s'affaissa sur sa poitrine. Puis il s'effondra contre les brancards. Hasari vit qu'il avait un trou dans la tête, juste au-dessus de l'oreille. Du sang en coulait. Gupta essaya de dire quelque chose. Ses yeux sont alors devenus tout blancs.

« Nos ennemis s'étaient vengés. Ils nous avaient pris notre héros. »

La cité de la joie
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