Des bisons à Londres.

 

Ayant quitté l'appartement de Prue, DeDe et Mary Ann emmenèrent les enfants prendre le petit déjeuner au Marna's, aux Gramercy Towers. Un repas chaud et les rires des enfants firent un bien fou à Mary Ann dont le moral était au plus bas.

- L'épreuve, songeait-elle, était enfin terminée.

- C'est un sujet fantastique, dit-elle. Même sans... sans lui.

DeDe essuya une trace de confiture sur le menton d'Edgar.

- Je ferai tout ce que je peux pour t'aider. Donne-nous quelques jours, OK ?

- OK.

- Tu veux toujours faire ça pendant ton émission ?

- Je ne sais plus trop, bafouilla Mary Ann. Est-ce que ça t'ennuierait d'amener les enfants, au fait ?

DeDe hésita, puis elle sourit :

- Bien sûr que non. Pas après tout ce que tu as fait. Elle se tourna vers les jumeaux.

- Alors, les petits... Vous voulez passer à la télé avec Mary Ann ?

Les enfants prirent un air enthousiaste.

- Voilà la réponse ! s'exclama DeDe.

- Génial ! conclut Mary Ann.

Edgar tira sa mère par la manche.

- Est-ce que papa y sera aussi ? demanda-t-il.

Après un silence lourd de sens, DeDe répondit :

- Papa ?

- Oui, renchérit Anna. Il viendra ?

Le regard de DeDe alla de l'un à l'autre, puis :

- Vous voulez dire M. Starr ? précisa-t-elle tranquillement.

Les deux enfants hochèrent la tête, les yeux plus grands que jamais. Mary Ann se tourna elle aussi vers DeDe, attendant sa réponse.

- Mais, mes chéris, inventa DeDe, M. Starr est reparti à Londres ! Nous ne le verrons pas pendant un certain temps.

- Pourquoi ? interrogea Anna.

- Eh bien... Parce que c'est là qu'il habite. Il était en vacances, quand vous l'avez rencontré sur le bateau. Sa maison se trouve à Londres.

- Sa maison, elle est super ! déclara Anna.

- Pardon, ma chérie ? fit DeDe en fixant l'enfant.

- Même qu'il a des étureuils, affirma-t-elle.

- Des écureuils, corrigea Edgar.

Anna tira la langue à son frère.

- Et puis des bisons ! ajouta-t-elle d'un air de défi.

- Et puis un grand moulin ! continua Edgar.

- C'est au Japon, révéla Anna. Dans son jardin, il a un pont qui monte tout en haut du ciel et...

- Je vois, intervint DeDe en jetant un regard consterné à Mary Ann. On ne saura jamais ce que ce salaud leur a raconté.

Elle se retourna vers les enfants.

- Alors, les affreux, on rentre à la maison ?

- Où ça ? demanda Edgar.

"Bonne question", songea Mary Ann.

- Chez Magnie, répondit leur mère.

Les enfants acquiescèrent.

Elles se quittèrent dans le parking près de L'Étoile. DeDe attendait sa Mercedes et Mary Ann sa R5 Le Car.

- Tu as été un ange, lança DeDe.

On aurait dit une vieille mondaine. Mais Mary Ann la remercia d'un petit sourire :

- Ravie de t'avoir aidée !

La Mercedes arriva. DeDe tint la portière pendant que les enfants grimpaient à quatre pattes sur le siège avant. Elle se glissa au volant et Mary Ann se pencha par sa vitre ouverte.

- Alors, tu ne vas pas me le dire, hein ? accusa-t-elle.

- Quoi ?

- Tu sais bien : si c'est le vrai qu'Emma a tué ?

DeDe secoua la tête.

- Ce n'était pas le vrai ? se récria Mary Ann.

- Si ce n'est pas le vrai, je ne veux pas que tu en souffres. Tu en as déjà assez fait comme ça.

- Et si c'est le vrai ?

- Je ne veux pas que tu sois tentée.

- Tentée ? Tentée par quoi ?

- Tu sais bien : par le scoop !

- DeDe... Je suis ton amie. Je ne trahirais jamais ta confiance...

- Je sais. Et tu ne te le pardonnerais jamais non plus. Comment pourrais-tu ? Tu es journaliste...

- Ah bon ?

DeDe lui prit une main et l'embrassa.

- Oui, l'assura-t-elle.

- Merci, dit Mary Ann.

- De rien, répliqua DeDe.

 

Il était presque midi lorsque Mary Ann monta péniblement l'escalier qui menait au 28 Barbary Lane. Alors qu'elle glissait sa clé dans la serrure, elle reconnut le bruit caractéristique des pas de Mme Madrigal derrière elle.

- Ma chère enfant... C'est toi ? appela sa voix.

- C'est moi, confirma Mary Ann.

La logeuse avait les yeux rouges.

- Mon Dieu ! dit Mary Ann. Est-ce que quelque chose... ?

- Je suis désolée, commença Mme Madrigal. J'ai quelque chose de très désagréable à t'annoncer.

 

 

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