Mais il lui fallait faire vite en espérant que Durkas n'oserait pas aller fouiller les villas de ses voisins ou que lesdits voisins l'enverraient promener.
Blade continua de courir sans ralentir ni se retourner pendant cinq bonnes minutes en s'efforçant d'ignorer la douleur fulgurante de sa cuisse. A chaque carrefour il s'engageait dans une autre rue et s'éloignait ainsi en zigzag de la maison de Durkas par un chemin détourné, impossible, espérait-il, à retracer.
Finalement la douleur insistante lui rappela qu'il ne pourrait pas continuer à courir sans s'occuper de sa blessure. Il sauta dans un fossé et regarda entre les hautes herbes. Aussi loin qu'il pouvait voir dans les deux directions la rue était déserte, au clair de lune. Mais il devenait moins lumineux. Blade leva les yeux et vit une énorme masse de nuages noirs avançant de l'ouest, cachant lentement les étoiles. Et il y avait dans l'air une odeur de pluie. Parfait. Dans une demi-heure il ferait totalement noir et la pluie tomberait à seaux. Une armée d'hommes et de chiens aurait alors bien du mal à trouver sa trace.
Il examina le mur de l'autre côté du fossé. Celui-là avait bien quatre mètres de haut et il n'y avait pas d'arbres commodes à côté ni de vignes grimpantes. Il regarda plus loin. Au-delà d'une grille de fer forgé, deux jeunes arbres solides étaient plantés contre le mur et le dépassaient. Blade rampa dans le fossé envahi d'orties et de mauvaises herbes. Le fond était plein de vase et d'eau nauséabonde. Quand Blade atteignit le portail il était trempé jusqu'aux os et couvert de boue, en sueur, traînant la jambe et d'une humeur massacrante.